Vous avez beaucoup écrit depuis ma dernières intervention! Il y a eu plusieurs messages hyper pertinents que je n'ai pas pris le temps de big-upper ou de citer et maintenant, vous êtes un peu lointains malheureusement pour que je vous retrouve
Comme c'est le sujet en cours, je voulais quand même réagir à l'histoire de communisme = fascisme. Non pas pour lancer un débat sur le sujet mais surtout pour les MadZ qui liraient sans avoir une grande connaissance du sujet et se demanderaient si du coup, est-ce que l'extrême-droite est vraiment pire que le reste s'il y a des gens du niveau des fascistes dans tous les camps et si un parti relativement "respectable" d'aujourd'hui vient d'un passé si trouble, est-ce qu'on ne peut pas donner sa chance à Le Pen sans la juger sur le passé du nazisme?
Déjà, je pense que ce qui est important de réaliser c'est que certaines dictatures majeures comme l'URSS ne puisaient pas spécialement leurs méthodes totalitaires dans l'idéologie communiste. On peut éventuellement argumenter que certaines mesures dictatoriales comme la confiscation des biens, l'assignation à un emploi et parfois la vie en commun obligatoire trouvent leurs sources dans les principes communistes, effectivement. En revanche, tout ce qui a trait aux camps de travail, aux massacres de certains peuples, à l'impéralisme, à l'exécution des opposants politiques, le musèlement de la presse, ça, ça relève du totalitarisme, pas spécialement du principe de la philosophie communiste, qui est un courant idéologique alimenté par de nombreux penseurs différents pas toujours 100% alignés et qui a une histoire qui date d'avant l'URSS. A l'inverse, quand on a une idéologie comme le nazisme qui prône la supériorité d'un peuple sur un autre et le besoin d'une solution finale à la question juive, là on peut clairement dire que la violence et la haine font partie intégrante d'un certain nombre d'idéologie d'extrême-droite.
Ensuite, on a vécu différents chemins du communisme en Europe : un communisme parfaitement compatible avec la démocratie et les droits humains en Europe de l'Ouest et un autre totalitaire en URSS. A l'inverse, je n'ai aucun exemple d'homme politique d'extrême-droite arrivé au pouvoir qui ait montré sa volonté de travailler en harmonie avec les droits humains et les principes démocratiques en place, il y a toujours au moins une tentative de retirer des droits à un groupe et des changer les lois dans un sens inquiétants pour les libertés publiques.
C'est important de connaître l'histoire du parti communisme en France et ailleurs en Europe parce que faire l'équivalent communistes et extrême-droite avec l'idée que les deux sont tout aussi dangereux, c'est un élément de propagande d'extrême-droite mais aussi de propagande capitaliste. C'est cette propagande capitaliste qui a entrainé la chasse aux sorcières maccarthyste aux Etats-Unis et la répression de gens pour leur idéologie réelle ou supposée de gauche, et qui explique qu'aujoud'hui encore, le communisme soit considéré comme une dangereuse idéologie aux USA.
D'abord, il faut réaliser que l'URSS sous Staline, c'était une dictature totalitaire totalement verrouillée. Les communistes français qui visitaient la Russie étaient accompagnés d'un guide, on ne leur montrait que ce qu'on voulait montrer et ce n'est pas difficile de réaliser que dans ces conditions, Staline ne leur racontait pas tranquillement tout ce qui ferait tache à l'étranger. Donc bien sûr qu'une partie des dirigeants du parti avait assez d'éléments pour réaliser que l'URSS commettait des crimes et opprimait sa population, mais une grande partie des militants pensaient que l'URSS était une utopie, une magnifique expérience sociale qui semblait montrer un certain succès. Donc tous ces militants ont construit leur pensée politique autour d'un communisme qui n'était pas synonyme de totalitarisme. La prise de conscience autour des crimes staliniens a d'ailleurs été un énorme choc pour toute une partie de la classe intellectuelle qui était très sincèrement sympathisante des idées communistes mais qui n'avaient pas cru qu'une telle situation était possible (parfois pour certains en se voilant la face, certes, parce qu'on leur racontait certaines choses et ils ne pensaient pas que ça puisse être autre chose que de la propagande anti-communiste).
A l'inverse, les pro-nazis en France pendant la guerre, bah ils avaient les nazis sous les yeux, ils savaient très exactement ce qu'on faisait aux gens. Les pro-communistes français, eux, n'avaient qu'une image très parcellaire de ce qui se passait en URSS. Dans ces conditions, toute une partie de ce mouvement politique s'est développé en démocratie, de manière parfaitement compatible avec la démocratie.
Et le parti communiste est peut-être aujourd'hui un parti minoritaire voire marginal, mais ça n'a absolument pas toujours été le cas en France. A une période, le parti communiste français était extrêmement influent. Une large partie du parlement était communiste, de nombreux maires de villes importantes étaient communistes, des ministres étaient communistes, etc. L'importance du communisme français a même nettement influencé un certain nombre de mesures sociales prises par les gouvernements successifs non communistes, comme aujourd'hui l'extrême-droite influence les gouvernements vers la prise de mesures racistes. On sait donc très bien d'expérience que dans une démocratie, le communisme à la française ne mène pas à l'autoritarisme, à des assassinats et au musèlement de la presse, et que son influence peut avoir des effets positifs sur le débat politique (du moins quand on est de gauche...).
Bref, si quelqu'un essaye de vous dire qu'il y a "aussi pire" que l'extrême-droite en citant divers partis "d'extrême-gauche", prenez ce discours avec une grosse grosse pincée de sel!
Bon, maintenant, je vais revenir en arrière dans les messages et essayer de retrouver ceux sur lesquels j'ai eu envie de rebondir un peu plus tôt