Marshmallow;2699023 a dit :J'ai vécu une expérience difficile il y a 3 ans, je ne parle pas de viol car je ne peux pas me dire que ça en était un.
Parce que j'étais (très) ivre justement, que le mec me plaisait (le frère d'une copine). Parce qu'il m'a demandée si je voulais "passer un moment" avec lui et que j'ai été stupide de comprendre "on va discuter et peut-être qu'on s'embrassera".
Parce que quand il a baissé mon pantalon sans prévenir, sans même un baiser, je me suis dit que j'allais perdre ma virginité et qu'il était temps à 18 ans (il le savait très bien).
Parce que c'était très douloureux, que j'avais les larmes aux yeux et que je me suis contentée de dire tout bas "pas là, pas comme ça"au bout de quelques minutes (pas dehors contre une benne à ordure).
Parce que, ce que je ne me pardonne pas c'est de m'être sentie bête et de m'être dit "il faut que tu fasses quelque chose sinon il va dire à tout le monde que tu as été nulle". Alors j'ai mis ma bouche sur son pénis. Juste ça, je en savait pas quoi faire d'autre ! Quand j'y repense c'était comme une acceptation, une soumission et ça me dégoute.
A ce moment là il a vu des amis de sa copine et il a remonté mon pantalon.
Et puis il m'a demandée "j't'ai pas fait trop mal" et j'ai répondu "ça va".
DÉCIDÉMENT que des grands romantiques!!!
Pour commencer sache que la définition d'un viol c'est l'introduction d'un corps étranger dans ton corps sans ton consentement donc il y a bien eu viol.
Ensuite t'as eu les larmes aux yeux et tu as eu mal (je pense qu'il a du aussi forcer un peu!) quel autre signe de non consentement ??? (ça m'énerve ça les mecs qui calculent même pas qu'une nana a MAL bordel, ça prouve bien qu'ils en ont rien à foutre et qu'ils ont à peu près autant d'attention pour nous que s'ils pénétraient un gratin dauphinois).
Les campagnes contre le viol disent "non c'est non" mais c'est pas juste ça. Il n'y a pas besoin de faire un communiqué de presse pour faire comprendre qu'on n'est pas consentante.
EN PLUS il te demande s'il ne t'as pas fait mal ce connard?! genre l'assassin qui te plante un couteau dans le bide et qui te demande s'il l'a pas mis trop profond quoi! Donc lui aussi est conscient qu'il a dépassé la limite du consentement.
Pour finir, toutes les victimes se sentent honteuses et bêtes après un viol. Beaucoup de viols sont commis sans armes, sans violence. Et on se demande souvent pour certaines "mais pourquoi n'a t elle pas seulement mordu le sexe du type". Le viol ça n'est pas qu'une violence physique, la victime est mise dans un état de domination totale : c'est la sidération. C'est ce qui explique qu'il n'y a parfois jamais de traces et que la victime ne comprend pas elle même ce qu'il s'est passé. Si on ne comprend pas la sidération on ne peut pas comprendre le viol. Et c'est une des sources des incompréhensions.
Moi je te crois à fond, je t'encourage à porter plainte (mais vu le système, n'y vas pas seule, vas -y avec qqun qui ne lâchera pas l'affaire), et aussi j'ai l'impression que tu minimise ta situation. Fais une thérapie parce que tu es VRAIMENT une victime, même si ton expérience ne suit pas le schéma "classique" du viol, celui qu'on imagine tous mais qui est faux, mais tu l'as vécu exactement de la même façon, je sens bien dans tes paroles que tu te sens salie et honteuse. Donc ne minimise pas et fais toi prendre en charge comme une véritable victime que tu es.
lolol'abricot, c'est vrai que ta vie est assez incroyable (comme si la foudre frappait plusieurs fois au même endroit). Mais tu vois bien que même quand l'histoire est "crédible" (entendre par là qu'elle correspond aux schémas qu'on a tous en tête et qui sont souvent faux) on est quand même remise en question ("vous êtes sure? vous êtes VRAIMENT SURE que vous ne l'avez pas allumé?" "non? bon d'accord, on passe à l'EXAMEN PSY alors!" ...LOL).
Je t'encourage aussi à porter plainte, c'est sur que tu vas devoir faire face à plein de préjugés et que ta parole va être remise en doute, mais VISIBLEMENT, si on attend que le viol colle à l'image que tout le monde voudrait avoir (un grand black qui t'agresse la nuit dans une ruelle abandonnée) alors personne ne portera plainte (c'est d'ailleurs ce qui se passe).
J'ai une copine qui fait une thèse sur la victimisation des femmes, elle reçoit des étudiantes et leur fait passer des questionnaires et leur pose des questions pour savoir si elles on eu de "mauvaises expériences". Elle n'est qu'au début mais elle me raconte que c'est EFFARANT le nombre de filles qui ont eu des expériences qui rentrent tout à fait dans la définition du viol mais qui minimisent ("oui mais j'ai pas vraiment dit non, oui mais c'était mon copain, oui mais je l'avais embrassé, etc").
En gros, elles remplissent toutes les conditions pour dire que leur expérience était un viol, mais quand on leur pose la question explicitement, elles répondent que non et minimisent.
Le pire c'est que les hommes aussi, rapportent des évènements où ils savent qu'ils ont été à la limite, mais ne considèrent pas ça comme un viol.
Il y a un GROS GROS problème dans notre société, qui commence seulement à être révélé.
Si on attend de s'être "bien fait violer comme il faut" selon les règles pour porter plaintes alors on ne s'en sortira jamais.