Euh Polanski est pas un type qui a eu des phrases maladroites et pas très déconstruites, il a été accusé et reconnu coupable de viol, soupçonné de plusieurs autres et a fui la justice. Rien à voir avec ce qui est décrit.
C'est plutôt le fait qu'on souhaite lui donner un César qui devrait te mettre mal à l'aise.
Je me permets d'apporter une nuance sur ce point car à dire et répéter que "Polanski a fui la justice" cela laisse penser qu'il a...fui la justice, c'est-à-dire qu'il s'est soustrait à toute poursuite et à tout procès.
Or, ce n'est pas entièrement exact.
Je tiens à dire que je souhaite être le plus neutre possible et évoquer "l'affaire", non mon ressenti sur cette affaire.
Polanski a reconnu les faits de rapports sexuels illégaux avec une mineure dans l'affaire Samantha Geimer et a été condamné à 90 jours de prison, puis libéré pour conduite exemplaire. Peine que l'on peut critiquer, mais qui a été prononcée. Il y a eu donc un procès, des faits qualifiés d'infraction, une peine prononcée. Bref, Polanski a été reconnu coupable d'une infraction et a fait de la prison.
Il y a eu ensuite à l'origine de sa fuite un imbroglio judiciaire assez complexe car relevant du système carcéral américain, où Polanski a fait l'objet d'une menace de poursuite de la part d'un juge (sans aucun fondement réel) et risquait jusqu'à cinquante ans de prison.
Sa fuite est en effet une fuite, mais il a profité de la loi française qui dans ce genre de situation refuse l'extradition.
En 1993, en France, il a versé 225 000 dollars à Samantha Geimer à titre de réparation civile. Ce qui fait qu'il a été reconnu coupable au pénal et au civil.
Puis en 2009, il a été arrêté en Suisse, toujours dans le cadre de l'affaire Samantha Geimer (parce que le droit applicable en Suisse permettait au nom d'une entente avec les états unis. Il a alors passé deux mois en prison et a été assigné à résidence.
J'ajoute également, même si c'est insupportable à entendre pour beaucoup, et notamment les femmes qui ont été victimes, que Samantha Geimer elle même lui a maintes et maintes fois pardonné et s'est à plusieurs reprises prononcée publiquement pour dire qu'elle se sentait harcelée par les conséquences de cette affaire et souhaitait qu'on la laisse, elle et lui, en paix désormais pour cette infraction commise il y a plus de cinquante ans.
Ca, c'est pour l'affaire Geimer.
Concernant les autres femmes qui l'accusent de violences sexuelles, il n'y a pour l'instant aucune affaire judiciaire en cours : pas d'ouverture d'enquête, pas de mise en examen.
Bref, je me permets cette fois ci de donner mon avis dans cette affaire ultra sensible:
Je trouve que le message de
@seapunk est juste, même si cela est dur à entendre. Militer pour le boycott intégral de Polanski, lutter contre la diffusion de ses films, ne pas tolérer qu'il soit interviewé, que son film paraisse ou qu'il soit nommé aux césars participe de la cancel culture.
Cela est-il pour autant négatif ? Je ne suis pas sûre. C'est là qu'il faut pour moi séparer le droit de la morale. Juridiquement, Polanski ne fait l'objet d'aucune procédure. Mais moralement, il peut être difficile pour certaines de concevoir qu'il "existe" médiatiquement.
Celles qui se contentent de le penser dans leur coins et ne regardent pas leur film ne participent pas de la cancel culture. Celles qui militent pour qu'il "n'existe plus" médiatiquement, en revanche, y participent.
Je n'ai pour ma part aucun jugement à apporter à celles qui le font et respecte leur position. Mais il faut savoir aussi dans ce cas assumer sa prise de position : si l'on considère qu'une personne doit disparaître médiatiquement pour ce qu'elle a dit ou fait alors même que le système étatique ne l'a pas mise sous les verrous, c'est une question morale qui selon moi concerne cette cancel culture qui est dénoncée dans l'article. C'est la question de la balance et de la justice sociale : à partir de quand considère t on qu'une justice étatique est insuffisante et illégitime, contient des dysfonctionnements? Si on le considère, alors faut il rééquilibrer la balance de l'autre côté en instaurant une justice "sociale", une justice médiatique, une justice des réseaux sociaux, une justice de la censure? Bref peut on délocaliser un tribunal du système judiciaire? C'est toute la question qui se pose avec cette affaire pour laquelle j'ai bien peur qu'il n'y a pas une vérité unique....