Sinon j'ai toujours trouvé ce nom qu'ils se donnent de "survivants" très cynique quand on sait bien qu'interdire l'IVG ça provoque des morts. Et il y a forcément certains-es dans ce groupe qui n'existeraient pas si le droit à l'IVG n'avait pas été établi...
Alors le concept est même pire que ça, iels se nomment les "survivants" parce que tu vois y a "1 enfant sur 5" qui serait avorté en France (où l'on compte en effet une moyenne de 800k naissances/an pour 200k IVG, sauf que la majorité des IVG se faisant durant les premières semaines de grossesses rien ne dit qu'elle n'aurait pas fini en fausse couche, fin bref)
Et du coup ces salopards estiment être atteint du syndrome du survivant et "souffrent" de l'absence de leurs adelphes avorté·es. Ils se sont donc réapproprié un diag psy à leur propre compte, car oui le syndrome du survivant existe mais concerne plutôt des personnes qui par exemple ont survécu à un accident de voiture mortel quand toutes les autres personnes de l'habitacle sont décédées ou des personnes ayant survécu à des massacres (guerre, attentat etc). Donc Jean-Eudes qui souffre parce que j'ai avorté en 2013 et que c'est son petit frère ou sa petite soeur qui est pas né·e à cause de moi qui pense que c'est tout à fait pareil que ce que vit Marie-Roxane qui se trouvait au Bataclan c'est juste dégueulasse.
Y avait eu une grosse bataille sur Wikipédia il y a quelques années parce que ces connards essayaient de modifier
cette page, le noter sur wiki ça permettait de "légitimer" leur connerie et y avait eu une grosse veille avec des modifs dans tous les sens jusqu'à ce que ce soit bloqué par la modo.
Ah tiens j'aime toujours rappeler ces faits mais la légalisation de l'IVG en France c'est moins une affaire de féminisme que de santé publique, le nombre de recours à l'IVG reste relativement constant qu'il soit légal ou non, la grosse différence c'est que lorsqu'il est fait de manière clandestine il y a de gros risques qu'il entraine la stérilité voire la mort (des personnes qui vont volontairement s'empoisonner pour mettre fin à la grossesse ou qui utilisent des aiguilles à tricoter pas toujours stérilisées pour aller grattouiller le fond de l'utérus, on a donc un risque d'infection ++ voire de perforation de l'utérus). Une personne qui meurt à 20 ans d'une IVG clando c'est une personne qui ne travaillera pas pour la France, et même en cas de stérilité vous avez pensez au renouvellement de la population ? Qui va payer nos retraites ?
Je mets d'ailleurs un gros point d'alerte là-dessus, en ce moment l'extrême-droite revient régulièrement sur le fait que la démographie décroit et qu'on fait pas assez d'enfants blablablou. C'est très TRÈS mauvais et c'est un discours qui n'a l'air de rien pour l'instant mais qui va très bientôt se changer en "il faut interdire l'IVG pour empêcher le vieillissement de la population" alors que bon, si on a pas assez d'actif·ves d'ici 20 piges on pourra toujours ouvrir les frontières (notamment aux réfugié·es climatiques) hein
Par contre médiatiquement, c’est le discours pro avortement +++ qui est prôné, sans limite et quelque soit les conditions. Et je pense que c’est le « sans limite » qui irrite le plus, sans être à l’opposé du spectre.
Qu'est-ce que tu entends par "sans limite" ? Parce qu'en fait ça fait un moment que je milite pour la suppression totale du délai de recours à l'IVG (qui est possible jusqu'à 16 SA en France aujourd'hui, genre on gagne 2 semaines tous les 20 piges) et ça me semble un discours ultra-minoritaire et excessivement mal vu pour l'instant.
Après je veux bien entendre qu'en France (particulièrement) on a une idée bien précise de qui "doit" faire des enfants et qui "ne doit surtout pas" en faire. Les grossesses adolescentes ou après 40 ans sont souvent très mal vues, alors qu'à partir de 25-30 ans il y a au contraire une forte incitation à avoir des enfants - le nombre est important, un seul ça ne suffit pas, au delà de trois c'est nécessairement pour les allocs et c'est évidemment très mal. C'est aussi à corréler avec d'autres types d'oppressions, au moment où les militantes féministes blanches se battaient pour avoir accès à la contraception et à l'IVG dans les années 60-70, les personnes racisées subissaient des
avortements et des stérilisations forcées dans les DOM-TOM, de même que des personnes handicapées.