@Pipistrelle. Si tu as d'autres liens, ça m'intéresse! L'idée de fond semble intéressante dans cet article mais j'avais l'impression que c'était trop survolé pour vraiment me faire une opinion! Même si effectivement, ça rejoint des notions que j'essayais d'évoquer!
@Budgies Du coup j'ai cherché et
@Dragonfena a raison, Marine Le Pen vit avec une amie d'enfance, ça été très médiatisé avec l'émission de Karine Lemarchand apparemment. Si tu googles "Marine Le Pen lesbienne" (j'ai testé pour vous
), tu verras plein plein d'articles parlant de cette cohabitation avec son amie, et perso je n'ai pas vu l'émission, mais certains articles donnent vraiment l'impression que MLP a volontairement raconté cette cohabitation de manière ambiguë en employant des termes qui peuvent parfaitement séduire certaines spectactrices lesbiennes. Exemple dans cet article qui titre sur une "folle révélation" faite par Marine Le Pen (en gros qu'elle a une coloc quoi):
<p>Elle a tourné un numéro d'Une ambition intime avec Marine Le Pen. Et Karine Le Marchand en a appris plus sur l'intimité de la présidente du Rassemblement national.</p>
www.programme-television.org
Et cette dernière (Marine Le Pen) lui a fait une confidence inattendue, lors de son passage devant les caméras de Potiche prod (la société de production de Karine Le Marchand). Séparée de Louis Alliot depuis 2019, la fille de Jean-Marie Le Pen n'a pas refait sa vie avec un autre homme depuis leur rupture, comme elle
l'a récemment confié sur un marché, alors qu'elle fait campagne.
Si son ex s'est recasé avec Véronique Lopez, artiste-peintre avec qui il vit à Perpignan, la ville dont il est maire, Marine Le Pen, elle, vit désormais avec une femme ! Comme elle l'explique dans l'émission qui sera bientôt diffusée, elle habite en colocation, depuis cinq ans, avec une de ses amies d’enfance.
Elle assume même :
"Pas d’hommes dans cette maison. Même mes chats sont des femelles…".
On est d'accord que la présentation est très ambiguë et je ne pense pas qu'il existe un terme pour la politique mais c'est un peu comme du queerbaiting mais en politique en fait : elle cultive volontairement une certaine ambiguïté pour que la communauté LGBT puisse projeter toutes sortes d'espoirs de représentativité sur elle, mais elle le fait sans se mouiller, à peu de frais, juste en mobilisant certains symboles et thèmes. Donc même si certains ne vont pas jusqu'à l'imaginer lesbienne, elle mobilise ainsi une imagerie en mode sororité/communauté de femmes gentiment misandres/lesbiennes du 19e siècle qui font semblant d'être juste "de très bonnes amies" en public alors qu'elles sont en couple, à laquelle elle sait qu'une partie de l'électorat lesbien ou sympathisant féministe sera sensible.
Et apparemment, ça fait partie de sa stratégie avec le revamping du Front National. Face à la perte de voix prises par la droite classique devenue plus raciste et conservatrice, elle a identifié un nouveau créneau : les électeurs LGBT, en particulier les hommes gays, qui ont peur de l'islam mais ne se sentent pas à l'aise avec l'homophobie de la droite tradi. Ces deux articles autour du travail de la même journaliste sur le FN il y a quelques années sont très intéressants :
Florian Philippot, « outé » par Closer, l’ex-cover boy de Têtu Julien qui rallie le FN, Minute qui évoque un « lobby gay », Jean-Marie Le Pen qui parle des « mignons » de Florent Philippot. Que se passe-t-il entre le Front national et l’homosexualité ?
www.lesinrocks.com
Marie-Pierre Bourgeois a enquêté sur les liens entre l'extrême droite et l’homosexualité dans Rose Marine, un livre vertigineux sur les coulisses du FN.
tetu.com
Ce que je trouve intéressant aussi, c'est que par exemple, Julien Odoul a l'air d'être considéré comme un personnage important pour donner une image gay-friendly au Rassemblement National. Il est même assimilé aux personnalités gays du FN. Alors qu'en fait lui-même a fait un disclaimer auprès de Valeurs Actuelles disant qu'il n'était pas homosexuel et pas non plus militant LGBT. Son image d'icône gay d'extrême-droite viendrait donc du fait qu'il a posé comme mannequin pour des magazines gay et pour des photos gay érotiques mais aussi parce qu'il a porté plainte pour homophobie de manière médiatisée. Donc ici encore, il y a une sorte de queerbaiting politique : le gars nie être gay dans un magazine d'extrême-droite (donc a minima, il n'a pas fait de coming out) et en même temps, son passé de mannequin de magazine gay ressort régulièrement dans ses biographies et il se déclare publiquement victime d'homophobie (les deux sont parfaitement possibles en tant qu'hétéro entendons-nous bien car l'homophobie concerne l'orientation sexuelle réelle ou
supposée mais clairement, Julien Odoul a choisi de faire du bruit autour de ce point : c'est une stratégie politique d'en parler).
Bref, Julien Odoul a l'air de cultiver une image ambiguë qui permet à la fois de séduire un électorat LGBT ("c'est sûr, il est gay, il n'en parle juste pas publiquement!") et de ménager un électorat homophobe ("il a dit qu'il était pas homosexuel et qu'il avait posé dans un magazine gay parce qu'il avait besoin d'argent pour payer ses études donc c'est bon").
J'ai l'impression que Marine Le Pen a adopté la même stratégie. C'est assez glaçant de voir que ça marche. Quand Karine Le Marchand avait lancé son portrait de Le Pen, ça avait été très critiqué pour contribuer à banaliser l'extrême-droite mais je ne pensais pas que ça fonctionnerait vraiment car je me disais que personne ne tombera dans le panneau... Après avoir lu ton post
@LovelyLexy je réalise que sous-estime le pouvoir du storytelling médiatique de l'extrême-droite à la Marine Le Pen, clairement.
EDIT: J'ajoute pour celles qui se diraient en lisant ça "bah du coup s'ils veulent séduire la communauté LGBT, ils vont pas faire les horreurs homophobes dont on les accuse s'ils sont au pouvoir, Macron fera pas mieux!". Vous pensez vraiment qu'un parti qui cherche à ménager les homophobes violents de ses rangs en entretenant l'ambiguïté et dont les personnalités ouvertement gay ne parlent pas des droits des personnes LGBT en dehors de sujets précis (l'islam par exemple) est digne de confiance pour retenir les déversements homophobes que ses certains de ses militants hyper-virilistes attendent?