@Gabelote
Je suis contente que tu tentes la lecture du troisième livre de Vilar, et je vais te montrer qu'en fait je suis d'accord avec plein de tes critiques, qui s'appliquent pour la plupart à ce livre comme aux deux premiers...
Le seul truc c'est que j'ajoute que Vilar est victime d'accusations injustes elle aussi (encourager la violence des hommes envers les femmes par ex.) parce qu'elle critique un système.
En fait je dirais que c'est foncièrement et obligatoirement pénible pour plein de gens, mais que pour certains, « ça tombe bien », ce que la société attend d'eux correspond à leur moi intérieur ; mais pour les femmes qui ont envie d'agir, de construire, et pour les hommes qui préfèreraient des activités domestiques par exemple, le système est une plaie. Plus pour l'un que pour l'autre ? Je sais pas, peut-être. Des hommes en meurent, quand même.
A ceci près que c'est une tendance, comme tu le dis, donc quelque chose de plutôt récent, normal que Vilar, depuis son époque, ne l'ai pas prédit.
Et j'ajouterais que pour ma part, je pense qu'on ne devrait pas plus imposer ça aux hommes qu'aux femmes. Je crois qu'il y a une différence entre se faire beau/belle et chercher à paraître jeune toute sa vie.
De nos jours, beaucoup de femmes travaillent, et je connais même des milieux où l'on trouve normal que l’homme soit au foyer mais où une femme au foyer serait vite suspectée de rien branler, et de profiter de l'argent de son conjoint, comme quoi !
Cette suspicion est d'ailleurs probablement la conséquence d'une époque où un certain nombre de femmes ont « profité », en cela l'analyse de Vilar est intéressante : elle dit qu'autrefois, les tâches ménagères étaient colossales, laver le linge à la main, la vaisselle aussi, aller chercher de l'eau au puis, et en plus de ça s'occuper du potager pour nourrir la famille - parce que souvent l'homme travaillait pour ramener de l'argent, donc pas le temps de travailler au potager – et bien sûr s'occuper des enfants, et des « vieux » parents / beaux-parents qui vivaient avec eux…
Puis, dit-elle, la modernité a apporté les mouchoirs jetables, les machines à laver, l'eau courante, le chauffage central, les crèches garderies, les maisons de retraite : résultat, être au foyer n'est plus aussi harassant qu'autrefois, et au lieu d'utiliser leur temps nouvellement libre pour se mettre à travailler et ramener de l'argent elles aussi, certaines (oui pas toutes, y'en a qui sont allées à l'usine, et ma grand-mère a toujours bossé sur la propriété agricole familiale, genre) sont restées au foyer et ont « profité ». Elles n'ont pas fait de bénévolat, elles n'ont pas pondu 10 gosses, elles n'ont pas fait l'école à leurs enfants, elles n'ont pas fait de potager : elles ont « profité » de ce temps libre pour s'épanouir, voire, pour certaines, pour s'ennuyer un peu.
Et puis les nouvelles générations sont arrivées, et beaucoup sont allées bosser, parce que c'est plus moral, et aussi et peut-être surtout parce que c'est épanouissant d’être active.
Restent ces chiffres :
"En effet, malgré l’augmentation du taux d’emploi des femmes, l’écart entre femmes et hommes persiste : le taux d’emploi des femmes de 15 à 64 ans est de 60,2 % contre 68,1 % pour les hommes. Par ailleurs, la part des femmes dans l’emploi reste encore moindre par rapport à leur présence dans la société : seuls 47,5 % des emplois sont occupés par les femmes en 2011." (http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=1969)
Si ces chiffres montraient simplement que dans les couples, chacun faisant un choix éclairé, il se trouve qu'un peu plus de femmes choisissent le foyer et un peu plus d'hommes l'activité rémunératrice, tout serait bien dans le meilleur des mondes ; mais j'ai peur que pour une part, il s'agisse d'un non-choix, dicté par le sexe biologique.
Je pense que globalement, pour reprendre le fil de ce topic : ça doit être vachement plus dur pour un homme de trouver une femme qui ramène de l'argent et lui permet d'être au foyer, que l'inverse.
Et pourtant, j'aurais tendance à penser qu'il y a autant d'hommes que de femmes qui s'y trouveraient bien. Je tease encore, mais ce qui est beau dans le projet de Vilar dans son 3ème bouquin, c'est qu'elle propose d'organiser la société pour que tout le monde travaille, mais un peu, comme ça tout le monde a du temps libre, et je trouve que c'est une belle utopie pour tous les êtres humains !
Sinon on est d'accord pour dire que les femmes sont moins bien rémunérées à travail égal, sont plus souvent en temps partiel subit, plafond de verre, etc etc, mais c'est pas le sujet du topic…
Je suis contente que tu tentes la lecture du troisième livre de Vilar, et je vais te montrer qu'en fait je suis d'accord avec plein de tes critiques, qui s'appliquent pour la plupart à ce livre comme aux deux premiers...
Aucun doute là-dessus, tu peux même enlever le « quasi », c'est carrément pamphlétaire ; c'est à la fois un défaut et une qualité selon moi, beaucoup d'écrits militants sont pamphlétaires, cela correspond à un engagement enflammé d'une certaine manière.Gabelote a dit :Pourquoi je préfère conseiller la consultation du blog d'hommesimple que la lecture de Vilar ? Déjà le ton est bien plus apaisé que chez Vilar qui est quasi pamphletaire.
Désolée !Gabelote a dit :Donc ça je ne l'ai jamais nié, merci de ne pas me faire dire ce que je n'ai pas dit.
En effet, on est d'accord.Gabelote a dit :Donc là, on est bien d'accord : les causes de la surmortalité masculine sont intrinsèquement liées aux normes qui sont imposées aux hommes.
Ben là aussi, on se rejoint complètement : ce sont des accusations injustes, car aucun livre ne peut rendre les gens homosexuels, ou trans, ou hétéro, ou jaloux... ce sont, comme tu le dis, des réactions du système qui ne supporte pas qu'on le bouscule.Gabelote a dit :A noter : mon passage sur Judith Butler était en réponse à ta question sur les possibles accusation sur les livres féministes : oui, elles existent (un peu moins maintenant certes), il y a eu, dans le désordre : l'accusation de vouloir porter atteinte à l'ordre social, à la famille, de vouloir faire de toutes les femmes des lesbiennes, d'encourager l'homosexualité et la transidentité, d'être des hystériques, des mal-baisées jalouses désireuse de se venger en pourrissant la vie des femmes "biens"... Et quelque part toutes ces accusations sont logiques : en prônant un changement de système, les féministes se sont mis le système à dos.
Le seul truc c'est que j'ajoute que Vilar est victime d'accusations injustes elle aussi (encourager la violence des hommes envers les femmes par ex.) parce qu'elle critique un système.
Ha ben voilà, on se rejoint ! Ça pose quand même une question, est-il plus pénible d’être limité ou d'être obligé d'agir ?Gabelote a dit :Mais tout le monde participe au système !! Toutes et tous ! […]et c'est là que je ne suis pas d'accord avec Vilar : le confort que procure le respect du système est plus grand pour le hommes que pour les femmes, en ce que ces dernières sont limitées dans leur puissance d'agir, au contraire des hommes qui sont incités à l'exercer, quand bien même ils ne le souhaitent pas.
En fait je dirais que c'est foncièrement et obligatoirement pénible pour plein de gens, mais que pour certains, « ça tombe bien », ce que la société attend d'eux correspond à leur moi intérieur ; mais pour les femmes qui ont envie d'agir, de construire, et pour les hommes qui préfèreraient des activités domestiques par exemple, le système est une plaie. Plus pour l'un que pour l'autre ? Je sais pas, peut-être. Des hommes en meurent, quand même.
100 % d'accord.Gabelote a dit :Ainsi, les hommes qui veulent affirmer leur droit à une esthétique différente, à un physique différent des normes du virilisme sont d'abord moqués et attaqués (...). Et les avantages structurels qu'il y avait à être perçu comme un homme par le reste de la société leur seront retirés. Tout comme les femmes qui ont revendiqué leur autonomie ont dû aussi assumer de perdre les avantages que le système leur octroyait (l'exemple de base c'est : on acquiert une autonomie sentimentale et sexuelle, mais dans ce cas on paye nos bières toutes seules).
Oui, je suis d’accord,Gabelote a dit :Quant à la question de la beauté masculine et la cosmétique masculine. Elle est loin d'être anodine : de tout temps il y a eu des canons de beauté pour les hommes et des gens qui on profité de ces canons de beauté pour en faire un marché. Alors, ça peut être la rencontre de plusieurs facteurs : augmentation des revenus globaux de classes moyennes et moyennes sup, saturation du marché de la cosmétique féminine, recherche de nouveau débouchés... C'est pas bien compliqué de trouver des signes de cette tendance : comme ici, ou là, ou encore là et là et ici aussi. Hors blogs et sites commerciaux, on retrouve aussi ce phénomène dans la presse féminine et celle plus classique.
A ceci près que c'est une tendance, comme tu le dis, donc quelque chose de plutôt récent, normal que Vilar, depuis son époque, ne l'ai pas prédit.
Et j'ajouterais que pour ma part, je pense qu'on ne devrait pas plus imposer ça aux hommes qu'aux femmes. Je crois qu'il y a une différence entre se faire beau/belle et chercher à paraître jeune toute sa vie.
Même sur ce point je te rejoins : les femmes qu'elle décrit, et dont je suis bien obligée d'admettre l'existence puisque je les croise dans notre époque, qui sont au foyer et pour qui ce serait inenvisageable que ce soit leur conjoint qui reste au foyer pendant qu'elles iraient travailler, ne sont pas/plus les seules qui existent.Gabelote a dit :Autant vous dire que ce genre de schéma est largement dépassé
De nos jours, beaucoup de femmes travaillent, et je connais même des milieux où l'on trouve normal que l’homme soit au foyer mais où une femme au foyer serait vite suspectée de rien branler, et de profiter de l'argent de son conjoint, comme quoi !
Cette suspicion est d'ailleurs probablement la conséquence d'une époque où un certain nombre de femmes ont « profité », en cela l'analyse de Vilar est intéressante : elle dit qu'autrefois, les tâches ménagères étaient colossales, laver le linge à la main, la vaisselle aussi, aller chercher de l'eau au puis, et en plus de ça s'occuper du potager pour nourrir la famille - parce que souvent l'homme travaillait pour ramener de l'argent, donc pas le temps de travailler au potager – et bien sûr s'occuper des enfants, et des « vieux » parents / beaux-parents qui vivaient avec eux…
Puis, dit-elle, la modernité a apporté les mouchoirs jetables, les machines à laver, l'eau courante, le chauffage central, les crèches garderies, les maisons de retraite : résultat, être au foyer n'est plus aussi harassant qu'autrefois, et au lieu d'utiliser leur temps nouvellement libre pour se mettre à travailler et ramener de l'argent elles aussi, certaines (oui pas toutes, y'en a qui sont allées à l'usine, et ma grand-mère a toujours bossé sur la propriété agricole familiale, genre) sont restées au foyer et ont « profité ». Elles n'ont pas fait de bénévolat, elles n'ont pas pondu 10 gosses, elles n'ont pas fait l'école à leurs enfants, elles n'ont pas fait de potager : elles ont « profité » de ce temps libre pour s'épanouir, voire, pour certaines, pour s'ennuyer un peu.
Et puis les nouvelles générations sont arrivées, et beaucoup sont allées bosser, parce que c'est plus moral, et aussi et peut-être surtout parce que c'est épanouissant d’être active.
Restent ces chiffres :
"En effet, malgré l’augmentation du taux d’emploi des femmes, l’écart entre femmes et hommes persiste : le taux d’emploi des femmes de 15 à 64 ans est de 60,2 % contre 68,1 % pour les hommes. Par ailleurs, la part des femmes dans l’emploi reste encore moindre par rapport à leur présence dans la société : seuls 47,5 % des emplois sont occupés par les femmes en 2011." (http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=1969)
Si ces chiffres montraient simplement que dans les couples, chacun faisant un choix éclairé, il se trouve qu'un peu plus de femmes choisissent le foyer et un peu plus d'hommes l'activité rémunératrice, tout serait bien dans le meilleur des mondes ; mais j'ai peur que pour une part, il s'agisse d'un non-choix, dicté par le sexe biologique.
Je pense que globalement, pour reprendre le fil de ce topic : ça doit être vachement plus dur pour un homme de trouver une femme qui ramène de l'argent et lui permet d'être au foyer, que l'inverse.
Et pourtant, j'aurais tendance à penser qu'il y a autant d'hommes que de femmes qui s'y trouveraient bien. Je tease encore, mais ce qui est beau dans le projet de Vilar dans son 3ème bouquin, c'est qu'elle propose d'organiser la société pour que tout le monde travaille, mais un peu, comme ça tout le monde a du temps libre, et je trouve que c'est une belle utopie pour tous les êtres humains !
Sinon on est d'accord pour dire que les femmes sont moins bien rémunérées à travail égal, sont plus souvent en temps partiel subit, plafond de verre, etc etc, mais c'est pas le sujet du topic…