@Gwen ap Fiàmh
Le 14 juillet, condamnerez-vous les violences et les dégradations des sans-culottes? Ou bien les fêterez-vous?
Le 14 juillet commémore la
Fête de la Fédération, et non la prise de Bastille. La fête nationale ne célèbre donc pas la violence mais l'unité nationale. Je rappelle que Louis XVI – alors encore roi de France – était d'ailleurs présent à la Fête de la Fédération et y a prêté serment.
@Perseperse
Petit apparté général (sans rapport direct avec tes messages) sur le lynchage et sur pourquoi ce terme est inapproprié et inacceptable pour parler de ce qui a été dit sur Macron et n’importe quelle personnalité attaquée médiatiquement ou critiquée de manière peu chevaleresque : il s’agit en fait d’un mode d’assassinat précédé d’une chasse achevée par la suspension, le trempage dans le goudron bouillant, l’emplumage, la castration, le viol puis le meurtre au bûcher des Noirs par les blancs aux USA. C’est un crime de haine qui a une histoire précise et qui était justifié à l’époque par la déshumanisation et la déchéance ultime de ses victimes et qui a eu énormément de succès lors des lois de Jim Crow.
1) Selon le
Dictionnaire de l'Académie française, la définition du verbe
lyncher est : "Mettre à mort sans jugement." ou, par extension, en parlant d’une foule, d’un groupe : "Malmener, brutaliser une personne qu’on a prise à partie."
Rien dans cette définition ne justifie que ce terme soit réservé à des faits commis sur une population particulière. Les autres définitions qu'on peut trouver
ici ou
là ne limitent pas non plus l'usage du verbe
lyncher à une population satisfaisant à quelque critère phénotypique que ce soit. Il en est par ailleurs de même de la définition du verbe anglais
to lynch dont est issu le verbe
lyncher.
Par conséquent, si une personne est mise à mort sans jugement ou est prise à partie, malmenée et brutalisée par une foule, on a le droit de dire de cette personne qu'elle est victime d'un
lynchage, quelle que soit sa couleur de peau. On peut également parler d'appel au lynchage lorsqu'un individu incite une foule ou un groupe à lyncher quelqu'un. Décréter que l'usage de ce terme est interdit n'efface pas la réalité – même si j'ai bien conscience que cette bataille sémantique a justement pour but de nier le réel en le privant de toute dénomination.
2) Si tu considères qu'un terme ne doit être utilisé que dans son sens
historique ou
originel alors il faut aller jusqu'au bout de la logique. Charles Lynch – dont le nom est probablement à l'origine du verbe
lyncher même si cette origine a été contestée et revendiquée par le colonel William Lynch – était président d'un tribunal constitué pour punir les loyalistes pendant la guerre d'indépendance, c'est-à-dire ceux des américains qui restaient fidèles au Royaume-Uni. Ce n'est que bien plus tard que ce terme sera utilisé pour désigner les intimidations et violences commises contre les afro-américains...mais aussi contre les Républicains. L'expression "
Lynch's Law" existait déjà pendant la guerre d'indépendance.
En suivant ton raisonnement, on ne devrait parler de lynchage que pour désigner les violences subies par les Américains qui, aujourd'hui encore, font allégeance à la Couronne britannique.
Il est urgent que tous les gens qui utilisent ce mot à tort et à travers ouvrent un livre pour compenser le vide de notre éducation civique et historique sur ces questions.
Il est surtout urgent de cesser d'imposer une définition purement idéologique et indûment restrictive d'un terme pour minimiser la réalité qu'il recouvre voire la nier. En revanche, je ne peux qu'approuver l'urgence de compenser le vide de l'éducation civique et historique.