@Cococinulle , @Nastja et les autres Madz qui se posaient la question de savoir si toute infraction à caractère raciste commise dans un lieu privé était punissable : en fait, qu'il s'agisse de l'injure raciste, de la provocation à la haine ou de la diffamation à caractère raciste, il me semble que ce sont des contraventions lorsqu'elles ne sont pas commises dans un lieu public.Donc oui ce sont des infractions mais au régime particulier. Ainsi il n'y a pas de peine d'emprisonnement prévue mais en revanche en plus de l'amende il peut y avoir d'autres peines complémentaires.
Cependant et là où les choses se compliquent un peu c'est que le Code pénal ne parle pas d'injures "privées" mais d'injures "non publiques". Autrement dit, ce qui n 'est pas public ce n'est pas forcément l'intimité d'une conversation entre deux personnes : l'échange à caractère raciste d'une personne chez elle avec son ami pour reprendre un exemple exprimé ci-dessus, ne paraît pas en lui même punissable au nom justement de la confidentialité et du respect de la vie privée. Il doit s'agir d'une communication à caractère non confidentiel et le propos échangé en tête à tête y échappe...mais cette communication doit tout de même rester "limitée", sinon il s'agirait d'une infraction publique....donc ça devient un peu complexe, cela s'apprécie de façon négative : n'est pas une injure publique une injure qui n'est pas prononcée sur un lieu public ou exprimée à destination d'un large public. Pour prendre un exemple, un message exprimé ou diffusé à un large public = injure public ; mais un message qui serait diffusé dans un circuit court à un nombre restreint d'adhérents à une association par exemple, ce n'est pas une injure public . La jurisprudence prend en compte la notion de "communauté d'intérêts" = si les réceptionnaires du message sont liées entre elles par un lien (membres d'un syndic, adhérents à une association...) l'injure n'est pas publique. Si les réceptionnaires sont pas liés entre eux par un lien (la file d'attente du supermarché, une foule dans la rue..) l'injure peut être publique.
Bref pour résumer, oui les injures non publiques sont punissables et des infractions, mais non cela ne concerne pas l'échange en tête à tête dans un lieu strictement privé. Après il y a plein de nuances et j'ai conscience que c'est pas évident du tout !!
A part ça je trouve l'article super intéressant. Mettre un mot sur cette pratique permet d'y réfléchir et de poser les symptômes et les causes de ce phénomène qui peut parfois selon moi générer du positif mais qui créée également bcp de dégâts. Je crois que c'est à rattacher également au phénomène du "name and shame" qui se développe énormément et met met aussi très mal à l'aise. Evidemment, en tant que juriste, je suis il est vrai très attachée au système judiciaire et trouve qu'une personne mise en cause judiciairement sera aujourd'hui mieux protégée que si elle est affichée sur internet, ce qui peut donner lieu à des lynchages collectifs d'une grande violence. Pour autant tout n'est pas juridique et légal dans la vie, tout ne donne pas lieu à une réponse pénale et pour autant certains éléments, même s'ils ne peuvent pas faire l'objet d'une poursuite pénale, peuvent choquer moralement ou être répréhensible. Bref je sépare parfois la morale et le droit. Alors, que faire pour ça? C'est un peu là qu'interférent nos ordres de valeurs, notre morale (comme disait Léo Ferré, "le problème avec la morale, c'est que c'est toujours celle des autres)...J'ai pris la décision pour ma part de faire attention à ce que je dis et avec qui, de tenter de me créer un système de pensées et de valeurs que j'imagine çà peu près cohérent même si tout ne peut pas toujours fonctionner droit...
Par exemple j'ai vu énormément de films de Woody Allen. Je n'irai jamais interdire à personne d'en regarder ou interdire la diffusion de ses films. Pour autant, les affaires récentes le concernant me mettent mal à l'aise et je m'aperçois que je ne prends plus autant de plaisir à regarder ses films qu'avant. Et même, quand je revois les vieux films de WOody Allen, notamment ceux où un homme sort avec une femme plus jeune, je n'aime pas la vision de la femme qui s'en dégage (ravissante petite idiot,e légèrement hystérique ; et l'homme va l'éduquer, lui dire quoi lire, à quelles conférences de philo s'inscrire...). De même il y a des films de Woody Allen que j'aime énormément mais dès que Woody Allen apparaît à l'écran j'ai envie de le baffer...Alors si une femme face à moi commence à me dire qu'elle ne regarde pas Woody Allen et qu'elle déteste pour ces raisons, je ne vais pas tenter de la convaincre, je respecte justement son choix.
En revanche, les choses sont plus délicates pour les films de Polanski, car je les ai quasiment tous vus et je suis une grande fan. Ca devient en effet très difficile de continuer à le justifier et par respect des victimes et pudeur je n'ai pas voulu participer au forum de discussion sur Polanski et le féminisme. Qui suis-je pour dire à d'autres femmes comment elles devraient percevoir ce cinéaste?
En littérature c'est différent ; je suis contre l'interdiction des pamphlets antisémites de Céline, que je n'ai pourtant jamais lus et ne lirai jamais. Mais j'ai toujours ressenti un profond dégout pour les écrits de Matzneff (j'ai retrouvé des bouquins dans notre bibliothèque lors du déménagement, ce n'étaient pas des livres où ils parlait de pédophilie mais je les ai balancés à la poubelle et jamais lus).
Il y a des cas où je suis en revanche plus combattive, ce sont ceux où des artistes ont pêché en s'exprimant : je reste très attachée à la liberté d'expression. Un jour, Lars Von Trier a complètement dit n'importe quoi et s'est épanché de façon vaseuse et malaisante sur les juifs et Hitler. Mais pour autant je trouverai cela inconcevable que l'on veuille annuler ses films, que l'on veuille retirer la diffusion de ses films. Et je trouverais cela très désagréable qu'à un repas, si je parle d'un film de lui, une personne vienne me dire : "oh tu aimes Lars Von Trier, tu sais que c'est un nazi??? Donc toi aussi tu l'es attention". Ce sont ces formes de raccourcis systématiques qui peuvent parfois m'énerver, cette moralisation à outrance de la sphère artistique, bref des choses qui sont dites dans l'article et que je trouve très bonnes.
Cependant et là où les choses se compliquent un peu c'est que le Code pénal ne parle pas d'injures "privées" mais d'injures "non publiques". Autrement dit, ce qui n 'est pas public ce n'est pas forcément l'intimité d'une conversation entre deux personnes : l'échange à caractère raciste d'une personne chez elle avec son ami pour reprendre un exemple exprimé ci-dessus, ne paraît pas en lui même punissable au nom justement de la confidentialité et du respect de la vie privée. Il doit s'agir d'une communication à caractère non confidentiel et le propos échangé en tête à tête y échappe...mais cette communication doit tout de même rester "limitée", sinon il s'agirait d'une infraction publique....donc ça devient un peu complexe, cela s'apprécie de façon négative : n'est pas une injure publique une injure qui n'est pas prononcée sur un lieu public ou exprimée à destination d'un large public. Pour prendre un exemple, un message exprimé ou diffusé à un large public = injure public ; mais un message qui serait diffusé dans un circuit court à un nombre restreint d'adhérents à une association par exemple, ce n'est pas une injure public . La jurisprudence prend en compte la notion de "communauté d'intérêts" = si les réceptionnaires du message sont liées entre elles par un lien (membres d'un syndic, adhérents à une association...) l'injure n'est pas publique. Si les réceptionnaires sont pas liés entre eux par un lien (la file d'attente du supermarché, une foule dans la rue..) l'injure peut être publique.
Bref pour résumer, oui les injures non publiques sont punissables et des infractions, mais non cela ne concerne pas l'échange en tête à tête dans un lieu strictement privé. Après il y a plein de nuances et j'ai conscience que c'est pas évident du tout !!
A part ça je trouve l'article super intéressant. Mettre un mot sur cette pratique permet d'y réfléchir et de poser les symptômes et les causes de ce phénomène qui peut parfois selon moi générer du positif mais qui créée également bcp de dégâts. Je crois que c'est à rattacher également au phénomène du "name and shame" qui se développe énormément et met met aussi très mal à l'aise. Evidemment, en tant que juriste, je suis il est vrai très attachée au système judiciaire et trouve qu'une personne mise en cause judiciairement sera aujourd'hui mieux protégée que si elle est affichée sur internet, ce qui peut donner lieu à des lynchages collectifs d'une grande violence. Pour autant tout n'est pas juridique et légal dans la vie, tout ne donne pas lieu à une réponse pénale et pour autant certains éléments, même s'ils ne peuvent pas faire l'objet d'une poursuite pénale, peuvent choquer moralement ou être répréhensible. Bref je sépare parfois la morale et le droit. Alors, que faire pour ça? C'est un peu là qu'interférent nos ordres de valeurs, notre morale (comme disait Léo Ferré, "le problème avec la morale, c'est que c'est toujours celle des autres)...J'ai pris la décision pour ma part de faire attention à ce que je dis et avec qui, de tenter de me créer un système de pensées et de valeurs que j'imagine çà peu près cohérent même si tout ne peut pas toujours fonctionner droit...
Par exemple j'ai vu énormément de films de Woody Allen. Je n'irai jamais interdire à personne d'en regarder ou interdire la diffusion de ses films. Pour autant, les affaires récentes le concernant me mettent mal à l'aise et je m'aperçois que je ne prends plus autant de plaisir à regarder ses films qu'avant. Et même, quand je revois les vieux films de WOody Allen, notamment ceux où un homme sort avec une femme plus jeune, je n'aime pas la vision de la femme qui s'en dégage (ravissante petite idiot,e légèrement hystérique ; et l'homme va l'éduquer, lui dire quoi lire, à quelles conférences de philo s'inscrire...). De même il y a des films de Woody Allen que j'aime énormément mais dès que Woody Allen apparaît à l'écran j'ai envie de le baffer...Alors si une femme face à moi commence à me dire qu'elle ne regarde pas Woody Allen et qu'elle déteste pour ces raisons, je ne vais pas tenter de la convaincre, je respecte justement son choix.
En revanche, les choses sont plus délicates pour les films de Polanski, car je les ai quasiment tous vus et je suis une grande fan. Ca devient en effet très difficile de continuer à le justifier et par respect des victimes et pudeur je n'ai pas voulu participer au forum de discussion sur Polanski et le féminisme. Qui suis-je pour dire à d'autres femmes comment elles devraient percevoir ce cinéaste?
En littérature c'est différent ; je suis contre l'interdiction des pamphlets antisémites de Céline, que je n'ai pourtant jamais lus et ne lirai jamais. Mais j'ai toujours ressenti un profond dégout pour les écrits de Matzneff (j'ai retrouvé des bouquins dans notre bibliothèque lors du déménagement, ce n'étaient pas des livres où ils parlait de pédophilie mais je les ai balancés à la poubelle et jamais lus).
Il y a des cas où je suis en revanche plus combattive, ce sont ceux où des artistes ont pêché en s'exprimant : je reste très attachée à la liberté d'expression. Un jour, Lars Von Trier a complètement dit n'importe quoi et s'est épanché de façon vaseuse et malaisante sur les juifs et Hitler. Mais pour autant je trouverai cela inconcevable que l'on veuille annuler ses films, que l'on veuille retirer la diffusion de ses films. Et je trouverais cela très désagréable qu'à un repas, si je parle d'un film de lui, une personne vienne me dire : "oh tu aimes Lars Von Trier, tu sais que c'est un nazi??? Donc toi aussi tu l'es attention". Ce sont ces formes de raccourcis systématiques qui peuvent parfois m'énerver, cette moralisation à outrance de la sphère artistique, bref des choses qui sont dites dans l'article et que je trouve très bonnes.