@Denis
déjà je ne suis pas entièrement d'accord avec ta première affirmation :
Le cyber-harcèlement (sujet dont on parle ici) n'existe QUE parce que les auteurs de ces méfaits peuvent agir sous anonymat.
Le harcèlement né dans le milieu scolaire, par exemple, se passe très bien de l'anonymat. Une ado que j'ai connu se faisait harceler sur le groupe facebook de sa classe où tout le monde était bien identifié. Elle recevait des sms de harcèlement de gens qu'elle avait dans son répertoire, donc identifiés. Effectivement, l'anonymat sur les grandes plateformes donne une impression d'impunité/ d'être inaccessible. Mais le phénomène de masse est tout aussi en jeu : la masse camoufle (pourquoi ça tomberait sur moi plutôt qu'un autre), elle fournit une auto-justification (j'étais pas le seul), elle provoque la peu chez la victime (un relou qui me menace, c'est un relou, 10000 relous qui me menacent, je me sens en danger dans la vie de tous les jours).
Donc on a une combinaison de beaucoup de facteurs qui ne sont pas suffisants pris de manière isolément.
Pour moi ces procès en eux-même envoient le bon signal : vous n'êtes pas inaccessible, vous n'êtes pas anonymes, regardez, on en a chopé quelques uns, il est possible de se retrouver devant un-e juge pour ce que vous faites quotidiennement en vous croyant tout puissant.
Lever l'anonymat pour ces individus condamnés serait contreproductif à mes yeux. Sachant que si l'idée d'avoir un casier, de subir la honte publique, de gérer l'affaire avec son entourage, d'être licencié et de devoir payer 2600 euros, n'est pas assez dissuasive, je vois mal comment le "et en plus on va dire ton nom à tout le monde" le sera plus. D'ailleurs, pour nous les deux condamnés sont anonymes parce qu'on ne sait pas leur nom (enfin, presque, merci
Buzzfeed) mais eux ils ne peuvent plus se sentir anonyme : c'est dans leur casier judiciaire, leur nom est sur tous les dossiers liés à l'affaire, ils ont entendu leur nom, leur adresse et leur métier prononcé à haute voix devant un public dont ils ne peuvent pas savoir de qui il est composé et dont ils ne peuvent pas savoir s'il respectera leur anonymat. Pour eux, ils ne sont plus des anonymes perdus dans la masse.
A la limite, lever l'anonymat de toutes les personnes impliquées dans le cyber-harcèlement serait productif (le final de Nerve, quelque chose comme ça), mais je ne pense pas que ça soit techniquement possible. Déjà bosser sur la modération de ce type de plateforme serait plus faisable.