Alors oui il a été un connard privilégié harceleur. Mais pas que ? Du coup je trouve assez dur de le détester complètement, surtout quand on reconnaît la complexité des autres personnages.
En même temps, les raisons sont multiples :
- James n'a jamais été ni développé, ni présent comme l'a été Rogue dans l'histoire. Ca reste un personne de second plan, alors que Rogue occupe bien plus de place. Si on avait voulu aller plus loin dans ce que l'on sait/dit de James dans les bouquins, et lui rendre justice, il aurait très probablement fallu un tome supplémentaire.
- En plus de cela, James apparait souvent à travers les yeux de Harry, qui en fait un héros parce que c'est son papounet qu'il n'a pas eu le temps de connaître, parce qu'il est mort assez injustement, parce qu'il s'était engagé du côté des gentils dans l'Ordre du Phénix, parce qu'il était facétieux, parce qu'il était le grand buddy de Patmol et Lunard. Du coup, la vision qu'on en a est totalement biaisée. Après évidemment Sirius et Remus vont pas dire "c'était un connard" parce que c'était leur buddy et qu'il est mort. On pardonne plus facilement aux morts qu'aux vivants...
- Sauf quand on s'appelle Severus Rogue, qu'on a été humilié par toute une bande - parce que même si les coups bas venaient des deux côtés, James y allait particulièrement fort mine de rien, et avait clairement un comportement de bully. Donc c'est totalement légitime qu'il le haïsse.
- Cela légitime du coup l'ampleur de la déception de Harry (et des lecteurs !!) quand il apprend que son papa n'était pas du tout la personne qu'il pensait qu'il était, et qu'il comprend pourquoi Severus le déteste, parce que finalement, son père avait plus ou moins le comportement méchant (parce que là c'est pas de facétie dont il est question) d'un Draco Malfoy à son égard (et je dis ça en considérant DM comme mon perso préféré de HP ever).
- James c'est le quater back populaire, drôle et beau, intelligent et malin, qui écrase sur son passage ceux qui ne lui plaisent pas, qu'on adore profondément jusqu'à ce qu'on découvre que c'était aussi un vrai connard.
Après, James, comme absolument tous les personnages (sauf sans doute Hermione, Luna et Neville, qui sont les seuls vrais gentils de cette histoire, ainsi que Dobby) est très nuancé, très bien construit, très bien écrit, parce que s'il est un vrai gros salaud, il n'est pas que cela. C'est aussi le cas de Harry (qui, s'il est l'élu, s'il est un courageux gryffondor, n'est clairement pas que cela, c'est le moins qu'on puisse dire), de Dumbledore, qui a longtemps été adoré (et que j'adore toujours personnellement), de Black et Lupin, de Ron, de tout le monde dans cette histoire en fait (je mets Ginny de côté, je la trouve irrémédiablement niaise, facile et sans intérêt).
Je trouverai toujours surprenant qu'on puisse reprocher à des personnages d'une histoire écrite pour des adolescents mais qui peut toujours à tout âge, de ne pas être plats et superficiels. Au contraire, ils sont riches, ils sont intéressants, ils sont nuancés, ils sont tout en irrégularités et en exception, et c'est précisément ce qui les rend précieux et aussi passionnants. Peut-être que c'est en partie du au fait que pour beaucoup de fans, c'est une vraie déception de constater que ces personnages adorés et idolatrés au moment où ils ont été découvert, pendant l'adolescence, prennent un autre visage quand ils sont (re)-découverts avec la maturité, le recul d'un adulte.