Je suis vraiment surprise en vous lisant, je me dis que ya des expériences universitaires qui ont vraiment rien à voir avec celle que j'ai, et pourtant, j'ai fréquenté des cours d'au moins trois cursus différents (mais tous à la fac publique)!
@Tartelette par exemple, je n'ai absolument pas eu cette expérience des cours de droit, à part le prof chiant qui lisait des chapitres du manuel qu'il avait écrit d'une voix monocorde en faisant des grandes pauses entre les paragraphes et qui était donc ultra soporique, les autres profs ne dictaient pas du tout leur cours, et même celui qui lisait un texte, bah il suffisait d'acheter son bouquin! D'ailleurs ma pire note de fac ça a été à un oral de droit où j'avais pourtant appris quasiment par coeur mes fiches, et le prof m'avait dit que ça le gonflait les élèves qui "comme vous" ne travaillaient pas
Mais en fait, il avait en quelque sorte raison, parce que la fac en vrai, ce n'est absolument pas apprendre la matière à partir des notes d'amphi, du moins dans les cursus que j'ai fait.
Je n'ai jamais perçu le fait d'aller en cours pendant que d'autres glandaient au café comme injuste pour moi si jamais ils voulaient mes cours ensuite, parce qu'aller en cours me paraissait absolument essentiel. C'était là qu'on comprenait vraiment l'essence de la matière, ce qui était impossible dans de simples notes. C'était aussi là qu'on avait tous les exemples pas possibles à comprendre vraiment sur des notes, surtout celles de quelqu'un d'autres, mais qui étaient vraiment éclairantes. Et puis je sais, en principe on est censés un minimum aimer ce qu'on apprend ou avoir de la curiosité intellectuelle donc satisfaisante pour sa matière, donc je trouve qu'au contraire, c'est celui qui est assidu en cours qui est la personne à envier et celui qui n'y va jamais qu'on peut plaindre.
Honnêtement, j'avais énormément de peine pour les "glandeurs" qui séchaient tous les cours en licence. Alors oui, on était 800 en 1ère année, yavait pas de compétition ou quoi, mais je savais très bien que ceux qui ne venaient pas décrocheraient bientôt, perdraient une année ou abandonneraient avant d'avoir leur diplôme, et s'ils restaient inscrits jusqu'au bout, leurs notes seraient probablement pas glorieuse. Et ça s'est confirmé, yavait pas de classement mais un jour je me suis amusée à compter le nombre d'élèves qui avait eu plus de 10 du premier coup aux partiels sur les 800, et ceux qui avaient eu une mention. On devait être 200 à avoir eu plus de 10 et genre 60 à avoir eu une mention (donc plus de 12). Et j'allais à tous les cours de TD et d'amphi donc en voyant les noms, je voyais très bien que dans les 60, je voyais qui était la plupart d'entre eux, parce que c'étaient les autres élèves assidus! Les noms inconnus, ceux que je ne voyais jamais, ben ils passaient aux rattrapages, et ça me paraitrait extrêmement étrange de leur en vouloir pour flinguer leur propre avenir, au contraire, je trouve ça triste
D'ailleurs, je pense que même les absentéistes voyaient très bien qu'aller en cours était bien plus important que des notes. Il y a eu un long blocage à ma fac pendant ma première année et un de nos profs faisait cours au café en compensation. Ces cours n'étaient pas comptabilisés dans la note finale, il avait été prévu qu'aucun exam ne porte dessus mais notre prof pensait que c'était important qu'on ait la possibilité de pouvoir acquérir ces connaissances pour avoir de bonnes bases dans la matière et poursuivre correctement nos études. Mes potes bloqueurs m'ont carrément rejetée pour aller à ces cours, même si je leur donnais mes notes, et le prof (qui envoyait une synthèse par mail de ce qu'on avait vu au café à tout le TD) se recevait des mails d'insultes parce que les gens savaient très bien qu'on ne peut pas rattraper un vrai cours avec quelques phrases résumées.
En plus, dans certaines matières de la fac l'intérêt comparé aux grandes écoles, c'est que l'emploi du temps est suffisamment souple pour permettre aux étudiants de travailler en parallèle de leurs études. J'avais des potes qui travaillaient quasiment 35 heures par semaine, alors forcément, ils ne pouvaient pas aller à tous les cours.
Il y a aussi le statut "examen final" qui fait qu'on a le droit d'aller aux TD en auditeur libre mais qu'on est noté juste sur les partiels finaux. Beaucoup d'élèves faisaient ça, ils ne venaient pas aux amphis, venaient de temps en temps en TD et se pointaient aux exams. Ils pouvaient faire ça parce qu'ils bossaient à côté, qu'ils avaient des enfants, qu'ils avaient la santé fragile, des difficultés de socialisation, des difficultés d'assiduité (parce que pour certains sortis du lycée, l'école était une souffrance donc pas forcément facile de se discipliner pour aller en cours), ou se sentir paumés parce que trop libres après l'encadrement du lycée. Au bout de 3 TD manqués, on était d'ailleurs automatiquement requalifié dans ce statut.
Et on savait TOUS que le statut d'examen final était un statut très dur qui menait à beaucoup d'échecs, que c'était un peu la dernièr chance désespérée de certains ou la seule possibilité des autres, on ne les enviait pas du tout d'avoir ce statut. Les profs eux-mêmes avaient un peu pitié de ces étudiants.
Du coup, dans ma fac, je n'ai jamais vu aucun étudiant vraiment bon et assidu refuser de donner ses notes à qui que ce soit. Les seuls qui refusaient étaient les faux premiers de la classe ultra compétitifs qui étaient frustrés d'être à la fac plutôt qu'à Sciences Po ou HEC, mais ceux qui ont vraiment continué la matière en Master ou en Doctorat, ou qui sont même aujourd'hui devenus profs, bah JAMAIS ils n'auraient refusé de prêter leurs notes, car ils savaient très bien qu'on n'a pas à décider qui les mérite ou non, que leur travail d'étude était un atout pour eux-même et non une grosse galère injuste, et que de toute façon, ce n'était pas ces notes qui allaient faire une grosse différence... par contre, elles pouvaient aider la fille tombée enceinte à 20 ans et revenue aux études à 25, le mec qui bosse chez Carrefour toute la semaine ou celui qui tout simplement a mal géré son premier semestre. Et pourquoi on voudrait les couler encore plus qu'ils ne le sont déjà? En plus, on ne demandait à personne de se justifier, et nous-mêmes on demandait parfois des cours à des inconnus car c'était normal chez nous.
Après, j'étais dans des cursus avec beaucoup d'étudiants, un grand choix d'horaires et donc pas vraiment d'esprit de promo, donc c'était normal que quelquu'n ne te parle pas de toute l'année et te demande les cours juste avant les partiels : à la base, yavait tellement de gens à qui on ne parlait pas, que ça n'avait rien d'insultant ou choquant, on n'était pas "ignoré" ou quoi. Dans une plus petite promo, je peux comprendre que ça fasse chier que des gens ne te calculent pas et soudain sont gentils juste pour tes cours. Dans mes cursus, c'était juste une solidarité normale entre étudiants.