Ah, la bisexualité ! Qu’est-ce que j’ai pas vécu à cause/grâce à ça !
Tout comme toi ou presque, je suis une jeunette de 21 ans, bisexuelle depuis…Depuis toujours, en fait. Je n’ai pas attendu d’avoir 17 ans pour m’en rendre compte, ça m’est venu biiien plus tôt que ça !
Je devais avoir 6/7 ans quand, déjà, je me disais que certaines de mes amies étaient très jolies et que j’aurai bien voulu sortir avec elles. Comme on sort ensemble quand on est gamins, évidemment. Puis un peu plus tard, j’ai entendu parler de l’homosexualité et, aussi con que ce soit…J’avais grave peur d’être lesbienne. Tout mon entourage était hétérosexuel, et il était hors de question que je trouve encore un moyen stupide d’être différente de tout le monde. Alors, hétérosexuelle it is, j’étais et je serai, que je pensais bêtement.
Mais en grandissant, l’idée était toujours là : « Je suis peut-être lesbienne, mais j’aime aussi les mecs, bon sang ! On fait quoi dans ce genre de situations, hein ? On passe de l’un à l’autre, comme ça, comme on change de chemises ? Un jour je suis hétérosexuelle, un jour je suis lesbienne ou pire ! Le matin hétéro, l’aprem’ homo ? » Bon, je me posais pas souvent la question, mais quand j’y pensais, ça me foutait un peu les glandes.
C’est vers 14 ans que j’ai découvert que la bisexualité existait. Enfin, découvert, non. Que j’ai « compris ! » que ça existait. J’en entendais souvent parler, mais je ne m’étais jamais identifiée à ce terme. Et puis, un jour où on délirait avec une bande d’amis, ceux-ci en sont venus à confier qu’ils n’étaient pas vraiment bi’, que c’était juste pour déconner. Quand c’est tombé sur moi, que tous les regards se sont tournés vers moi pour entendre le « Moi aussi je déconne », ça m’est apparu comme une évidence. « Nan mais moi en fait, je suis vraiment bisexuelle, les potes ». Et même si les yeux se sont un peu écarquillés…Il n’y a eu aucune, absolument aucune mauvaise réaction. Ça a été des sourires, des tapes dans le dos et la conversation a continué sur sa lancée.
J’ai conscience que la bisexualité peut être mal vue, comme l’homosexualité. Et avoir cette forme de soutient de la part de mes amis m’a poussée à toujours, absolument toujours assumer ma bisexualité. Je ne m’en suis jamais cachée, et je n’ai jamais eu d’ennuis à ce propos. Ma famille s’en moque comme de l’an quarante, je n’ai perdu aucun ami et je suis même parvenue quelques fois à ouvrir les yeux d’anciens homophobes. « L’homosexualité, c’est une maladie. » « Ah ouais ? Et moi, j’suis à moitié malade, alors, ou en voie de guérison ? ». Ca les faisait sourire, mais surtout réfléchir.
J’associe souvent ma bisexualité à l’homosexualité car, soyons d’accord : ça y touche un peu/beaucoup, surtout quand mon cœur chavire pour une autre demoiselle.
Enfin, voilà voilà, c’était mon petit témoignage perso n’à moi aussi. Tout ça pour dire que la bisexualité, c’est comme toute autre forme d’amour : c’est bien, c’est beau, c’est aussi parfois foutrement relou.
Ah et tant que j'y suis : un jour, des sexologues étaient venues dans ma classe de 3ème pour nous expliquer deux ou trois trucs qu'on savait déjà tous. On pouvait aussi leur poser des questions anonymes, et j'en avais donc naturellement posée une sur la bisexualité.
Ces deux mégères pas jouasses ont dit que c'était avoir le cul entre deux chaises.
Etant dans une classe que je qualifiais moi-même d'immature, j'en ai eu le souffle coupé, et j'ai surtout eu très peur des réactions de mes camarades. Quelle belle claque je me suis reçue, ce jour-là, quand en choeur, ils ont dit que les sexologues racontaient des conneries.
Ca m'a fait chaud au coeur, de constater que ma sexualité, aussi peu commune était-elle à l'époque, ait été si bien acceptée par l'ensemble de ma classe, et même par le corps professoral !
Comme quoi, tout espoir en l'humanité n'est pas perdu
(Han et pis, tant que j'y suis : champagne ! C'est mon premier message sur le forum.)