Ce que je trouve dommage dans les réactions des Madz (pas forcément celles qui ont témoigné d'ailleurs), c'est la tendance manichéenne et d'isolement des acteurs.
Le problème de l'harcèlement ne vient pas que des harceleurs, des spectateurs, des profs, des parents... C'est la combinaison de tout. Ce n'est pas parce qu'un article est consacré à une catégorie particulière que les autres sont isolés, c'est d'ailleurs ce qui est évoqué dans le présent article.
J'ai été harcelée, je crois que j'ai été harceleuse.
Cette formulation, "je crois que", peut en choquer certains, et je m'en excuse d'avance. Si j'emploie cette formule, c'est bien parce que j'ai le doute.
J'étais en primaire, c'était une fille dont la grand-mère était amie et voisine avec la mienne. Ce que ma mémoire me dit, c'est que nos deux grands-mères ont voulu "imposer" une amitié alors que nous n'avions pas d'atomes crochus. Du coup, je ne parlais pas à cette fille, et à l'école, je l'ai exclue d'une activité dont j'étais la leader.
C'est arrivé une fois. Une seule putain de fois que je regrette, et c'est cette unique fois qui me laisse penser que l'avoir mise de côté a fait de moi une harceleuse. Et puis, dans un second temps, je me dis "non, je n'ai pas été une harceleuse, juste une petite conne. Mais en même temps, on ne peut pas forcer une amitié". Voilà, je n'en sais rien. Je pense que cela va sans doute choquer, parce que certaines madz ont pu se retrouver dans la situation de la fille à qui on adresse pas la parole (je précise tout de même que tout le monde lui parlait plus ou moins, selon les affinités, et qu'elle n'a jamais été exclue de la classe, juste de ma "sphère"). En somme, je me sens comme @
Styxounette.
Et puis, donc, l'harcèlement que j'ai subi. Parce qu'au collège, j'ai sauté une classe. Ceux qui étaient avec moi en sixième considéraient que c'était illégitime, qu'une copine à eux auraient du sauter la cinquième à ma place.
En même temps, un garçon de la classe partait en Champagne, son père étant muté. On m'a mis ça sur le dos, comme si c'était de ma faute. En cours de sport, on m'a jeté des cailloux pour cette raison, sans que personne n'intervienne, pas même le prof.
En quatrième, ça a continué (pour resituer, j'ai sauté la cinquième : je suis donc passée de la sixième à la quatrième directement). Il était facile pour certains de faire chier la gamine de 11 ans qu'ils imaginaient marcher sur leurs plate-bandes. Ce fut d'ailleurs très surprenant pour moi de voir que les "intellectuels" de la classe ne l'étaient vraiment pas. Je pensais qu'ils seraient plus matures que cela, puisque les intellos sont souvent pointés du doigt.
J'étais donc harcelée par certains élèves de quatrième, et les anciens élèves de sixième (qui me pistaient, me suivaient en récré, à la cantine, etc).
Dieu merci, mes parents sont intervenus en me retirant de la cantine mais aussi en venant sur place, prendre les gamins responsables entre quatre yeux. D'abord ceux de sixième - l'intervention de ma mère a suffi - ensuite ceux de quatrième - où super papa est intervenu avec son mètre 75 et ses muscles
. Un seul petit con continuait à m'emmerder, sans que je le dise à qui que ce soit.
Bien évidemment, je sais que cela a eu une incidence sur ce que je suis. Il m'a fallu faire appel à des tonnes de courage pour oser écrire et poster ce message. Je suis secrète, je ne dis pas grand chose, ait du mal à m'ouvrir aux autres, à leur faire confiance...
(et on m'applaudit bien fort, parce que j'ai vachement perdu le fil de ce que je voulais écrire au départ)
Je crois que, dans la conscience collective, beaucoup d'actions des enfants sont vues, justement, comme des actions innocentes, des "ils ne savent pas ce qu'ils font". Alors attention, je ne suis absolument pas pour le dépistage des criminels à 3 ans, je dis simplement que la prévention, le dialogue, les explications doivent avoir lieu, sans se réfugier derrière le "c'est un enfant". Mais ce n'est pas une solution universelle, et je n'ai pas la prétention d'en avoir une.
Je pense aussi que sur le coup, les harceleurs ne se rendent pas compte qu'ils sont des harceleurs. La prise de conscience vient en même temps que le recul (du moins, c'est mon interprétation).
Je trouve même que certaines, en s'en prenant à @
La Gloïre, reproduisent un certain schéma de harcèlement. Oui, c'est choquant ce que j'écris. Mais il y a tout de même un petit effet de groupe, le fait de la voir comme une harceleuse à l'heure actuelle (alors que je crois qu'elle est repentie) (je dis ça sans la connaître, mais c'est ce que ses propos m'inspirent) et de lui tomber dessus comme si elle représentait tous les harceleurs du monde.
En soi, cet article est également une leçon pour les commentaires, puisque mine de rien, on retrouve les mécanismes décrits sur le forum, envers une ancienne harceleuse. C'est vraiment intéressant, je dis ça sans ironie aucune.
Tout ceci me fait penser par analogie à la réaction des gens face au droit pénal, mais je crois que j'ai déjà suffisamment écrit (Si @Fab continue de lire, il doit s'être pété les yeux ).