C'est très, très, très du « Not All Cops ».
Oui, parmi les manifestants, il y a des casseurs, des black blocks, mais il n'y a pas d'unité du manifestant, il n'y a pas de directeur des manifestants, il n'y a pas de consignes du manifestants ni de formation du manifestants. Il y a des gens, certains qui viennent de façon pacifique, d'autres dans l'intention de casser des trucs. Et on ne peut pas reprocher à l'ensemble des manifestants les actes d'un manifestants.
Par contre, oui, on peut reprocher à l'ensemble du corps des forces de l'ordre, hiérarchie incluse, les actes d'un seul, parce que lorsqu'il ou elle porte l'uniforme, alors il ou elle représente l'État français. D'ailleurs, ça a été dit (
https://www.bfmtv.com/mediaplayer/v...er-devant-la-commission-des-lois-1122375.html), que s'attaquer à un policier, c'est s'attaquer à la République. Mais quand un policier s'attaque à un citoyen, là, c'est juste une brebis gâleuse : je ne suis pas d'accord.
Quand je dis que c'est du Not All Men, c'est comme ces mecs qui, eux, sont effectivement gentils, ne font de mal à personne, etc. mais qui ne font rien quand leurs potes « draguent lourdement » la nana un peu pompette. Pris tout ensemble, c'est un système de domination dont les premiers profitent grâce aux actions des seconds. En bref, ils sont complices.
Et bah là, pareil.
Parce qu'en attendant, on a toujours pas de nouvelles des flics qui ont tué Adama, qui ont violé Théo, sans oublier Zineb Redouane, et tous les autres dont je n'ai pas le nom.
Quand on dit « ACAB », c'est comme quand on dit « Men are trash », on dénonce une culture dominante, violente voire meurtrière. Vous pouvez, individuellement, vous satisfaire peut-être de pas être aussi pourri que les autres, tant mieux pour vous, mais pour ceux et celles qui manifestent la peur au ventre, pour ceux et celles qui n'osent plus sortir de chez eux le samedi, vous n'existez pas, parce qu'il y a plus de chance de se prendre un coup de tonfa, de se faire pousser lors d'une charge, de prendre un LBD dans l'œil que de vous voir choper vos collègues pour les empêcher de nous casser la gueule.
Il y a des flics qui ont pris les devants, qui se relaient en arrêt maladie pour ne pas participer à cette débauche de violence, qui refusent de suivre les ordres.
Et rappel que le « ils ne font que suivre les ordres » ne fonctionnent pas.
https://www.cap-concours.fr/adminis...ssiers/le-cas-des-ordres-illegaux-dosadm11003
Lorsqu'un ordre donné à un agent public a pour effet de commettre une infraction, l'agent se retrouve in fine seul juge de ses actes dont il doit personnellement rendre compte. Il ne peut pas se dégager de sa responsabilité devant les conséquences des actes exécutés en objectant qu'il avait « seulement » obéi aux ordres.
Donc à un moment, vous avez un cerveau, vous avez un cœur, vous portez vos couilles ou vos ovaires, et vous dénoncez vos petits camarades, vous vous mettez en arrêt maladie, vous changez de vocation, vous allez élever des chèvres dans le Larzac, vous fermez les yeux quand des gens viennent en manif avec du sérum phi et de quoi se protéger, n'importe quoi, mais faites quelque chose. Si c'est vraiment Jean-Mimi qui est le connard raciste qui fait le con en manif, ça ne devrait pas être très compliqué de l'isoler et de le mettre à l'écart non ? Ou alors c'est que c'est Jean-Mi, Jean-Luc, Jean-Chrichri, Jean-Bidule, bref, toute la compagnie. Et auquel cas, on nous fait pas le coup de « oui, faut pas généraliser, y en a des biens » : peut-être , mais pas suffisamment pour que ça ait une quelconque importance.
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Cela étant dit, je ne cautionne évidemment pas ce genre de slogan. Je ne cautionne pas non plus les attaques et les agressions. Je ne dis pas qu'ils l'ont bien mérité. Je suis d'accord pour dire que les CRS et les FDO de manière générale sont en burn-out complet, et qu'il serait temps de leur donner du repos. Dans le contexte actuel, c'est compliqué, mais dans ce cas, la faute en incombe au gouvernement qui n'écoute pas les besoins d'une population qui n'en peut plus, et qui attise les foudres et les foules avec des petits mots assassins, qui radicalise les manifestants.