Hier ça faisait deux mois. Deux longs mois qui me paraissent deux années. Je ne t'ai pas parlé depuis longtemps, parce que j'ai intégré le fait que tu n'étais plus là, plus du tout, plus jamais. Que tu ne serai plus jamais là. Que tu ne reviendras pas par magie. Et mes élans spirituels des débuts se sont atténués. Je n'ai plus l'impression que tu nous regardes, que tu nous entends. J'ai juste l'impression d'un vide immense que rien ne parvient à combler.
Mais parfois, je te vois. Quand je vais fumer tard, très tard. Qu'il est 4h du matin, que la ville dort et que le ciel est noir. On ne voit rien dans le ciel, sauf une seule étoile. Et elle brille très fort. Comme tu as brillé dans nos vies.
La vie continue. The show must go on. Mais pour moi, pour tous ceux qui t'ont aimé, tout est en suspens. On est dans l'attente d'un souffle de vie, de bonheur, de n'importe quoi qui redonnerait du sens à nos vies. Et ça n'arrive pas.
Hier ça faisait deux mois, mais je me suis interdit de pleurer, parce que c'était aussi l'anniversaire de mon frère. Et on doit célébrer les vivants plus qu'on ne rend hommage à ceux qu'on a perdus. J'ai pensé à toi, très fort. Mais je ne pouvais me résoudre à faire passer l'anniversaire de mon frère au second plan.
Même si je me doute que tu ne peux pas lire tout ça, que tu ne peux pas entendre mes pensées, ça me fait du bien. Personne ne sait ce qu'il y a après la mort. De mon avis, rien du tout. Tu es devenu des cendres dans des urnes (oui, tu remplis deux urnes, à ras bord, une question de densité osseuse d'après l'employé du crématorium, je sais que ça t'aurait fait rire). Mais j'aime à penser que tu danses, et que tu ris, et que tu as retrouvé ton papa.
Tu nous manques tellement, c'est comme un couteau qui déchire nos coeurs à chaque seconde. Ca ne s'arrête jamais.
J'ai hâte de te retrouver.