@wolfa Et encore, même quand ils tombent sous le coup de la loi, ils se posent en victimes.
Le truc aussi auquel il faut faire attention, c'est que parfois, la loi n'est pas forcément du "bon côté".
A l'époque où l'avortement était interdit, on se posait nous aussi en victimes, mais à juste titre.
Donc c'est un argument à double tranchant je trouve, et qui dépend beaucoup de ce qui est considéré (par qui, d'ailleurs, c'est à définir) comme acceptable ou non, et qui s'il est poussé à l'extrême, peut rentrer dans le dogmatisme.
Pour les universités, j'ai un autre exemple, de celles qui acceptent très difficilement que des chercheurs/ses fassent leur thèse sur les minorités victimes de violences dans le couple (même si ça se libère un petit peu). Toutes les chercheuses (et d’autres) par rapport à ce sujet et que j'ai contactées m'ont rapporté qu'elles avaient eu d'énormes difficultés pour faire accepter leur sujet / ont vu leur financement refusé / ont été très fortement incitées à changer de thème. Je me souviens aussi de cet exemple justement d'une chercheuse qui voulait faire sa thèse sur ces minorités dans le cadre du cursus d'études de genres, et qu'on lui a répondu "non car ce sont des minorités". Bravo, belle ouverture d'esprit. Donc on recherche que quand ce sont des sujets qui arrangent et qui vont dans la ligne préétablie? Voilà, pour moi c'est un exemple plutôt parlant, même s'il y a (peu) des universités qui restent ouvertes sur ces sujets (Toulouse apparemment, qui a vu deux thèses sur le sujet).
Le milieu de la recherche (universitaire) peut être très fermé d'esprit; c'est très loin d'être un milieu tolérant, contrairement à ce qu'il cherche à faire croire. J’ai plutôt l’impression que c'est au contraire un milieu où les la politique a un pouvoir grandissant, et où on dit de plus en plus aux chercheurs quoi chercher, au lieu de les laisser libres. C'est d'ailleurs un phénomène qui commence de plus en plus à être critiqué, dans plusieurs domaines.
La censure et le contrôle de la presse, c'est exactement la même chose : empêcher nos adversaires d'exprimer leurs idées.
Un peu comme Asselineau qui est privé de médias pour qu'il ne puisse pas trop parler de Frexit (peu importe qu'on soit pour ou contre, c'est pas le sujet) qui est globalement rejeté en France par les médias et la classe politique comme idée (bah non, on préfère interviewer LePen ou Zemmour qui parlent de rejet de l'autre, c'est forcément plus sain que de débattre sur le Frexit. Allez comprendre la logique).
Sinon, pour la cancel culture en tant que telle, je rejoins beaucoup d’entre vous.
La chose qui me choque, c’est l’interdiction de demi-mesure : c’est tout noir ou tout blanc.
C’est « nous » contre « eux ». Le "hooliganisme" comme le dit Science4all sur Youtube (qui a dédié aussi une série de vidéos sur le débat, et qui sont intéressantes).
L'article parle du féminisme dans ce contexte, et effectivement il y a continuellement des luttes intestines.
Je n'oublie pas non plus quand Madz parle des minorités victimes et que ça va jusqu’à des menaces de brûler leurs locaux. Ca non plus j’oublie pas, de mon côté. Donc pour la remise en question et la bienveillance, on repassera, dans le cas de ces personnes.
Ou comme quand je lis que certaines personnes n’osent pas s’exprimer de peur de se faire basher car elles ne pensent pas comme la majorité. Ce qui est appuyé par les propos de Mymy d’ailleurs quand elle dit qu’ici, effectivement c’est quand-même plus safe qu’ailleurs, globalement, et qu’elle évoque la peur de lire les commentaires (que beaucoup d’entre nous ont ressenti tôt ou tard). C’est vrai, et ça fait du bien (même si ça n’enlève pas complètement la peur de regarder les réponses à ses messages pour peu qu’il s’agisse d’un sujet un peu polémique). Ou la peur de prendre la défense de quelqu’un de peur de devenir la nouvelle cible (comme pour le harcèlement scolaire, pour ne citer qu’un exemple).
La cancel culture, c’est en plein dans la société d’auto-contrôle de Foucault, où on n’a même plus besoin des autorités pour se contrôler et se censurer, on le fait nous-mêmes.
Avec Internet, c’est devenu beaucoup plus facile effectivement de s’auto-contrôler, s’auto-censurer. Et effectivement la conviction d’être « du bon côté » (mais ça, tout le monde a plus ou moins cette conviction, c’est assez normal en fait), mais surtout que pour cette raison, on puisse se donner le droit de pourfendre à tout prix les personnes qui « forcément sont du mauvais côté », c’est ça qui fait vraiment peur, je trouve.
Nous sommes toutes humaines et nous avons parfois à certains moments réagi un peu à chaud sur certains sujets, et peut-être blessé certain.e.s. C’est normal, et nous sommes des êtres humains, nous ne pouvons pas toujours tout maîtriser. Mais s’il y a une démarche de bienveillance derrière, ou au moins des excuses quand ça va un peu trop loin, alors au moins ça compense.
Mais cette cancel culture, c’est effectivement quand il y a une volonté de destruction de son « adversaire ». C’est ça qui fait peur, et c’est à ça qu’on assiste effectivement, en particulier sur les réseaux sociaux où il n’y a aucune modération ou presque, et pire, que ces réseaux sociaux sont faits pour ça justement, pour exacerber toute cette violence…
Quant à la question du débat qui ne règle pas tout, je suis malheureusement assez d'accord. Toutefois, j'estime que dans l'idéal, il faut essayer un maximum d'en passer par là. Mais si les intérêts des deux personnes ne sont pas conciliables, alors oui c'est peine perdue. De plus, chaque personne a ses propres limites au-delà desquelles il est difficile de ne pas s'emporter. C'est normal et humain.
Donc effectivement, tout n'est pas tout noir ou tout blanc. C'est plutôt : chacun.e lutte pour ses intérêts.
Mais c'est mieux si ça se fait le plus possible dans le respect de l'autre. Autant que faire se peut.
Vouloir exterminer l'autre, le "nous contre eux", par contre...