Je rebondis sur deux trois trucs qui ont été dit dans les messages précédents :
@kargole Pour ce qui est du CSA, il est franchement décrié :
il est quand même "composé de membres désignés par le pouvoir politique et donc par les partis majoritaires, et pour (une bonne) partie choisis parmi l’élite journalistique et les chefferies éditoriales".
Par exemple Acrimed,
En finir avec le CSA, vieil article qui explique bien le problème du CSA, ou cet article qui relaie un texte du syndicat des journalistes (sur la "légitimité" du CSA :
Déontologie des journalistes, le CSA n'a aucune légitimité.)
Ton message parle des règles du temps de parole : elles ont été changées y a pas longtemps (2017), justement pour créer un déséquilibre entre les soit-disants "gros candidats" et les "petits" candidats.
Alors bien sûr les articles que je mets en lien là-dessus présente le truc positivement, hein : c'est pour "
moderniser", pour
adapter. Il n'en reste pas moins que le résultat est en faveur de la droite décomplexée et de la droite complexée (le PS, pour reprendre la formule de Todd, que je trouve bonne). L'explication d'Acrimed là-dessus, pour
nuancer la vision de droite de ce changement :
"Concrètement, la stricte égalité du temps de parole et d’antenne ne sera désormais applicable que pendant la « campagne officielle », soit pendant les deux semaines précédant le premier tour. Pendant les trois semaines de la « période intermédiaire » [
3], on aura droit au régime de l’équité, sur la base de deux critères :
- «
la représentativité de chaque candidat, appréciée, en particulier, en fonction des résultats obtenus aux plus récentes élections par les candidats ou les formations politiques qui les soutiennent et en fonction des indications d’enquêtes d’opinion ;
-
la contribution de chaque candidat à l’animation du débat électoral. »"
Le problème (parce qu'il y a un gros problème) : c'est que le décompte par le CSA du temps de parole se fait à partir d'un certain moment dans l'élection (quelques semaines avant).
Et que les médias à la solde des financiers ont fait monter la sauce depuis longtemps pour que les candidats qu'ils veulent voir au deuxième tour aient eu beaucoup de temps de parole avant ce décompte.
Sur le sujet, y a ce très bon documentaire du journaliste Pierre Carle, DSK, Hollande etc (on le trouve en payant
sur le site CP, mais l'université populaire de Bordeaux a mis la vidéo sur youtube) :
Ensuite sur faut-il interdire ou non l'expression de certaines idées ? Franchement, oui. Certaines idées doivent être interdites de presse. Pourquoi ? Parce qu'elles sont contraires à la loi. Aux US, par exemple, c'est un fonctionnement différent, mais en théorie, en France, si un parti néo-nazi tenait un discours raciste, il devrait être interdit et poursuivi pour racisme. D'ailleurs le laxisme de la justice envers certains propos me laisse penser que la loi est pas forcément toujours bien respectée.
Karl Popper en parle, c'est le
paradoxe de la tolérance (on avait déjà eu une discussion sur ça sur le forum) :
"« Moins connu est le paradoxe de la tolérance : la tolérance illimitée doit mener à la disparition de la tolérance. Si nous étendons la tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas disposés à défendre une société tolérante contre l'impact de l'intolérant, alors le tolérant sera détruit, et la tolérance avec lui.
Je ne veux pas dire par là qu’il faille toujours empêcher l’expression de théories intolérantes. Tant qu’il est possible de les contrer par des arguments logiques et de les contenir avec l’aide de l’opinion publique, on aurait tort de les interdire. Mais il faut toujours revendiquer le droit de le faire, même par la force si cela devient nécessaire, car il se peut fort bien que les tenants de ces théories se refusent à toute discussion logique et [...] ne répondent aux arguments que par la violence. Nous devrions donc revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de ne pas tolérer les intolérants. Il faudrait alors considérer que tout mouvement prêchant l'intolérance se place hors la loi et que l’incitation à l’intolérance est criminelle au même titre que l’incitation au meurtre [...]. »"
Karl Popper, « The Paradox of Tolerance »,
The Open Society and Its Enemies : The Spell of Plato, vol. I,
Princeton University Press, 1971
Pour ce qui est d'accepter le point de vue de l'autre sans souci, c'est un privilège, et il faut bien en avoir conscience. Pouvoir dire "ok, on n'est pas d'accord, je respecte" et s'en aller, c'est quand on est soi-même pas vraiment concerné, personnellement.
Je vais donner un exemple, pour que ce soit plus clair : quand tu as un raciste qui dit à une personne racisée ses idées, la personne racisée, elle ne peut pas, humainement, juste dire "ok j'ai compris, on pense pas pareil, je respecte". Parce que certaines idées sont blessantes, dangereuses, et parfois sont, en eux-mêmes, une violence.
Pareil pour une personne qui va dire que les chômeurs sont des assistés, ou qui soutient que les handicapés sont es poids dans une société. C'est intolérable, et du coup c'est impossible de le tolérer. Pour moi c'est pas une question d'humilité ici (
@Arsinoée, il me semble que tu parlais de ça). C'est une question de : est-ce que ce message est dangereux pour moi, en tant que personne de cette société, est-ce qu'il faut le dénoncer ou non ?
Je suis d'accord avec un morceau du message d'
@Arsinoée : c'est plus facile de laisser des genTes non concernés, parfois, parler pour nous. C'est moins fatigant (sur madz en général c'est respectueux, mais sur d'autres forum, parler de féminisme, même un peu, c'est particulier à faire
).
edit : orthographe et suppr de "propagande", j'ai l'impression qu'ici c'est pas exactement ça.