Comprendre la « cancel culture », cette violence au nom d’un monde « meilleur »
- Initiateur de la discussion Marie
- Date de début
C
ClemBouBou
Guest
Aha au début j’ai cru que c’était la culture enfin l’habitude d’annuler genre des sorties, des rendez-vous etc. Complètement à côté de la plaque.
Article très intéressant. Je suis un peu partagée. C’est vrai qu’on a parfois l’impression surtout sur internet que c’est tout ou rien, on est soit blanc de tout défaut/faiblesse ou complètement noir dés qu’on sort une phrase mal tournée. J’avais lu quelque part qu’internet et surtout les réseaux sociaux fonctionnent surtout grâce aux émotions fortes comme la colère et l’indignation.
Mais pour ce qui est de Vincent Glad et de toute sa clique, j’avoue j’ai du mal à passer outre ce qu’ils ont fait parce que c’est très grave et que ça a eu des conséquences néfastes sur la vie de leurs victimes. Ont-ils été punis? Par la loi j’entends. Donc oui quand il parle de déontologie, euh...
En fait sur un niveau plus extrême, ça me fait penser à ceux qui disent qu’il faut séparer l’homme de l’artiste pour des gens comme Polanski.
Article très intéressant. Je suis un peu partagée. C’est vrai qu’on a parfois l’impression surtout sur internet que c’est tout ou rien, on est soit blanc de tout défaut/faiblesse ou complètement noir dés qu’on sort une phrase mal tournée. J’avais lu quelque part qu’internet et surtout les réseaux sociaux fonctionnent surtout grâce aux émotions fortes comme la colère et l’indignation.
Mais pour ce qui est de Vincent Glad et de toute sa clique, j’avoue j’ai du mal à passer outre ce qu’ils ont fait parce que c’est très grave et que ça a eu des conséquences néfastes sur la vie de leurs victimes. Ont-ils été punis? Par la loi j’entends. Donc oui quand il parle de déontologie, euh...
En fait sur un niveau plus extrême, ça me fait penser à ceux qui disent qu’il faut séparer l’homme de l’artiste pour des gens comme Polanski.
Article et débat très intéressant en commentaire, merci @Marie !
Après je pense qu'on peut séparer ce phénomène selon différentes situations. Il va y avoir le tribunal populaire envers des célébrité bien établit, que les faits aient été jugés et la peine pas fait (Polansky), jugé et peine réalisé (Cantat) non jugé et fait établit (l'agresseur de Sandra Muller, Kévin Spicey), non jugé et non établit (Johnny Depp).
Mais au délà de ces cas là, que j'ai du mal à associer à la cancel cultur (peut être me trompe-je), il y a un gros problème de violence entre militants du même bord et c'est la où l'insulte facile, la blacklist et la blacklist de quiconque travail avec tel personne me semble le plus problématique. Je pense notamment à un des gars de la tronche en biais dont un militant à révéler l'homosexualité parce qu'il considérait que c'était une punition juste après avoir estimé qu'il avait tenu des propos homophobe... De la même manière, il y a eut DanyCaligula, outé sur les mêmes bases par des militants, et harcelé, alors même qu'il subissait déjà du harcèlement à cause de la commu du raptor... J'invite tout le monde à écouter son passage dans The Boys Club qui est juste magnifique de prise de recul et de bienveillance, et qui mets vachement bien en lumière cette culture de la censure par le harcèlement
Je trouve vraiment triste ce fait de vouloir écraser tout le monde qui n'est pas parfait, et limite encore plus si on se revendique du même combat... Je me trompe peut être mais j'ai vraiment l'impression que beaucoup de militants sont plus violents entre eux qu'avec des personnes tenant des propos et ayant des comportements autrement plus problématiques
Edit : je parle de the boys club mais je crois que c'est dans cette vidéo qu'il aborde le plus le sujet du cyber harcèlement :
Bref les 2 vidéos sont de toute façon édifiantes 
Après je pense qu'on peut séparer ce phénomène selon différentes situations. Il va y avoir le tribunal populaire envers des célébrité bien établit, que les faits aient été jugés et la peine pas fait (Polansky), jugé et peine réalisé (Cantat) non jugé et fait établit (l'agresseur de Sandra Muller, Kévin Spicey), non jugé et non établit (Johnny Depp).
Mais au délà de ces cas là, que j'ai du mal à associer à la cancel cultur (peut être me trompe-je), il y a un gros problème de violence entre militants du même bord et c'est la où l'insulte facile, la blacklist et la blacklist de quiconque travail avec tel personne me semble le plus problématique. Je pense notamment à un des gars de la tronche en biais dont un militant à révéler l'homosexualité parce qu'il considérait que c'était une punition juste après avoir estimé qu'il avait tenu des propos homophobe... De la même manière, il y a eut DanyCaligula, outé sur les mêmes bases par des militants, et harcelé, alors même qu'il subissait déjà du harcèlement à cause de la commu du raptor... J'invite tout le monde à écouter son passage dans The Boys Club qui est juste magnifique de prise de recul et de bienveillance, et qui mets vachement bien en lumière cette culture de la censure par le harcèlement
Je trouve vraiment triste ce fait de vouloir écraser tout le monde qui n'est pas parfait, et limite encore plus si on se revendique du même combat... Je me trompe peut être mais j'ai vraiment l'impression que beaucoup de militants sont plus violents entre eux qu'avec des personnes tenant des propos et ayant des comportements autrement plus problématiques
Edit : je parle de the boys club mais je crois que c'est dans cette vidéo qu'il aborde le plus le sujet du cyber harcèlement :
Dernière édition :
Article qui tombe à point nommer pour moi, j'ai eu une discussion assez vive avec une pote au sujet de Kat Von D justement.
Et je me faisais la réflexion que la cancel culture ressemblait pas mal à l'adage qui dit qu'on aime bien brûler ses idoles.
Qu'on saisit la moindre chance, le moindre détail pour descendre et ""piétiner "" la personnalité qu'on adorait la veille.
Et je me faisais la réflexion que la cancel culture ressemblait pas mal à l'adage qui dit qu'on aime bien brûler ses idoles.
Qu'on saisit la moindre chance, le moindre détail pour descendre et ""piétiner "" la personnalité qu'on adorait la veille.
Perso un truc qui m'énerve et m'effraie par rapport à la cancel culture c'est l'idée que tout ce que tu as fait par le passé ne sera pas oublié, même si tu te rédimes; sachant que pas mal de concepts de la lutte contre les oppressions n'étaient pas ou peu connues disons il y a vingt ans, parfois même dix ans... Le problème est qu'on te reprochera des paroles alors qu'entre temps ta pensée a progressé, que tu as évolué dans le bon sens.
Ouf, j'ai fini mon avalanche de big up. 
Tout le long des échanges j'avais envie de faire des citations parce j'étais d'accord/pas d'accord et que j'avais envie de dire plein de choses.
En tout cas, la communication c'est compliqué, les relations c'est compliqué, le militantisme c'est compliqué, internet c'est compliqué, les réseaux sociaux c'est compliqué, tout est compliqué.
Plein de choses, de nuances, d'exemples me viennent en tête mais trop compliqué à résumer, et puis j'ai du mal à bien comprendre la nuance entre boycott et cancel culture, autant dans l'article que dans le débat qui a eu lieu après. Le boycott est un outil formidable, mais c'est comme tout, il peut y avoir des effets perverts.
Je bosse dans un milieu controversé, au coeur des contradictions, des affirmations sans connaissances solides derrière, de la mauvaise foi, des lobbys du "bien" et du "mal", des enjeux économiques/sociétaux/environnementaux. Je comprends autant les grand méchants que les petits gentils, et les deux m'exaspèrent selon le sujet, tout est relatif et dépend du contexte.
Ce que j'abhorre par dessus tout par contre, c'est la complaisance (dans le sens de l'indulgence excessive) et l'immobilisme (dans le sens du refus de la transformation).
Tout le long des échanges j'avais envie de faire des citations parce j'étais d'accord/pas d'accord et que j'avais envie de dire plein de choses.
En tout cas, la communication c'est compliqué, les relations c'est compliqué, le militantisme c'est compliqué, internet c'est compliqué, les réseaux sociaux c'est compliqué, tout est compliqué.
Plein de choses, de nuances, d'exemples me viennent en tête mais trop compliqué à résumer, et puis j'ai du mal à bien comprendre la nuance entre boycott et cancel culture, autant dans l'article que dans le débat qui a eu lieu après. Le boycott est un outil formidable, mais c'est comme tout, il peut y avoir des effets perverts.
Je bosse dans un milieu controversé, au coeur des contradictions, des affirmations sans connaissances solides derrière, de la mauvaise foi, des lobbys du "bien" et du "mal", des enjeux économiques/sociétaux/environnementaux. Je comprends autant les grand méchants que les petits gentils, et les deux m'exaspèrent selon le sujet, tout est relatif et dépend du contexte.
Ce que j'abhorre par dessus tout par contre, c'est la complaisance (dans le sens de l'indulgence excessive) et l'immobilisme (dans le sens du refus de la transformation).
C'est un truc que Contrapoints souligne d'ailleurs dans sa vidéo : qu'on en soit arrivés à ne même plus voir qu'on s'en prend précisément aux gens qu'on prétend défendre par ailleurs.
Sachant que comme le souligne @Flopidou, les conséquences sont pas du tout les mêmes selon si on est une célébrité privilégiée ou une personne "lambda", à fortiori issue d'une minorité. Typiquement, je pense que les personnes LGBT (puisque pas mal de cancellations ont touché des personnalités/militants LGBT ces derniers temps) n'ont vraiment pas besoin de ça en plus du harcèlement qu'elles subissent déjà en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle.
Franchement, je me demande aussi dans quelle mesure c'est pas un peu encouragé par la pensée néo-libérale qui domine en ce moment dans nos sociétés occidentales, et qui replacent l'individu au centre de tout. Alors qu'on voit bien que dans certains cas, les propos problématiques disent quelque chose de notre culture et de notre société, ou d'une culture en particulier (je pense par exemple à la culture métal/tatouage/biker dans le cas de Kat von D) et qu'on devrait penser un peu plus large ou plus collectif si on veut vraiment résoudre le problème, plutôt que de focaliser à mort sur un individu dont le seul tort a été d'être un pur produit de son environnement. Mais ce framework individualiste est bien pratique, parce qu'il permet justement un certain maintient du statu quo par ailleurs.
Je me demande aussi en quoi cette cancel culture est pas un peu excluante, de ce point de vue. Quand je vois qu'on attend un niveau de "wokeness" digne de Cornell West de personnes qui viennent clairement de milieux modestes où l'accès à l'éducation est loin d'être évident, je me dis que la cancel culture porte aussi quelque chose d'assez classiste en elle.
@Roonie
Edit: Sinon, c'est vraiment un débat passionnant et qui m'inspire plein de réflexions.
C'est un autre problème, et pour le coup, ce qui est classiste, c'est estimer que si on est pauvre, on ne peut pas être tolérant. Et ça c'est dangereux, parce que non seulement c'est insultant et calomnieux envers les personnes défavorisées, mais surtout, ça nous pousse à excuser des attitudes/paroles problématiques uniquement parce qu'ils ont été tenu par des gens défavorisés (cf. le topic sur l'affaire Nadia Daam), surtout qu'être dans une classe aisée ne nous rend pas plus tolérant (coucou la famille Le Pen).
Un dernier message avant de dormir juste pour dire que ça me fait du bien de vous lire. C’est pas partout qu’il y a une communauté aussi bienveillante et ouverte au débat, cf. plein de médias qui ont fermé leur espace commentaires et plein de rédacteurs ou rédactrices qui ont purement peur de lire leurs commentaires de peur de ce qui pourrait leur venir dans la gueule. Avec @Marie on avait un peu d’anxiété parce que le sujet est sensible mais s’il y a bien un endroit où le débat à ce sujet peut être sain et respectueux c’est ici. Donc merci d’être chouette les mad ; c’est un article important pour moi en tant que rédac chef mais aussi en tant que féministe et tout simplement en tant que femme qui tente de faire de son mieux. C’est cool de pouvoir parler de ce genre de thèmes sans être en danger. Et c’est aussi la que je me dis que @Fab a créé un truc qui est quasi unique sur les internets français 
et je suis fière d’y participer et de le faire grandir.
et je suis fière d’y participer et de le faire grandir.
ça tombe bien parce que c'était pas du tout mon propos. C'est pour ça que je faisais référence à un universitaire comme Cornell West, parce que certains propos problématiques ne relèvent parfois pas du manque de tolérance, mais bien du manque de connaissances. Et je suis toujours surprise quand Twitter tombe comme un seul homme sur une personne alors qu'elle a dit une chose qui est finalement culturellement très admise dans notre société, et dont on ne peut savoir que c'est oppressif qu'à condition d'avoir le bon bagage culturel/universitaire/militant.
Merci et bravo pour ton article @Marie ! 
Particulièrement pertinent, ce que confirme l'avalanche de commentaires en quelques heures...
Comme @greenapple j'aurais bien fait des citations et des commentaires détaillés, mais après la lecture des dix pages
cela devient compliqué.
Je ne connaissais pas l'expression "cancel culture", mais j'avais remarqué dans l'air du temps des phénomènes - inquiétants - qui en relèvent, soulignés dans l'article et dans de nombreux commentaires :
la bonne conscience, la certitude d'être dans le "vrai", le "bien", ces fameuses "bonnes intentions" (dont l'enfer est pavé, ainsi que le rappelait une madz)
l'effet de meute associé à l'esprit de lynchage
l'incapacité au débat argumenté, contradictoire, à entendre - que dis-je, à supporter des avis divergents
La vision tranchée du monde, dépourvue de nuance
l'intolérance (de la part de groupes militants réclamant - à raison - la tolérance, c'est un comble)
Les réseaux sociaux, leur entre-soi et l'anonymat favorisent sans aucun doute ces tendances quasi totalitaires (terme employé par une madz, que j'approuve).
Cette saine ambiance ne se cantonne d'aillleurs pas au monde numérique et au cyber-harcèlement (ce qui serait déjà beaucoup), elle sort d'internet.
Notamment dans le milieu universitaire (lieu de débat en principe !), où l'esprit de boycott/censure gagne du terrain.
Par exemple, en novembre, l'empêchement par des étudiants de l'université de Lille d'une conférence de François Hollande, dont ils ont également détruit et brûlé des livres. Il a été question de bûchers dans certains commentaires...
On s'éloigne a priori du cyber-harcèlement et de la "cancel culture", mais l'esprit est similaire.
Je suis tous les jours indignée et inquiète des dérives actuelles résumées avec brio par @Marie
Mais son article et le débat argumenté qui a suivi me redonnent - un peu - le sourire
Particulièrement pertinent, ce que confirme l'avalanche de commentaires en quelques heures...
Comme @greenapple j'aurais bien fait des citations et des commentaires détaillés, mais après la lecture des dix pages
cela devient compliqué.Je ne connaissais pas l'expression "cancel culture", mais j'avais remarqué dans l'air du temps des phénomènes - inquiétants - qui en relèvent, soulignés dans l'article et dans de nombreux commentaires :
la bonne conscience, la certitude d'être dans le "vrai", le "bien", ces fameuses "bonnes intentions" (dont l'enfer est pavé, ainsi que le rappelait une madz)
l'effet de meute associé à l'esprit de lynchage
l'incapacité au débat argumenté, contradictoire, à entendre - que dis-je, à supporter des avis divergents
La vision tranchée du monde, dépourvue de nuance
l'intolérance (de la part de groupes militants réclamant - à raison - la tolérance, c'est un comble)
Les réseaux sociaux, leur entre-soi et l'anonymat favorisent sans aucun doute ces tendances quasi totalitaires (terme employé par une madz, que j'approuve).
Cette saine ambiance ne se cantonne d'aillleurs pas au monde numérique et au cyber-harcèlement (ce qui serait déjà beaucoup), elle sort d'internet.
Notamment dans le milieu universitaire (lieu de débat en principe !), où l'esprit de boycott/censure gagne du terrain.
Par exemple, en novembre, l'empêchement par des étudiants de l'université de Lille d'une conférence de François Hollande, dont ils ont également détruit et brûlé des livres. Il a été question de bûchers dans certains commentaires...
On s'éloigne a priori du cyber-harcèlement et de la "cancel culture", mais l'esprit est similaire.
Je suis tous les jours indignée et inquiète des dérives actuelles résumées avec brio par @Marie
Mais son article et le débat argumenté qui a suivi me redonnent - un peu - le sourire
Exact !
Pas besoin d'être un intellectuel tolérant pour ne pas être un raciste caricatural. Par contre pour pleins de sujets plus "récents" on va dire, comme la blackface, la transidendité, la charge mentale, le consentement sexuel, l'appropriation culturelle etc... Ce sont des choses qui sont loins d'être acquises par tous ! On a grandit avec Internet, Youtube, et Madmoizelle qui a mis les mots sur ces sujets bien avant que cela ne deviennent une mode. Il faut savoir sortir de sa bulle militante et différencier la méchanceté gratuite de la simple méconnaissance. Il n'y a qu'à remonter le forum de quelques années sur l'appropriation culturelle par exemple, pour voir que pour beaucoup de madz bien attentionnée, il a fallu beaucoup beaucoup beaucoup de pédagogie.
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