Commentaires sur « Un homme handicapé en position de violeur ? Ça semble inconcevable, et pourtant… »

[megann31]

Après j'ai l'impression que c'est un truc de société.
En gros la société accorde une certaine liberté de manœuvre en terme de "séduction" aux hommes victimes de discrimination et utilise les femmes comme une sorte de tribut.
"On ne va pas rajouter à leur condition de la misère sexuelle quand même"...
C'est sa manière de s'excuser, comme la société est incapable de vraiment accorder une égalité de traitement à certaines personnes (les handicapés, les pauvres, les racisés, même les vieux dans une certaine mesure ) on leur donne le droit d'emmerder les femmes et d'utiliser leur situation de victimes de discrimination par la société comme excuse; ces personnes à qui on continue d'envoyer des aides soignantes femmes alors qu'on sait très bien qu'ils sont dangereux parce qu' "ils y ont droit".
Cette conviction qu'ont certains hommes que les "femmes leur doivent bien ça",
"oh non le pauvre déjà qu'il est handicapé, tu vas pas en plus le rejeter".
Sans parler des viols qui sont l'apogée de cette idéologie, rien que la pression qu'on met sur les femmes victimes de ces hommes-là à se taire, leur demander de ne pas mettre en lumière qu'ils peuvent se servir de cette position de discriminés pour abuser d'elles, même dans certains milieux féministes, parce que sur l'échelle des discriminations vécues être une femme est en bas par rapport à eux.
Même pour les personnes âgées, un vieux qui tripote l'aide soignante aux fesses, "ah bah ça va il a raison d'en profiter", "il est inoffensif il peut plus rien faire sexuellement" on rigole et on se fout du traumatisme de l'agression vécue par sa victime.
Les femmes sont utilisées comme des compensations pour une paix sociale, c'est pour ça qu'ils se sentent tous puissants, ils savent qu'ils ne risquent rien.

 

[LovelyLexy]

@megann31 je voudrais BU plusieurs fois tant ce que tu écris est juste. Et j'ajouterais que les personnes concernées savent en jouer, consciemment ou inconsciemment: quand tu repousses un harceleur de ces catégories, ils n'hésitent pas à te traiter de raciste, de validiste... Pour te culpabiliser ou t'infliger une honte auprès des gens autour.
Cette histoire me rappelle que, y'a quelques années, un homme en fauteuil visiblement lourdement handicapé a profité que j'étais sur un escalator pour me regarder sous la jupe en se plaçant en bas et en m'interpellant pour me le faire savoir, puis m'a rejointe ( via l'ascenseur) pour me faire des propositions salaces. Quand je me suis énervée, il s'est mis à gémir des variations sur le thème de son handicap; on aurait cru que je l'engueulais alors qu'il serait venu me demander l'heure, ou que je serais venue carrément lui adresser la parole pour ça.

 

[Membre supprimé 350151]

Je suis d'accord avec d'autres madz, les gens en jouent et ne le réalisent peut-être pas. De mon côté, j'ai déjà été suivie et fixé lourdement par quelqu'un dans un fauteuil roulant que je croise régulièrement à mon supermarché. Et c'est très malaisant à cause de cette fine limite.. L'effet n'est pas le même que si c'était un homme valide, parce qu'il y a cet aspect de "pitié" que je peux ressentir et cette question de savoir s'il n'est pas juste "maladroit" ou s'il a conscience du malaise qu'il peut me donner.

Je pense aussi qu'il y a un effet de société, on plaint les gens qui ne sont visiblement pas valides et il faut se montrer gentils envers eux. Consciemment ou non, je pense que certains en profitent. Un handicap n'a aucun lien avec les intentions d'une personne.

 

[Mowette]

Pas tout à fait la même situation je le reconnais, mais ça me rappelle un mec que j'ai connu en master qui profitait clairement de son autisme pour dire des choses répugnantes. Il hésitait pas à poser des questions/faire des remarques très sexuelles et sexistes aux filles et quand tu le reprenais il disait "oh pardon, je voulais pas dire ça, je savais pas que ça se disait pas". Bizarrement, j'ai jamais entendu des femmes autistes demander de but en blanc à une actrice si, quand elle vivait à Los Angeles, elle avait "joué dans des pornos".
Ces hommes-là acceptent leur propre discrimination car ils savent qu'une société inégalitaire leur permet de discriminer en retour les femmes. Plutôt être au milieu de la hiérarchie qu'enlever tout concept de hiérarchie.

 

[Clematis]

@Mowette
Je l’ai déjà dit sur le forum, mais je crois pas sous cet article. J’ai jamais vu un milieu aussi peu safe et sexiste que les groupes d’autistes « mixtes ». C’était la foire aux propos sexistes, déshumanisants, agressif vis à vis des femmes. Limite repère d’incels.
Je ne côtoie plus que les groupes d’autistes en non mixité. Beaucoup trop flippant. Y’avait d’ailleurs extrêmement peu de femmes ou d’autres minorités de genre dans ces environnement, je pense qu’iels ont tou•te•s fait comme moi: pris leurs jambes à leur coup.

 

[LovelyLexy]

Sur le dernier point ( les cismecs autistes) j'ai eu une expérience par le passé:

Spoiler: TW: viol, insultes

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[Tulipes59]

Il est à noter que pas une personne handicapée ne soit là pour donner son point de vue, ce qui nous donne au final un bon vieux procès à charge in absentia.

Procès à charge, car personne pour contextualiser, donner des précisions qui ont leur importance. Par exemple, confondre frustration sexuelle et agression sexuelle.

Si si, croyez-moi, cette précision est capitale car, à l'instar de celle des séniors (d'ailleurs curieusement évoquée), la sexualité des personnes handicapées en France est un sujet tabou, contrairement à plusieurs de nos voisins où tout a été remis à plat, et ce en toute transparence. Si cette question était vraiment abordée, biens des situations (et d'autres encore plus dramatiques, comme les brouteurs et autres) seraient, sinon évitées, du moins limitées.

Par ailleurs, et ça rejoint le précédent paragraphe, c'est la gêne ressentie qui ressort dans tous les témoignages; ça indique très bien le problème du handicap. Visiblement, tout serait plus simple si tout le monde était valide.

Enfin, personne ne fait le distingo, pourtant capital, entre personne handicapée d'une part, et personne handicapée et isolée d'autre part.

Avant d'aller plus loin, je crois que les participantes ici seraient inspirées de lire, sinon les 2, du moins la première publication suivante:

"maladie ou handicap et isolement relationnel: la double peine"

https://www.fondationdefrance.org/images/pdf/credoc-2018-solitudes-handicac-maladie-5-decembre-2018.pdf

"Expériences du handicap et de la sexualité" Par Jennifer Fournier, maître de conférences à lyon Lumière.

Expériences du handicap et de la sexualité - Université Lumière Lyon 2

www.univ-lyon2.fr

"beaucoup de gens ont du mal à comprendre par quel moyen on peut imposer une pénétration lorsque qu'on est handicapé, imo c'est donc sous cet angle que doit être traitée la question pour faire avancer les mentalités."

Mauvaise question, puisque des gens comme un certain ancien ministre de l'écologie ou un ancien présentateur vedette n'ont pas eu recours à la force brute. La bonne question est : quel est le mécanisme de l'emprise liée à un pouvoir ?

En vous souhaitant une bonne lecture ...

 

[LovelyLexy]

@Tulipes59 euh, le mec en fauteuil qui a regardé sous ma jupe quand j'étais sur l'escalator en commentant puis m'a rejointe pour venir me proposer du sexe cinq minutes après, il aurait été valide j'aurais eu le même malaise et j'aurais réagi pareil. Par contre les gens ont pris son parti car selon eux c'était impossible qu'une personne handicapée soit un agresseur.

 

[AngèleLN]

@Tulipes59 Ce n'est pas le problème de la personne agressée si l'agresseur est "frustré" sexuellement (que je déteste ce mot...). Personne ne doit du sexe à personne même si la personne est handicapée. Nous ne sommes pas des morceaux de viande à disposition de n'importe quel homme sous prétexte qu'il a des "besoins". Le sexe ce n'est pas vital pour rappel...

 

[BravoCharlie]

@Tulipes59 je ne suis pas sûre que l'on puisse affirmer que chaque intervenant.e ici est valide, si ? Et autant je comprends bien la nécessité de visibiliser l'isolement dont peuvent souffrir certaines (beaucoup) de personnes non valides du fait du validisme de notre société, je ne vois pas en quoi cela viendrait minorer le sentiment et la caractérisation d'une agression ? Peu importe de qui elle émane, pour la victime, c'est violent de devoir minorer son expérience pour mieux comprendre les mécanismes à l'œuvre pour l'agresseur, non?

 

[Membre supprimé 332225]

Il est à noter que pas une personne handicapée ne soit là pour donner son point de vue, ce qui nous donne au final un bon vieux procès à charge in absentia.

Procès à charge, car personne pour contextualiser, donner des précisions qui ont leur importance. Par exemple, confondre frustration sexuelle et agression sexuelle.

Si si, croyez-moi, cette précision est capitale car, à l'instar de celle des séniors (d'ailleurs curieusement évoquée), la sexualité des personnes handicapées en France est un sujet tabou, contrairement à plusieurs de nos voisins où tout a été remis à plat, et ce en toute transparence. Si cette question était vraiment abordée, biens des situations (et d'autres encore plus dramatiques, comme les brouteurs et autres) seraient, sinon évitées, du moins limitées.

Par ailleurs, et ça rejoint le précédent paragraphe, c'est la gêne ressentie qui ressort dans tous les témoignages; ça indique très bien le problème du handicap. Visiblement, tout serait plus simple si tout le monde était valide.

Enfin, personne ne fait le distingo, pourtant capital, entre personne handicapée d'une part, et personne handicapée et isolée d'autre part.

Avant d'aller plus loin, je crois que les participantes ici seraient inspirées de lire, sinon les 2, du moins la première publication suivante:

"maladie ou handicap et isolement relationnel: la double peine"

https://www.fondationdefrance.org/images/pdf/credoc-2018-solitudes-handicac-maladie-5-decembre-2018.pdf

"Expériences du handicap et de la sexualité" Par Jennifer Fournier, maître de conférences à lyon Lumière.

Expériences du handicap et de la sexualité - Université Lumière Lyon 2

www.univ-lyon2.fr

"beaucoup de gens ont du mal à comprendre par quel moyen on peut imposer une pénétration lorsque qu'on est handicapé, imo c'est donc sous cet angle que doit être traitée la question pour faire avancer les mentalités."

Mauvaise question, puisque des gens comme un certain ancien ministre de l'écologie ou un ancien présentateur vedette n'ont pas eu recours à la force brute. La bonne question est : quel est le mécanisme de l'emprise liée à un pouvoir ?

En vous souhaitant une bonne lecture ...

As-tu bien lu les témoignages précédents ?

L'isolement relationnel n'est pas du tout le sujet ici.
Et la frustration sexuelle des hommes cis handi leur donne-t-elle des droits particuliers ? Je ne crois pas, non.

Enfin, que proposes-tu, du coup ?

J'anticipe un peu ta réponse, je vais poser une question : comment cela se fait-il que lorsque l'on parle d'assistance sexuelle, on parle en réalité d'assistanTEs sexuelles POUR les hommes cis handi ? Il y a beaucoup de femmes cis handi qui réclament de l'assistance sexuelle de la part d'hommes TDS ? Si oui, elles sont écoutées ou tout simplement invisibilisées par une prétendue cause qui ne s'adresse pas à elles ?

Sandrine Rousseau a dit une phrase sur le Travail du Sexe que je trouve intéressante : à partir du moment où on a plus de 90% de clients pour moins de 10% de clientes, ça sert un patriarcat.
Ça semble être le cas ici concernant l'assistance sexuelle.

Comme le dit très justement l'article, il n'y a pas de droit au sexe.

 

[Membre supprimé 332225]

Je trouve que c'est un sophisme cet argument contre la légalisation du TDS.
Il y a des tas de services qui sont consommés surtout par des hommes et d'autres surtout par des femmes ; ça ne justifie pas de les interdire.

Et puis là tu n'évoques les femmes que sous l'angle des (très rares) clientes du TDS, mais nous les féministes pro légalisation du TDS si on défend la légalisation, c'est pas pour le bien d'hypothétiques clientes femmes et encore moins pour les clients hommes ; c'est pour les travailleuses, des vraies personnes qui ont de vrais problèmes, et qu'une légalisation sortirait de la précarité et résoudrait une partie de leurs problèmes (pouvoir louer un logement, avoir une sécu, pouvoir porter plainte si elles se font agresser, etc).

Tu parles de "services" consommés par des hommes en majorité.
Oui mais voilà : la sexualité n'est pas un service.
C'est ce que moi, en tant que feministe abo, je défends.
Ce n'est pas un bon message envoyé à la sexualité féminine en général.