NE PAS CITER.
T'es parti. Et je n’ai rien dit. Je n’ai rien fait. Je n’ai pas bougé. J’ai ravalé mes larmes, j’ai ressorti ma fierté, et je ne t’ai pas jeté un seul regard. J’ai fixé le pare-brise de ta putain de voiture, sans rien dire. Ca me rend malade quand j’y repense. Et ça ne fait que quelques jours. Je ne sais même pas combien exactement. Le temps me paraît interminable sans toi, sans nous et tout ce qu’on avait. J’ai l’impression de me retrouver toute nue dans un blizzard, j’ai froid, j’ai faim de toi. J’ai mal au cœur. Tu l’as déchiré en plusieurs morceaux, avec application. Tu n’as même pas essayé de me rattraper. Dans tous les films romantiques que j’adore, même si je n'ai fait que t'affirmer le contraire pendant toutes ces années ensemble, le garçon rattrape toujours la fille, après lui avoir brisé le cœur. Ca ne se répare que comme ça, les cœurs. Et pas avec des « tu verras, avec le temps, tu iras mieux ». J’oubliais que tu es un expert des ruptures. Si tu pouvais avoir la moindre idée de combien je te hais d’avoir osé me dire ça. Je suis sûre que toi-même, tu trouvais ça ridicule. Pourtant, tu l’as dit, en me fixant, même pas en tapotant d’un air gêné sur ton volant. Tu avais les mains immobiles, et tu me regardais. Je ne t’ai regardé qu’une fois, en montant dans la voiture. Et j’ai su tout de suite de quoi tu voulais qu’on « parle ». On a parlé de rien du tout, je n’ai pas voulu t’en laisser l’occasion. Parce que ç’aurait été un torrent de larmes, de colère, de tristesse, de désespoir, de haine que tu aurais été incapable de contrôler. Puisque ta décision était prise. On se séparait, alors tu n’allais certainement pas venir me consoler. Pourtant, c’est ce que tous les princes font, dans les films. Quand ils aiment vraiment quelqu’un. Quant ils n’ont pas envie de le laisser partir. Je suis une égoïste. Je ne voulais pas que tu me laisses partir pour que je puisse "aller mieux". J'emmerde ton sacrifice, je n'en voulais pas, et encore moins de ton hypothétique soutien à distance. Je suis égoïste alors je te voulais pour moi, et tout entier. Sans question ou interrogation supplémentaires. Ni une énième thérapie à la con pour régler "mes problèmes". Et maintenant, j’ai juste envie que tu ailles te faire foutre, avec ta sollicitude à deux balles, et toutes les connasses que tu croises et que t’emballes en deux secondes parce que t'es beau et que t'as de la tchatche. J’ai vraiment aimé croire que j’étais différente. Que pour toi, enfin, j’étais Quelqu’un. Pas simplement une fille jolie, une fille rigolote ou même une bonnasse, simplement le Quelqu’un que t’attendait. Le Quelqu’un que t’espérais plus. Je l’ai cru. Mais maintenant, t’es parti. Alors dis-moi, sans toi, je deviens quoi ?