Comprendre la « cancel culture », cette violence au nom d’un monde « meilleur »

[grenouilleau]

Très intéressant, l'article et (la plupart) des commentaires dessous.

Pour moi cette histoire de cancel culture, ça se retrouve dans tous les groupes humains j'ai l'impression, et pour moi c'est l'effet de meute. On peut avoir une indignation, des trucs à dire, mais si plusieurs personnes s'y mettent cette indignation se transforme en effet de meute.

Après, je vais pas dire que c'était mieux avant, parce qu'avant l'effet de meute était réservé à ceux qui avaient accès aux médias dominants (les politiques, les éditorialistes). Avec internet, le phénomène est devenu plus large. Et comme les informations sont faciles à trouver, et sont conservées longtemps : ça contribue à donner de la force au truc.

Du coup, ce serait un effet négatif d'internet, au croisement entre effet de meute et mémoire permanente que permet ce média.

 

[PetitePaille]

Très bon article !

Ce terme me fait penser à l’affaire me too qui m’a particulièrement mis mal à l’aise.

D’un côté la voix des femmes qui se libère ce qui est très bien mais de l’autre des personnes accusées qui se sont retrouvées cancel sans qu’elles aient pu se défendre, avoir un véritable procès, bref la présomption d’innocence est passée à la poubelle et twitter était devenu un nouveau tribunal populaire.

 

[MésangeBleue]

Superbe article. Je le partage direct. On sent vraiment les ravages que cela peut engénérer. Ton message à propos de badmoizelle Mymy est terrible. Je n'ai pas Twitter (notamment pour éviter toutes ces dérives ) alors je t'apporte ainsi qu'à tou.te.s celleux qui souffrent de canceled mon soutien.

 

[All those Pages]

@Nastja
concernant les employés racistes du slip français personne n'a été viré...

[/QUOTE]

 

[skippy01]

Je pense que c'est aussi beaucoup lié aussi à notre culture de la punition. Tout ce qui nous importe, c'est que le "méchant" soit puni, et le plus sévèrement possible de préférence, et tant pis si la punition est disproportionnée, devient obsolète à plus ou moins court-terme, transforme le puni en une (encore plus) mauvaise personne ou dessert la cause qu'on croit défendre. Il suffit de voir les levées de boucliers contre les conditions de vies en prison assimilées à du luxe quand les détenus ne sont pas traités comme des sous-ordures.

 

[Clèves]

La personne devient "pestiférée" (pour les acteurs ça peut être plus de contrats, plus d'interview, se faire lâcher par sa maison de disques/éditions etc.) et c'est surtout une sentence à vie.

Question sincère : est-ce que c'est vraiment arrivé ? Je ne nie pas (et défends encore moins) les affaires de harcèlement et d'insultes, mais des conséquences aussi drastiques de la call out culture telle qu'elle est décrite dans l'article je n'en ai aucune qui me vient en tête (ça ne veut pas dire que ça n'existe pas bien sûr ! Si vous avez des noms ou des faits précis je suis intéressée). Il me semble que ce dont on parle ici a surtout lieu sur Twitter et je ne connais aucun twittos dont l'influence est assez importante pour que sa parole puisse faire blackliser un acteur ou un musicien. Même un phénomène d'ampleur internationale comme Metoo n'a pas suffit pour que la parole des femmes soit entendue au point d'entraîner des conséquences concrètes (à part Weinstein qui lui va bien être jugé mais pour le coup je vois pas comment il aurait pu en être autrement vu le nombre de témoignages et la gravité des faits).

Par exemple : Scarlett Johansonn a été très critiquée pour avoir accepté de jouer un personnage asiatique dans le film Ghost in the shell + avoir été envisagée pour jouer un personnage transgenre dans Rub and Tug (là ça a eu des conséquences parce qu'elle a finalement renoncé au rôle). Ba quelques années après sa carrière se porte toujours bien : elle vient d'être nominée aux Oscars pour mémoire. Pareil pour Johnny Depp accusé de violences par son ex-compagne Amber Heard : l'affaire a fait grand bruit et pourtant par la suite ça l'a pas empêché d'être au casting des Animaux Fantastiques et de tourner une pub pour Dior dont il est l'égérie. De même pour JK Rowling qui vient de faire beaucoup parler d'elle pour ses positions transphobes, sans qu'elle ne semble s'en porter spécialement plus mal après coup. Même Bertrand Cantat peut se payer sa petite une des Inrocks dans le plus grand des calmes. Donc parler d'une "sentence à vie" me semble très exagéré

Encore une fois je ne cherche pas à nier les effets pervers de la call out culture ! Mais il me semble important qu'on sache bien de quoi on parle pour éviter de partir dans l'hyperbole la plus complète selon laquelle on pourrait détruire la vie de n'importe qui en un clic sur Twitter. Je dirais qu'il y a deux niveaux de nuisance : les célébrités qui de ce que j'ai pu voir se sortent généralement bien de ces épisodes parce que leur notoriété les rend intouchables... et les gens lambda qui pour le coup peuvent prendre très cher, justement parce qu'ils sont accessibles.

Oui, c'est clair qu'un rien peu ruiner totalement ta vie, du coup t'ose plus rien dire ou rien faire juste par peur de devenir pestiféré.

Pour le coup je suis vraiment pas d'accord avec toi. On est pas loin du "on ne peut plus rien dire" d'une part, et d'autre part pour l'affaire du Slip Français (ce à quoi tu réagissais d'après ce que je comprends), on parle de racisme, c'est un délit puni par la loi. Ce n'est pas "rien" donc. Si demain quelqu'un lance une soirée à thème "salut nazi et croix gammée" je pense que ça choquera pas mal et qu'on comprendra aisément qu'une marque ne veuille pas que son nom y soit associé.

 

[Roonie]

Merci @Marie pour cet article, car il est très complet, vraiment bien rédigé, intelligent et approfondi. Ça a été un plaisir de le lire ! Et bravo pour le courage de le publier, c'est stressant voire carrément angoissant parfois de poster son opinion, aussi détaillée et argumentée qu'elle puisse être, sur internet... Je ne te suis pas sur tous les points que tu as énoncé, notamment dès lors qu'ils frôlent les cas de harcèlement (au travail, sexuel), mais ils ont tous été très bien défendus et tu as su montrer l'envers de la feuille.

x

 

[skippy01]

Question sincère : est-ce que c'est vraiment arrivé ?

Oui. Je ne me rappelle plus des détails de l'affaire, mais j'ai vu un TEDx qui parlait de la justice populaire des RS et évoquait le cas d'une journaliste qui suyite à un dérapage raciste, s'est pris un shitstorm monstrueux qui a conduit à son licenciement.

Un autre exemple: le youtuber Siphano a également commis un dérapage sur twitter, ce qui a inspiré des petits rigolos qui se sont amusés à lui attribuer des faux tweets racistes avec la méthode que j'ai évoquée plus haut mais qui ont été pris au sérieux, ce qui lui a valu d'être désinvité de certaines conventions.

Donc, oui, ça arrive.

 

[Clèves]

@TennanTen Et déjà tes propos sont plus nuancés : "se faire lyncher" (au sens figuré de "se faire critiquer"), tu conviendras que ce n'est pas tout à fait le même ordre de grandeur que "voir sa vie totalement ruinée".

EDIT réponse au message de @skippy01 qui s'est publié pendant que j'écrivais celui-ci : D'accord, merci pour ces exemples que je ne connaissais pas ! Ça permet de pouvoir évoquer les conséquences de la callout culture de manière plus concrète. Ça rejoint mon intuition selon laquelle ce sont surtout les "petites célébrités" qui sont susceptibles de s'en prendre plein la poire (je parle de "petites célébrités" dans le sens où un youtubeur et un journaliste, c'est pas Céline Dion ou Beyoncé). Effectivement dans ces cas-là on offre pas la possibilité à la personne de s'amender avant de lui tomber dessus, on lui explique pas en quoi ses propos sont problématiques. Il n'y a pas d'opportunité d'apprentissage.

 

[skippy01]

Au fait, j'ai vu qu'on posait souvent la question de la définition d'une "mauvaise féministe", je crois qu'avec cet article, on a la réponse: celle qui pratiquent la cancel culture à coup de harcèlement, de mise au ban définitive et d'attaques violentes envers ses propres alliées.

 

[Roonie]

@skippy01 je crois que la réponse, c'est surtout d'arrêter d'être catégorique (ou de catégoriser les gens de telle façon). Les féministes qui pratiquent la cancel culture peuvent avoir offert à la lutte des apports pertinents, intéressants, voire parfois nouveaux, lors de débats et prises de position féministes.

 

[Clèves]

Je dirais aussi qu'il y a droit à la prescription : par exemple si les propos ou actions problématiques datent d'il y a cinq ans ou plus on peut accorder le bénéfice du doute à la personne et supposer qu'elle a pu évoluer.