Ça me perturbe...

[Shield]

Pour la question des trans, je ne suis pas du tout du tout spécialisée là dedans, mais y a une remarque que je me suis faite depuis un moment sur le genre et qui peut peut-être expliquer en partie le désir de changer de genre sans recourir aux injonctions de la société; et pour redéfinir ce qu'on appelle les "clichés" de manière un peu plus positive et un peu moins essentialiste.

A mes yeux, y a au moins deux façons d'appréhender le genre. Soit on le voit comme une norme à laquelle il faut se conformer pour mieux jouer son rôle (assigné) dans la société (et on le fait souvent inconsciemment), soit on le voit comme un symbole, un réseau d'idées et de représentations associé aux termes "féminin" ou "masculin" (le yin et le yang un peu ). J'ai tendance à voir ce premier coté du genre comme un carcan, quelque chose d'étouffant; et ce deuxième coté comme quelque chose d'assez poétique finalement, de plus libre. Disons que si on me dit "tu es une femme, tu dois donc être féminine", ça va me répugner et m'angoisser parce que je n'ai pas envie de jouer un rôle. Si je sépare "femme" et "féminin" (ce qui ontologiquement paraît peut-être aberrant, mais finalement qu'est-ce qui nous en empêche?) et que je ne vois dans "féminin" qu'un réseau de qualités et d'images associées, idem pour "masculin"; j'aurais tendance à me représenter des images, des couleurs, des textures, etc., et à vouloir piocher un peu dans les deux pour comprendre qui je suis ou pour donner une texture intuitive aux autres (comme je pourrais chercher à le faire avec d'autres outils qui permettent d'analyser son identité en englobant et distinguant différentes facettes, comme les polarisations théorie/pragmatique, introversion/extraversion, individualisme/solidarité, etc.). Et je comprends qu'on puisse se sentir plus proche des représentations féminines que masculines (et inversement) selon sa personnalité et son expérience, tout simplement. Après, comme cette injonction ("femme, sois féminine") existe, évidemment, ça floute la distinction entre libre définition de soi (libre-association - entière ou partielle - à une notion qui serait à la base neutre et asexuée en dépit du nom) et conformité à un modèle prédéfini.

 

[Jack-le-black]

@Shield C'est marrant car j'ai eu cette réflexion sur cette représentation "yin-yang" du masculin-féminin récemment . Je perçois, comme tu le décris, les deux plus comme des "énergies" et des réseaux, entre lesquels on peut finalement naviguer. Je suis une femme, hétérosexuelle la plupart du temps, et pourtant j'adopte assez souvent des postures et des comportement dits "masculins" tout simplement parce que ça correspond à comment je me sens. Je voudrais éviter les clichés ,mais si dans "masculin" on peut mettre (pour reprendre ton idée d'images, de couleurs) la couleur rouge, la "force brute" , un côté un peu "rough" alors je me sens souvent masculine. Tout comme je peux un jour me sentir du côté de la délicatesse, de la couleur bleue.....en bref , je pense aussi qu'on peut envisager le genre de cette manière. D'ailleurs , mon expérience dans certains pays orientaux (comme la Thaïlande) m'a souvent montré, beaucoup plus qu'ici, des trans et des garçons très féminins (l'inverse m'a semblé plus rare) qui étaient totalement acceptés et considéré comme normaux. (C'est aussi culturel, car un Thai m'a expliqué que pour eux les "LadyBoy" sont des portes-bonheur, carrément). Peut-être est ce lié à leur philosophie qui inclue justement le yin et le yang et les énergies (corporelles,terrestres...)

(H-S: c'est mon premier message sur le forum depuis que mon autre compte a été perdu )

 

[Kaeloolagrenouille]

En parlant de garde d'enfants, je me demande pas s'il y a aussi une question de classe sociale qui joue dedans, je m'explique, je suis nounou pour une famille aisée (pas citer). Le jour de mon entretien et donc de mon premier essai, on m'a proposé après 20 minutes de conversation que je sorte avec le bébé à l'exterieur. Et très rapidement on m'a chargé des baby-sittings le soir, voir même la garde du bébé en solo quand les parents sont en déplacement. Je trouve ahurissant qu'on m'aille fait si rapidement confiance.

Et quand ils partent en vacances, ils n'hésitent pas à confier leur enfant aux structures qui leur sont proposé dans les hôtels où ils vont.

Je pense que même si c'est une famille moderne, et que les parents quand ils sont là et sont libres, ils passent beaucoup de temps avec leur bébé - en général le weekend si la maman est en déplacement, c'est le papa qui s'occupe intégralement du bébé, qu'il reste pour eux normal de confier leur progéniture à des étrangers, tout comme le faisaient les familles aisée aristocrates (ou encore bourgeoises) les siècles derniers.

Et clairement ça me perturbe, oui premièrement ils ont les moyens, deuxièmement ils ont des vies chargées, mais il y a vraiment cette idée qu'un enfant ne doit pas modifier la vie de ses parents qui est ancré chez eux, ils ne vont pas se priver de vivre à cause de lui. Pendant les weekends, ils sortent avec le bébé, l'amène au restaurant etc, sans vraiment suivre sa routine. Mais je vois que finalement ça a plutôt des avantages, ce bébé est déjà très sociable, il s'adapte rapidement aux situations inconnues, et est de manière générale très facile à vivre - je pense que ce sont des traits qu'il va garder pour plus tard.

Ne pas citer ce post, merci.

 

[Furya]

@Sword c'est drôle je fais ça aussi. J'essaie d'imaginer mes collègues quand ils parlent de moi, ma boite étant une vraie usine à potins. Je sais qu'on dit que je suis fermée et qu'au départ ils se demandaient qui m'avait pistonnée pour le poste.
C'est pareil pour mes ami(e)s, ma famille, mon copain...enfin pour toutes les personnes susceptibles de parler de moi en fait. Je me demande aussi ce qu'ils pourraient dire de bien.
Ca me perturbe beaucoup, j'aimerais être invisible parfois pour savoir

 

[Furya]

@Sword clairement ma famille me dit ce qu'elle a à me dire, c'est pareil pour mes amis et mon copain. (enfin j'ose espérer, et oui ils ne s’embêteraient pas avec moi s'ils ne pouvaient pas me supporter) mais en plus des critiques, je me demande toujours comment les gens parlent de moi à d'autres personnes ou entre elles.
C'est très bête, mais je sais pas j'aimerais savoir, comment ma mère parle de moi à ses collègues ou comment mon copain parle de moi à sa meilleure amie que je ne connais pas par exemple. Finalement, je me demande comment je suis perçue par les gens qui ne me connaissent pas.

 

[Lenehän]

@Pomegranate Pareil, sauf que moi ça m'angoisse vraiment. Souvent je n'y pense pas, jusqu'à ce que, par exemple, une amie me dise par hasard "Eh, on parlait de toi avec Bidule l'autre jour". Je me rend compte que, quand je ne suis pas là, on parle de moi (en bien ou en mal) et ça me fait sombrer dans des abîmes de perplexité

J'ai un peu de mal à assimiler l'idée que "j'existe" en fait je crois, enfin que j'existe pour les autres, qu'ils me perçoivent de la manière dont je perçois moi les gens qui ne sont pas moi.

 

[olaflor]

Je suis en plein dans les démarches de visa pour mon stage. Il me manque plus que mon contrat et une lettre de ma boîte. C'est le 3e mail que je leur envoie en 10jours et pas de réponse. La je flippe ma race et me fais des films du style "et s'ils ont changé d'avis sans me prévenir? J'ai déjà mes billets je fais comment? est-ce que j'aurai le droit de leur faire un procès?"
Surtout que je dois passer à l'ambassade la semaine pro pour avoir le visa à temps. Là je doute.

 

[Canapé]

@Lenehän J'ai exactement le même sentiment, je suis rassurée de lire ça Et quand quelqu'un me dit "justement, on parlait de toi avec truc", je réponds "Mais Pourquoi vous parlez de moi ? Vous vous ennuyez à ce point quand vous êtes ensemble ? Qui fait ça ?! ", alors que... Tout le monde fait ça, quoi

 

[Poppya]

Je viens de trouver une super ressemblance entre Ben Mazué et Eddie Redmayne ça me perturbe ce genre de chose, quand il y a tant de similitudes entre 2 personnes (expressions faciales, longueur du nez, épaisseur des lèvres, morphologie générale du visage ...)
Bon cet exemple n'est peut-être pas le meilleur mais je le mets parce que je viens d'en avoir la révélation

Spoiler: preuve en images 1

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Spoiler: Preuve en images 2

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[Bear]

Pour vous répondre sur la garde d'enfant et bien ce n'est pas facile de laisser son enfant, même pour une soirée.
Il y a des parents qui n'y arrivent pas et puis il faut trouver une personne de confiance.
En ce qui me concerne, on la fait parfois garder par un membre de notre famille en qui nous avons une confiance aveugle. Malgré ça, j'ai toujours une réticence incompréhensible, comme s'il était inconcevable que je rate son réveil ou que je n'entende pas son rire dans la journée.
Bref, c'est pas forcement très logique mais des fois on a du mal à lâcher nos enfants même si on rêve de vacances solo.

 

[Furya]

@Lenehän ça me fait ça aussi. C'est drôle parce que parfois je me dis j'existe quand j'en ai la preuve, genre je suis avec quelqu'un, on parle, très bien mais si je pars, la personne n'a plus de raison de parler/penser à moi donc en fait j'existe plus (sauf que si bien sur)

J'aime bien savoir qu'on parle de moi (en bien de préférence) parce que j'aime bien savoir qu'on pense à moi mais en même temps ça me stresse de savoir ce que l'on peut dire sur moi. Et ça me perturbe, surtout en y repensant là tout de suite !

Sinon en ce moment, ce qui me perturbe se sont les jupes. C'est bien les jupes, j'ose en mettre maintenant, mais quand mon copain ou mes ami(e)s me disent que je suis jolie, j'ai du mal à comprendre, pourquoi je suis plus jolie en jupe qu'en jean (slim ou skinny qui moulent mes jambes comme mes collants) ? C'est quoi cet effet jupe ? Ca me perturbe grandement ! (je suis perturbée par des choses hautement importantes !)

 

[Lenehän]

@Canapé @Pomegranate Exactement ! Cette impression que lorsque que l'on est plus avec les gens on existe plus pour eux, c'est fou quand on y pense !
J'ai une amie qui consulte assez frénétiquement sa page fb, et j'avoue que je le fait aussi réguliérement, en mettant le profil en "extérieur" pour voir ce que les gens voient de nous. Bref, ça fait peur, c'est pas tout à fait sain Mais en tout cas en parlant on se rendait compte qu'on faisait ça pour se convaincre en quelque sorte qu'on avait une existence pour les autres, dans des moments où on avait l"impression de "disparaître" de ne plus avoir de regard posé sur nous (ah, la question du regard ...) et donc de ne plus exister, et je trouve (sans faire de sociologie de comptoir) que fb c'est pas mal dans cette logique là, donner une dimension matérielle à cette existence extérieure qui nous semble si impossible à saisir.