Je suis un peu surprise de lire que pointer une critique sur le cheerleading revient à dire que c'est la faute des femmes (ou alors j'ai très mal compris)

. Je trouve ça embêtant du point de vue du débat.
C'est quand même une grosse simplification de mes propos
C'est juste que là, l'article ne parle pas des deux. Il parle d'un truc en particulier. Du coup je réfléchis sur ce truc-là, et pas sur le reste.
Mais là, on parle des cheerleaders.
D'autant plus que le sujet est le cheerleading (même s'il est intéressant de pointer du doigt certains aspects du monde sportif en général).
Honnêtement, je crois que c'est bien là le problème du débat. Je ne vois pas du tout comment vous pouvez dire "le sujet c'est pas le sport, c'est les cheerleaders, donc je parle que de ça", parce que comment peut-on porter une critique politique sur une activité en refusant de regarder le contexte général TOUT EN basant la majeure partie des critiques sur des choses liées à ce contexte général?
Je l'ai dit, pour moi c'est un problème de certains courants féministes qui vont juste examiner l'activité féminine en la comparant à la norme établie par le masculin (inconsciemment jugée neutre ou positive), sans remettre particulièrement en cause cette norme masculine dans leur discours (ex: vouloir égaler les hommes dans la vie pro et politique équivaut souvent selon ce discours à adopter leurs valeurs de compétitivité et d'agressivité).
Prenons l'exemple des femmes au foyer. Quand certaines féministes disent "être femme au foyer c'est être en situation de dépendance, prisonnière des rôles assignées aux femmes, il est beaucoup plus positif de travailler pour s'émanciper que de s'occuper de sa maison et de ses enfants ", je comprends d'où elles viennent, mais c'est un avis très hâtif qui est potentiellement insultant ou humiliant pour les femmes au foyer qui CHOISISSENT de se consacrer à des fonctions domestiques plutôt qu'à un travail à l'extérieur du foyer. Elles subissent donc une double injonction : celle de se conformer à leur rôle "féminin" par une partie de la société et celle de se "libérer" de ce rôle par les féministes. Cette discussion politique n'a pas vraiment de pertinence ou d'efficacité.
Pour que la réflexion sur les femmes au foyer ait un sens, il ne faut pas se focaliser sur "la femme au foyer", même si on le fait "pour la libérer, pour son bien, pour les femmes", mais sur TOUT le contexte et notamment sur la répartition genrée des rôles. Dans ce cas-là, on n'arrive pas à la conclusion que le rôle de femme au foyer est fondamentalement sexiste et qu'il n'est pas possible qu'il soit féministe, on en arrive simplement à la conclusion que la manière dont la société répartit les rôles et le regard qu'elle pose sur cette activité est sexiste. Parce qu'en soi, vouloir s'occuper de l'éducation d'être humains n'a rien de plus dégradant et moins émancipant que de travailler qui peut être largement en soi une aliénation. Etre au foyer peut être un refuge pour des femmes en souffrance au travail et épanouie dans leur famille.
Bref, dans ce débat sur le cheerleading, je vois un peu la même simplification qui se fait que celle qu'on retrouve sur de nombreux sujets féministes comme la femme au foyer. Le fait de dire "le cheerleading est par essence sexiste parce que ça sert à valoriser les hommes et à être une potiche, donc ça ne peut pas être féministe" (ce qui a été dit plus ou moins en substance dans PLUSIEURS messages sur ce topic), ça ne se rattrape pas vraiment en disant "non mais c'est pas ces femmes que je critique, c'est leur activité qui est sexiste", parce qu'au final, l'effet est le même : on dévalorise un choix féminin et une activité aimée des femmes, on envoie à ces femmes l'impression qu'on les juge aliénées, sous couvert de dénoncer les rôles genrés, et le tout sans du tout s'interroger sur la place du masculin dans tout ça.
Quand je lis des remarques comme celles-ci :
Mais le fait est que c'est bien pour cette bande de 20 gars courant sur le terrain que toute l'animation est créee, non ? C'est bien eux le centre.
Je comprends parfaitement pourquoi tu dis ça, et c'est normal de réfléchir comme ça. Mais on peut se dire aussi : oui, et? Est-ce que c'est parce qu'on met les hommes au centre que les activités périphériques des femmes doivent continuer à être considérée comme moins importantes par les féministes? Est-ce que ce n'est pas faire le jeu de la domination masculine justement que de juger que les femmes qui ne sont pas au centre de l'attention sont dévalorisées? Des tas de métiers existent pour mettre en valeur d'autres métiers, ça n'a rien de dévalorisant.
Dans de nombreux sports, les amateurs connaissent les arbitres et les respectent. Ils signent des autographes, font l'objet d'articles dans les journaux, etc. Pourtant, personne ne paye son billet au stade pour voir courir l'arbitre. L'arbitre est là pour permettre au jeu des joueurs de s'exprimer et d'être apprécié des spectateurs, et son rôle est absolument respecté. D'autres fonctions sportives sont au service des joueurs sans autorité particulière comme le kiné, le diététicien, le présentateur... Mais personne ne va juger leur rôle dévalorisé parce qu'ils sont au service des hommes au centre de l'animation, et pourtant, ils ont encore moins de "fans" que les cheerleaders car ils ne sont pas là pour capter l'attention du public.
Le fait qu'on focalise autant sur les cheerleaders et l'essence "sexiste" de leur rôle plutôt que sur d'autres fonctions du sport-spectacle, c'est pour moi un piège, parce qu'en refusant de donner de reconnaitre la respectabilité de leur fonction sur le terrain, on admet que le classement fait par les hommes sur ce qui est valable ou pas est juste.
La société ne respecte pas les femmes. Est-ce que c'est pour ça qu'on doit critiquer les activités féminines dévalorisées socialement? Est-ce que le sujet, ce ne serait pas plutôt le discours sexiste qui existe autour des ces activités et pousse certaines pratiques à coller aux attentes patriarcales pour avoir le droit d'exister? En excluant d'emblée la pertinence de ces activités féminines dans nos discours féministes, on les oblige à chercher du soutien autrement que dans le camp de la sororité, et donc possiblement à s'aligner sur des attentes masculines.
Et si vous n'avez jamais laissé entendre que le cheerleading n'était pas une activité valable, pas la peine de me répondre avec indignation "je n'ai jamais dit ça!!!!" : je ne m'adresse pas à vous. Mais plusieurs personnes se sont exprimées dans ce sens sur ce topic. Regardez en arrière, il y a plein de remarques sur le fait d'applaudir les hommes, etc.
Se questionner sur la reproduction des normes sexistes comme tu le fais
@Patate dorée, ça me parait tout à fait légitime. Se demander pourquoi les femmes jouent un rôle périphérique plus souvent que les hommes, c'est tout aussi pertinent. A ce titre le dernier message d'
@Astipalaya est juste et rejoint ce que je dis plus haut sur le fait qu'on ne peut pas examiner le cheerleading en le séparant d'un examen du monde du sport : le fait que ce sport n'existe en périphérie que pour les hommes découle essentiellement du fait que le sport masculin est plus valorisé et qu'on ne prend pas la peine de payer des cheerleaders pour un match féminin - donc on est bien obligé de réfléchir à l'hypermasculinisation du sport pour poser un oeil critique pertinent sur le cheerleading!
Dire que le cheerleading est un sport sexiste en soi parce que les vrais stars ce sont les hommes et les filles ne sont là que pour les mettre en valeur, moi ça me parait être une fausse route féministe.
Enfin, je vois que plusieurs personnes ont répondu au message de
@Astipalaya en lui disant "c'est pas parce qu'on n'est pas concernées qu'on peut pas parler", mais en même temps, étant donné que c'est pas du tout notre culture, je trouve assez logique que ça la choque un peu qu'une majorité de Madz balancent des avis aussi négatifs sur un sport qu'elles ont essentiellement vu dans les Frères Scott et les retransmissions du Super Bowl, sans avoir particulièrement tout le contexte et les références culturelles pour comprendre la pratique réelle du sport et sa valeur sociale. Jamais je ne me permettrais de balancer des jugements négatifs et critiques affirmatifs sur un truc d'une culture que je n'ai jamais personnellement "fréquentée".
Après, si c'est vous connaissez bien les US pour y avoir vécu ou quoi, ok, pas de souci, encore une fois pas la peine de me répondre avec indignation "j'ai vécu aux US!!!", je ne m'adresse pas à vous, mais je doute que tout le monde sur ce topic soit dans ce cas (le problème des US c'est qu'on croit souvent bien les connaitre à force d'avoir vu plein de films américains, mais c'est du même genre que les Américains qui croient que tous les Français trouvent l'infidélité totalement ok et sont dépressifs après avoir vu plein de films français, sans s'en rendre compte, on interprète les créations artistiques des autres à travers nos références et nos grilles de lecture, surtout quand ça nous parait très familier, ce créé un biais qu'on ne remarque pas). Donc si vous n'êtes pas familière de la culture US ou du sport en lui-même, acceptez que peut-être que des trucs vous échappent et que ce soit pas déconnant que vous ayez une vision biaisées des choses et que ça vaille le coup de lire calmement les réponses favorables au sport.