Ojeli : j'ai peut-être une explication toute bête et idiote, je ne sais pas dans quelle prison ni à quelle peine il était condamné, mais possible qu'il soit sorti, ce dont je pense il t'aurait sans doute parlé, ou tout simplement ton colis t'a été renvoyé car il est parfois interdit d'en envoyer.
Tout bêtement
(Même juste un livre)
Personnellement je suis une abolitionniste d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu "faire quelque chose", alors je signe des pétitions, me bouge à certaines actions, pense devenir bénévole dans une asso que je suis depuis des années dès que j'en aurai le temps, et depuis mes 18 ans je corresponds avec un condamné à mort (j'ai 30 ans aujourd'hui et il est toujours en prison).
J'étais déjà tombé sur ce sujet mais n'avais pas voulu m'exprimer, parce que ce n'est pas un secret, mais ce n'est pas toujours facile de trouver les morts pour l'expliquer.
Ce qui est sûr c'est que cette cause me remue beaucoup, et me vaut régulièrement d'horribles cauchemars.
Il faut savoir qu'effectivement pour une correspondance, on doit fournir des informations privées (à commencer par son nom et son adresse), et qu'il y aura probablement une issue tragique.
Que votre courrier sera bien entendu lu avant d'être transmis, et qu'il arrivera chez vous avec un joli tampon rouge (au cas où ça pourrait mettre vos voisins mal à l'aise, dans un monde où le facteur serait une pipelette, apparemment aux USA ça existe).
C'est une décision qu'il ne faut évidemment pas prendre à la légère, car on ne coupe pas cette correspondance du jour au lendemain, si on doute pouvoir tenir, on ne tente même pas.
Il faut accepter le fait qu'on ne sache pas forcément ce pourquoi la personne est condamnée, et réussir à en faire "abstraction" (dans mon cas je l'ai ignoré 10 ans, je dois dire que quand j'ai "découvert", ça m'a quand même pas mal perturbée, j'ai d'ailleurs rêvé la nuit qui a suivie que j'étais assassinée par un serial killer qui avait mon adresse), souvent il n'a pas le droit d'en parler (du moins c'est déconseillé) car encore entre deux procès etc.
Après, il faut, comme ça a été dit, avoir les épaules. Il faut s'attendre à entendre parler d'exécutions, il faut envisager que la correspondance se termine par une.
Je dois dire que si je suis toujours aussi révoltée contre la peine capitale, j'ai aujourd'hui plus de tristesse en moi alors que plus jeune j'avais plus de colère. C'est plus facile à vivre quand on est en colère. Parfois, je me dis que je n'ai pas les épaules pour tout ça, même si je le fais depuis 12 ans.