@Dragonfena
Personnellement, je ne crois pas à l'existence du
désintéressement. En d'autres termes, je ne pense pas qu'une action - altruiste ou non d'ailleurs - puisse être dépourvue de tout intéret personnel pour celui qui la réalise.
On parle de désintéressement dès lors que l'intérêt personnel n'est pas apparent ou évident (récompense, rétribution financière, honneurs ou compliments reçus, etc.). Toutefois, selon moi, on fait ce qu'on ne peut pas ne pas faire et il n'y a pas de mérite à cela. Je pense qu'entre une personne dite désintéressée et une personne qui n'est pas considérée comme telle, il y a une différence de degré mais pas une différence de nature. Simplement, la première personne
se sent des devoirs qui ne sont pas ceux de la seconde. Il y a une éducation différente, des principes différents, une génétique différente mais, quelle que soit la raison, il y a un intérêt à se conformer à ce qui nous caractérise. En réalité ce n'est même pas un intérêt, c'est juste ainsi parce que ça ne peut pas être autrement. Qualifier quelqu'un de désintéressé, c'est ignorer son idiosyncrasie et lui attribuer un mérite fictif : on n'a pas de mérite à être ce que l'on est et à faire ce qui est inhérent à notre identité.
Pour autant, je trouve logique et même pragmatique que notre société défende l'idée que le désintéressement existe. Ça permet de valoriser artificiellement ce qu'on appelle l'altruisme ou la générosité de manière à infléchir le comportement intrinsèque des individus. On promeut des modèles pour propager mécaniquement un sens du devoir et un altruisme au plus grand nombre, parce que c'est notre intérêt commun de pouvoir compter sur d'autres que soi. Je ne crois pas au désintéressement mais je crois à l'utilité de croire et de faire croire qu'il existe.