Harcèlement scolaire : parole aux « harceleuses »

17 Mars 2013
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chasc;4260956 a dit :
Et je me demandais s'il était possible de poursuivre cet article, en fait. Est-ce que la rédaction pourrait faire intervenir un-e/des "expert-es" et/ou des personnes en position d'autorité présentes dans les écoles/collèges/lycées ?
On a eu le point de vue des harcelées et des harceleuses et il nous manque celui-là. Et d'après ce que j'ai lu dans les commentaires (et d'après ce que je pense aussi :)), ils jouent un rôle central dans la prise en charge/non prise en charge de ces violences.

Moi le seul feedback que j'ai jamais eu de la part des autorités éducatives, c'est le commentaire de mon institutrice de CM2 sur la photo de classe d'un de mes camarades sur Facebook... "Oh vous savez, vous n'étiez pas si terribles que ça, de bons vivants, pas méchants, mais un peu remuants. À l'heure actuelle, par contre..."

Première réaction => cette dame n'a donc jamais vraiment pris conscience du traitement que "certains" (ahem) ont subi et des traces durables qu'elles laissent...
Deuxième réaction => Si c'est encore pire maintenant ça fait vraiment peur... À l'époque je recevais des coups de latte dans le dos, maintenant ce seraient des coups de couteau?!

Mais je peux facilement imaginer qu'un enfant/ado harcelé aujourd'hui n'ait plus grand chose à voir avec un enfant harcelé dans les années 90, tout simplement parce qu'aujourd'hui, avec l'internet et le téléphone portable, ils ne sont tout simplement plus jamais "à l'abri". Moi, quand j'étais gamine et que ça n'allait pas à l'école, je rentrais chez moi et je me réfugiais dans mon petit monde rassurant. Les gamins d'aujourd'hui, même chez eux, ils sont en proie aux attaques sur Facebook ou par sms... Psychologiquement ça doit être très dur de ne plus avoir de "refuge" contre les harceleurs.
 
M

Membre supprimé 146616

Guest
OK, j'aimerais vous raconter une petite histoire vraie, celle de Ryan.

http://www.ryanpatrickhalligan.org/
http://xiaoyuannn.wordpress.com/2011/09/13/stop-cyber-bullying/

Ryan était un garçon sensible, gentil, et qui se faisait harceler à son école. Il essayait de garder malgré tout la tête haute. En 2003, il a sympathisé avec Ashley, une jolie fille "populaire" sur Internet. Il pensait qu'ils allaient sans doute sortir ensemble. Seulement, quand ils se sont rencontrés dans le monde réel, la fille lui a dit devant ses amis qu'il était un loser, qu'elle ne sortirait jamais avec lui et qu'elle se moquait de lui depuis le début. Leurs conversations ont fait le tour du net, les gens se sont moqués et Ryan, qui était déjà dépressif à la base, est allé dire à Ashley "c'est à cause de filles comme toi que j'ai envie de me tuer". Ensuite, il s'est suicidé. Il avait 13 ans.

Quand Ashley l'a sû, elle a été complètement horrifiée. Elle a même dit à John, le père de Ryan qu'elle voulait se suicider à son tour parce qu'elle ne supportait pas l'idée d'avoir tué Ryan. John lui a dit de ne pas se tuer. On raconte même qu'il lui aurait dit "tu as fait quelque chose de mal mais tu n'es pas une mauvaise personne".

Par la suite, le papa de Ryan a fait le tour des écoles pour leur raconter l'histoire de son fils et dire aux enfants de prendre la défense de leurs petits camarades harcelés. Il est aussi apparu à la télé pour donner son avis sur le harcèlement, et Ashley est apparue dans la même émission et a aussi dit à quel point le harcèlement, c'est mal. Par la suite, John a gardé le contact avec la famille d'Ashley.

Si je vous dis ça, c'est parce que j'ai été harcelée moi-même. Je ne sais pas comment je réagirais si je rencontrais quelqu'un de l'époque. Je suppose que ça dépendrait de son comportement à lui/elle. Cependant, je ne veux pas me ronger le coeur ni me définir toute ma vie comme une victime. Il est temps d'aller de l'avant.

Qu'on aie été d'un côté ou de l'autre, il est difficile de combattre ses démons intérieurs. J'ai longtemps lutté avec ma honte (honte d'avoir été une victime!) et je crois que toutes les Ashley ont leurs démons à elles. Je ne dis pas que toutes les harceleuses sont comme Ashley (c'est à dire conscientes de la gravité de ce qu'elles ont pu faire) mais il y en a et il faut leur laisser une chance. On n'avance pas si on fait exprès de traîner des boulets. Ryan est mort et c'est nul (et au passage, je ne conseille à personne de se suicider) mais il y a des gens qui avancent et vont de l'avant. Même si on n'a pas un passé génial, on peut avoir une vie formidable, il suffit de s'en donner les moyens.
 
  • Big up !
Réactions : Maud Kennedy
2 Septembre 2011
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Ce que je trouve dommage dans les réactions des Madz (pas forcément celles qui ont témoigné d'ailleurs), c'est la tendance manichéenne et d'isolement des acteurs.

Le problème de l'harcèlement ne vient pas que des harceleurs, des spectateurs, des profs, des parents... C'est la combinaison de tout. Ce n'est pas parce qu'un article est consacré à une catégorie particulière que les autres sont isolés, c'est d'ailleurs ce qui est évoqué dans le présent article.

J'ai été harcelée, je crois que j'ai été harceleuse.

Cette formulation, "je crois que", peut en choquer certains, et je m'en excuse d'avance. Si j'emploie cette formule, c'est bien parce que j'ai le doute.
J'étais en primaire, c'était une fille dont la grand-mère était amie et voisine avec la mienne. Ce que ma mémoire me dit, c'est que nos deux grands-mères ont voulu "imposer" une amitié alors que nous n'avions pas d'atomes crochus. Du coup, je ne parlais pas à cette fille, et à l'école, je l'ai exclue d'une activité dont j'étais la leader.
C'est arrivé une fois. Une seule putain de fois que je regrette, et c'est cette unique fois qui me laisse penser que l'avoir mise de côté a fait de moi une harceleuse. Et puis, dans un second temps, je me dis "non, je n'ai pas été une harceleuse, juste une petite conne. Mais en même temps, on ne peut pas forcer une amitié". Voilà, je n'en sais rien. Je pense que cela va sans doute choquer, parce que certaines madz ont pu se retrouver dans la situation de la fille à qui on adresse pas la parole (je précise tout de même que tout le monde lui parlait plus ou moins, selon les affinités, et qu'elle n'a jamais été exclue de la classe, juste de ma "sphère"). En somme, je me sens comme @Styxounette.

Et puis, donc, l'harcèlement que j'ai subi. Parce qu'au collège, j'ai sauté une classe. Ceux qui étaient avec moi en sixième considéraient que c'était illégitime, qu'une copine à eux auraient du sauter la cinquième à ma place.
En même temps, un garçon de la classe partait en Champagne, son père étant muté. On m'a mis ça sur le dos, comme si c'était de ma faute. En cours de sport, on m'a jeté des cailloux pour cette raison, sans que personne n'intervienne, pas même le prof.
En quatrième, ça a continué (pour resituer, j'ai sauté la cinquième : je suis donc passée de la sixième à la quatrième directement). Il était facile pour certains de faire chier la gamine de 11 ans qu'ils imaginaient marcher sur leurs plate-bandes. Ce fut d'ailleurs très surprenant pour moi de voir que les "intellectuels" de la classe ne l'étaient vraiment pas. Je pensais qu'ils seraient plus matures que cela, puisque les intellos sont souvent pointés du doigt.
J'étais donc harcelée par certains élèves de quatrième, et les anciens élèves de sixième (qui me pistaient, me suivaient en récré, à la cantine, etc).

Dieu merci, mes parents sont intervenus en me retirant de la cantine mais aussi en venant sur place, prendre les gamins responsables entre quatre yeux. D'abord ceux de sixième - l'intervention de ma mère a suffi - ensuite ceux de quatrième - où super papa est intervenu avec son mètre 75 et ses muscles :cretin:. Un seul petit con continuait à m'emmerder, sans que je le dise à qui que ce soit.

Bien évidemment, je sais que cela a eu une incidence sur ce que je suis. Il m'a fallu faire appel à des tonnes de courage pour oser écrire et poster ce message. Je suis secrète, je ne dis pas grand chose, ait du mal à m'ouvrir aux autres, à leur faire confiance...

(et on m'applaudit bien fort, parce que j'ai vachement perdu le fil de ce que je voulais écrire au départ)

Je crois que, dans la conscience collective, beaucoup d'actions des enfants sont vues, justement, comme des actions innocentes, des "ils ne savent pas ce qu'ils font". Alors attention, je ne suis absolument pas pour le dépistage des criminels à 3 ans, je dis simplement que la prévention, le dialogue, les explications doivent avoir lieu, sans se réfugier derrière le "c'est un enfant". Mais ce n'est pas une solution universelle, et je n'ai pas la prétention d'en avoir une.

Je pense aussi que sur le coup, les harceleurs ne se rendent pas compte qu'ils sont des harceleurs. La prise de conscience vient en même temps que le recul (du moins, c'est mon interprétation).
Je trouve même que certaines, en s'en prenant à @La Gloïre, reproduisent un certain schéma de harcèlement. Oui, c'est choquant ce que j'écris. Mais il y a tout de même un petit effet de groupe, le fait de la voir comme une harceleuse à l'heure actuelle (alors que je crois qu'elle est repentie) (je dis ça sans la connaître, mais c'est ce que ses propos m'inspirent) et de lui tomber dessus comme si elle représentait tous les harceleurs du monde. 
En soi, cet article est également une leçon pour les commentaires, puisque mine de rien, on retrouve les mécanismes décrits sur le forum, envers une ancienne harceleuse. C'est vraiment intéressant, je dis ça sans ironie aucune.

Tout ceci me fait penser par analogie à la réaction des gens face au droit pénal, mais je crois que j'ai déjà suffisamment écrit (Si @Fab continue de lire, il doit s'être pété les yeux :cretin:).
 
9 Mars 2013
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fenotte;4261187 a dit :
Moi le seul feedback que j'ai jamais eu de la part des autorités éducatives, c'est le commentaire de mon institutrice de CM2 sur la photo de classe d'un de mes camarades sur Facebook... "Oh vous savez, vous n'étiez pas si terribles que ça, de bons vivants, pas méchants, mais un peu remuants. À l'heure actuelle, par contre..."

Première réaction => cette dame n'a donc jamais vraiment pris conscience du traitement que "certains" (ahem) ont subi et des traces durables qu'elles laissent...
Deuxième réaction => Si c'est encore pire maintenant ça fait vraiment peur... À l'époque je recevais des coups de latte dans le dos, maintenant ce seraient des coups de couteau?!

Je pense qu'il serait précisément important de savoir pourquoi les équipes pédagogiques ne jouent pas toujours leur rôle dans des cas de harcèlement scolaire (comme celui que tu décris).
Il me semble que c'est (entre autres) un problème de formation et donc de compétences: si un prof n'a pas été exposé à ce problème personnellement, il pourra avoir tendance à le minimiser s'il n'a pas été informé des conséquences que cela pouvait avoir. Ou peut-être qu'il ne fera pas le lien entre ce qui se passe devant lui et le harcèlement (un peu comme certains hommes minimisent la gravité du harcèlement de rue ou ne voient pas le rapport entre une main aux fesses dans le métro et une agression sexuelle).

Mais je pense au post d'une Mad (je ne retrouve pas son message, c'est dommage car il était vraiment intéressant) ancienne harcelée et maintenant prof qui connaît donc bien le problème et qui expliquait néanmoins qu'elle avait l'impression que ses interventions à ce sujet avaient été insatisfaisantes.

Donc il n y a pas de réponse facile et simple à apporter à ce problème. Il s'agirait peut-être plutôt d'en exposer les tenants et les aboutissants en prenant du champ => en s'intéressant aux adultes: profs, "experts", mais aussi parents, comme le faisait remarquer Fab.
Pourquoi le harcèlement dure-t-il sur des années (= pourquoi échoue-t-on à le faire cesser?)? Pourquoi certains adultes semblent-ils penser qu'il s'agit d'un problème de gosses qui ne mérite pas leur intervention? Pourquoi les enfants/ados ont-ils l'impression qu'ils ne peuvent pas impliquer les adultes?
 
26 Avril 2013
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Le phénomène va parfois plus loin que le refus d'intervenir, certains professeurs participent inconsciemment ou non au harcèlement d'un élève et il en va de même pour l'administration. Je ne dis pas cela uniquement parce que je l'ai vécu, mais aussi parce que j'ai récupéré des témoignages d'amis professeurs qui se trouvent souvent en minorité à s'opposer à ce phénomène et courent le risque de l'exclusion sociale s'ils agissent ou s'opposent aux professeurs qui participent au harcèlement et/ou ferment les yeux (par ailleurs, certains professeurs ont harcelé dans leur jeunesse et continuent).

Les arguments sont toujours les mêmes :
-l'élève est trop sensible, il doit s'endurcir,
-c'est un peu de sa faute, il n'a qu'à s'intégrer,
-c'est un peu de sa faute, il est différent / stupide / handicapé et n'arrive pas à montrer qu'il est comme tout le monde,
-ce sont des gamineries, ça leur passera  ("trop sensible"),
-tous les ados vont mal, c'est pas inquiétant,
-ça va forger son caractère, y a pas mort d'homme,
-il ne va pas mal, c'est la crise d'ado,
-les agresseurs n'ont pas une vie facile, il avait qu'à etre plus fort / se défendre / ignorer.

Sans compter les administrations qui cherchent à éviter les histoires et les plaintes pour la réputation de l'établissement.

EDIT : Et je précise bien que ce n'est pas partout comme ça ni le cas de tous les profs, mais ça existe.
 
Dernière édition :
25 Février 2013
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neia;4261393 a dit :
chasc;4261344 a dit :
Je pense qu'il serait précisément important de savoir pourquoi les équipes pédagogiques ne jouent pas toujours leur rôle dans des cas de harcèlement scolaire (comme celui que tu décris).
Il me semble que c'est (entre autres) un problème de formation et donc de compétences: si un prof n'a pas été exposé à ce problème personnellement, il pourra avoir tendance à le minimiser s'il n'a pas été informé des conséquences que cela pouvait avoir.
Je ne pense pas que ce soit une question de compétences.
Je pense que l'environnement-classe ne permet pas non plus aux enseignants d'être toujours bien vigilants sur ce genre de comportements, que l'on ait été victime de harcèlement ou non...

Les classes à 35 n'y seraient-elles pas pour quelque chose ?
Comment peut-on attendre d'un adulte de gérer les conflits dans un groupe aussi important, qu'il ne voit que quelques heures par semaine, tout en essayant de leur enseigner quelque chose ?

L'école, c'est quasiment le seul endroit où l'on rencontre l'autre : celui ou celle qui vient d'un autre quartier, d'un autre milieu social, qui a un autre système de valeurs.
Cette rencontre est presque toujours explosive, car c'est la découverte de la différence : quelque chose auquel nous sommes naturellement réticents, que nous devons apprendre. Or l'école ne nous prépare pas à cette découverte de la différence, elle nous jette dedans et nous laisse nous débattre. Et les profs ne peuvent pas s'occuper de chaque individu avec ses particularités, ils doivent gérer le groupe. Je dis bien gérer, comme des marchandises, en oubliant l'aspect social. Alors que l'enseignement le plus important de l'école, c'est la vie en société.
 
9 Mars 2013
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neia;4261393 a dit :
chasc;4261344 a dit :
Je pense qu'il serait précisément important de savoir pourquoi les équipes pédagogiques ne jouent pas toujours leur rôle dans des cas de harcèlement scolaire (comme celui que tu décris).
Il me semble que c'est (entre autres) un problème de formation et donc de compétences: si un prof n'a pas été exposé à ce problème personnellement, il pourra avoir tendance à le minimiser s'il n'a pas été informé des conséquences que cela pouvait avoir.
Je ne pense pas que ce soit une question de compétences.
Je pense que l'environnement-classe ne permet pas non plus aux enseignants d'être toujours bien vigilants sur ce genre de comportements, que l'on ait été victime de harcèlement ou non...

Mes parents sont instits' en maternelle. C'est un âge où les violences entre enfants (et donc les comportements de harcèlement) sont relativement repérables car la violence à cet âge est surtout physique (enfants qui mordent, crachent, cognent leurs camarades).
Mais quand on grandit, cette violence devient davantage verbale. Difficile pour un enseignant de repérer dans une salle de 25 gamins les phrases assassines, souvent dites tout bas...
Même en ayant conscience des impacts de propos violents entre élèves, l'enseignant ne peut pas non plus se permettre de ne plus faire cours pour écouter tout ce qui se dit dans sa classe.
Le devoir premier de l'enseignant est d'enseigner. Même si son métier nécessite d'intervenir sur des domaines plus sociaux/psy, ils ne sont pas formés pour ça. Ils ne sont pas non plus censés être psychologues ou assistants sociaux/maternels.
On peut les sensibiliser davantage, mais c'est -à mon avis- difficile de demander aux enseignants d'être compétent à la fois dans leur cours, leur enseignement, leur communication, leur gestion des conflits avec les parents/les élèves, sensibles aux difficultés d'apprentissages, aux difficultés psychologiques, aux difficultés d'intégration et de bien-traitance de tous leurs élèves... :erf:

Seuls, les enseignants/professeurs ne peuvent pas tout faire. Ils ont besoin eux aussi de soutien, de personnes compétentes dans ces domaines pour gérer tout cela...

Je réfléchissais à ce problème en tant que future prof. Je n'ai jamais reçu de formation à ce sujet et je doute en recevoir avant d'enseigner. Par conséquent, je ne m'estime pas être en possession des compétences nécessaires pour réagir efficacement à ce genre de situation. Et quand bien même j'aurais reçu une formation, rien ne me dit que je saurai appliquer l'enseignement théorique reçu. Je ne m'estime donc pas compétente sur ce sujet (si j'en crois la définition du Larousse, la "compétence" consiste en "l'aptitude d'une autorité à effectuer certains actes").
Il ne s'agissait pas de mettre en accusation les professeurs mais de pointer un problème: le manque d'information et de formation en ce domaine.

Je suis d'accord avec toi, il faut que les profs aient des personnes vers qui se tourner s'ils ont l'impression d'être face à un cas de harcèlement scolaire (et il s'agit là d'une situation "idéale" car, pour avoir vécu quelque chose qui se rapprochait du harcèlement, je sais bien que c'est resté complètement invisible au monde adulte parce que c'était insidieux et surtout verbal, comme tu dis).

Il y a clairement un problème: ceux qui sont sur le terrain (= les profs, les pions...) "ne sont pas formés pour ça", ceux qui le sont (psys, infirmiers..) ne sont pas présents sur le terrain et il faut donc que quelqu'un les sollicite pour qu'ils puissent agir. Enfin, les parents ne sont ni sur le terrain, ni formés pour ça.
 
30 Juillet 2008
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Pour répondre à la question concernant l'équipe éducative (ou plutôt aborder un début de réponse):

Je viens d'être diplômée pour devenir prof, et il faut bien admettre que c'est une question qui m'angoisse assez. Je ne suis pas DU TOUT formée pour repérer et réagir dans le cadre du harcèlement.

Déjà, comment repérer le harcèlement? Pour la majorité, ce n'est pas dans la classe que cela se passe. On n'est pas présents tout le temps, on ne peut pas tout voir, et ni l'un ni l'autre parti ne hurle "ATTENTION HARCELEMENT" quand cela se produit. Alors comment le voir? Et comment distinguer un véritable harcèlement de chamailleries d'adolescents, parfois même par camaraderie, puisque c'est de plus en plus courant?

En imaginant qu'on croie repérer du harcèlement, ou bien qu'un témoin quelconque vienne nous en parler, comment réagir? J'aurais toujours peur, soit d'accuser quelqu'un à tort (je l'ai dit, de l'extérieur la limite entre véritable harcèlement et dispute ou antipathie entre deux personnes est assez floue), soit, et c'est le pire, de rendre la vie de la personne harcelée encore plus difficile.

Imaginons. Je convoque un élève soupçonné de harcèlement.
1) avec quelles preuves? Il va pas dire "ouais complètement madame, j'adore harceler Untel." Ce sera sa parole contre celle du témoin.
2) quel discours lui tenir? Comment lui expliquer la gravité de son acte sans pour autant l'infantiliser?
3) Quelle punition? comment faire pour faire passer un message constructif, pour tenter de faire vraiment changer un comportement? Je ne pense pas qu'une note dans le cahier de correspondance et deux heures de retenue puisse vraiment faire bouger les choses.
4) Comment être sûre qu'après ce dialogue, il ne va pas s'énerver de plus belle sur la victime, parce que celle-ci aurait cafté? (raison pour laquelle les victimes se plaignent assez rarement à l'équipe éducative, d'ailleurs).

Je commence à peine dans le métier, ce n'est donc pas à proprement parler un témoignage. Mais voilà l'état d'esprit dans lequel j'aborde la situation aujourd'hui. Qui sait, ça peut peut-être répondre à certaines questions concernant l'absence de réponse/les réponses inappropriées venant parfois de l'équipe éducative.

Et je suis preneuse de tout autre conseil venant d'un membre plus expérimenté de l'équipe éducative, car je n'ai vraiment pas réponse aux questions que je pose.
 

Clemence Bodoc

Persistante
21 Juillet 2010
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mamzelle-nutella;4261587 a dit :
Pour répondre à la question concernant l'équipe éducative (ou plutôt aborder un début de réponse):

Je viens d'être diplômée pour devenir prof, et il faut bien admettre que c'est une question qui m'angoisse assez. Je ne suis pas DU TOUT formée pour repérer et réagir dans le cadre du harcèlement.

Déjà, comment repérer le harcèlement? Pour la majorité, ce n'est pas dans la classe que cela se passe. On n'est pas présents tout le temps, on ne peut pas tout voir, et ni l'un ni l'autre parti ne hurle "ATTENTION HARCELEMENT" quand cela se produit. Alors comment le voir? Et comment distinguer un véritable harcèlement de chamailleries d'adolescents, parfois même par camaraderie, puisque c'est de plus en plus courant?

En imaginant qu'on croie repérer du harcèlement, ou bien qu'un témoin quelconque vienne nous en parler, comment réagir? J'aurais toujours peur, soit d'accuser quelqu'un à tort (je l'ai dit, de l'extérieur la limite entre véritable harcèlement et dispute ou antipathie entre deux personnes est assez floue), soit, et c'est le pire, de rendre la vie de la personne harcelée encore plus difficile.

Imaginons. Je convoque un élève soupçonné de harcèlement.
1) avec quelles preuves? Il va pas dire "ouais complètement madame, j'adore harceler Untel." Ce sera sa parole contre celle du témoin.
2) quel discours lui tenir? Comment lui expliquer la gravité de son acte sans pour autant l'infantiliser?
3) Quelle punition? comment faire pour faire passer un message constructif, pour tenter de faire vraiment changer un comportement? Je ne pense pas qu'une note dans le cahier de correspondance et deux heures de retenue puisse vraiment faire bouger les choses.
4) Comment être sûre qu'après ce dialogue, il ne va pas s'énerver de plus belle sur la victime, parce que celle-ci aurait cafté? (raison pour laquelle les victimes se plaignent assez rarement à l'équipe éducative, d'ailleurs).

Je commence à peine dans le métier, ce n'est donc pas à proprement parler un témoignage. Mais voilà l'état d'esprit dans lequel j'aborde la situation aujourd'hui. Qui sait, ça peut peut-être répondre à certaines questions concernant l'absence de réponse/les réponses inappropriées venant parfois de l'équipe éducative.

Et je suis preneuse de tout autre conseil venant d'un membre plus expérimenté de l'équipe éducative, car je n'ai vraiment pas réponse aux questions que je pose.

Alors je n'ai aucune compétence certifiée sur la question, j'émets juste une idée : 

Plutôt que de confronter harceleur/victime, avec toutes les difficultés et les conséquences que tu décris, est-ce qu'il n'est pas envisageable de faire un cours un peu spécial pour apprendre aux enfants les dynamiques de groupe ? 

Une enseignante avait fait ça aux US en pleine période de discrimination raciale pour expliquer aux enfants en quoi c'était débile (en prenant la couleur des yeux comme caractéristique discriminante). 

Dans le cas du harcèlement, je ne me fais pas d'illusion, je n'imagine pas une seule seconde un harceleur avoir des remords ou prendre conscience de sa position dominante abusive ; 

en revanche, l'explication de la dynamique pourrait aider à casser le "bystander effect", l'effet bande que Justine explique. (les enfants aux "yeux bandés" du clip d'Indochine... et s'il suffisaient de leur ouvrir les yeux pour que les bourreaux perdent leur soutien, donc leur pouvoir ?)

Typiquement, les élèves "suiveurs" pourraient prendre conscience de la bêtise et surtout de la gravité de leur comportement. 

Je pense que ce genre d'initiative pourrait aider la prise de conscience de tous ceux qui "suivent". Potentiellement, ceux-là viendrait d'eux-même dénoncer une situation de harcèlement (ça fait des témoins pour appuyer la victime) voire pour les plus hardis d'entre eux, ils seraient capable de s'interposer en cas de harcèlement (mais à partir du collège je pense, pas avant). 

Je sais pas s'il y a des profs qui ont déjà essayé ça ? De sensibiliser sur les dynamiques de groupe ?
 
17 Mai 2012
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Inverness
Je pense que outre le professeur (que je vais devenir alors ça m'angoisse aussi pas mal) il faut que l'école e mobilise. La directrice, le CPE, l'infirmier scolaire, les parents d'élèves... Car le professeur seul, à la fin, il n'a pas énormément de poids si ces menaces ("tu vas être expulsé si tu continues" "on va faire une réunion de sanction disciplinaire") ne valent rien car l'administration dit que ce sont juste des "chamailleries".

Une formation globale, pour chaque protagoniste au contact des élèves, des surveillants formés pour les collèges/lycées... Je pense que ça coûte cher au début mais je pense qu'à la fin, le gouvernement et le pays gagnent éventuellement mieux au change si on enlève le prix des consultations psys, des transferts dans d'autres écoles, des absences maladies feintes ou réelles...

Il n'y aurait pas une association spécialisée sur ce problème en france qui aurait des chiffres sur combien de professeurs suivent des formations (si ces formations existent), ou qui ont un site internet avec des liens utiles ? Car il y a beaucoup de sites pour les jeunes (ce serait bien de les faire passer dans les écoles d'ailleurs) mais quant est il des adultes ?
 
25 Février 2013
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neia;4261545 a dit :
tourterelle;4261506 a dit :
neia;4261393 a dit :
chasc;4261344 a dit :
Je pense qu'il serait précisément important de savoir pourquoi les équipes pédagogiques ne jouent pas toujours leur rôle dans des cas de harcèlement scolaire (comme celui que tu décris).
Il me semble que c'est (entre autres) un problème de formation et donc de compétences: si un prof n'a pas été exposé à ce problème personnellement, il pourra avoir tendance à le minimiser s'il n'a pas été informé des conséquences que cela pouvait avoir.
Je ne pense pas que ce soit une question de compétences.
Je pense que l'environnement-classe ne permet pas non plus aux enseignants d'être toujours bien vigilants sur ce genre de comportements, que l'on ait été victime de harcèlement ou non...

Les classes à 35 n'y seraient-elles pas pour quelque chose ?
Comment peut-on attendre d'un adulte de gérer les conflits dans un groupe aussi important, qu'il ne voit que quelques heures par semaine, tout en essayant de leur enseigner quelque chose ?

L'école, c'est quasiment le seul endroit où l'on rencontre l'autre : celui ou celle qui vient d'un autre quartier, d'un autre milieu social, qui a un autre système de valeurs.
Cette rencontre est presque toujours explosive, car c'est la découverte de la différence : quelque chose auquel nous sommes naturellement réticents, que nous devons apprendre. Or l'école ne nous prépare pas à cette découverte de la différence, elle nous jette dedans et nous laisse nous débattre. Et les profs ne peuvent pas s'occuper de chaque individu avec ses particularités, ils doivent gérer le groupe. Je dis bien gérer, comme des marchandises, en oubliant l'aspect social. Alors que l'enseignement le plus important de l'école, c'est la vie en société.

Evidemment que les classes surchargées n'aident pas !
Mais là, on va vers un autre problème, celui de l'organisation de tout notre système pédagogique, de la gestion des effectifs, du nombre de profs...

Après, je ne suis pas entièrement d'accord avec ta phrase "l'enseignement le plus important de l'école, c'est la vie en société".
Les enfants doivent être capables dès leur entrée en maternelle de vivre entourés d'autres enfants. Evidemment, l'école va leur permettre de faire des rencontres très différentes de leur environnement familial. L'intérêt de l'école est d'ouvrir aux différences, d'amener à la tolérance de celles-ci. Mais je trouve que ce n'est pas à l'école d'apprendre aux enfants à vivre en société ; c'est aux parents de le faire !
L'école peut aider l'enfant à surmonter des difficultés de socialisation.

L'enseignant doit être capable de gérer le groupe dans un souci d'apprentissage, d'acquisition de connaissances et de savoir. Pas de le gérer en tant que médiateur, à argumenter sur "pourquoi on doit être respectueux" ou autres...

En effet, on va vers un autre débat mais c'est très lié selon moi.

Je ne pense pas que les parents enseignent la vie en société à leurs enfants, tout simplement parce que la société c'est ce qui est à l'extérieur de la cellule familiale ! La vie en société s'apprend... en vivant en société. Donc en allant à l'école, ou à des activités diverses, en jouant avec ses amis... Les parents donnent les prémisses de la sociabilisation, ils donnent des valeurs, mais ils ne maîtrisent pas ce qui va arriver à leur enfant lorsque ceux-ci sortent du domicile.

Pour faire le lien avec le harcèlement, je pense que c'est un problème de valeurs : l'article montre bien que beaucoup de harceleur-se-s subissaient des situations violentes à la maison, sur lesquelles, en tant qu'enfants, ils n'avaient aucun recul. Du côté des harcelé-e-s, je serais curieuse de savoir combien ont eu une éducation non-violente. Je viens d'une famille pour qui la non-violence est une valeur primordiale, et c'était la seule réponse que mes parents étaient capables d'apporter à mes problème de harcèlement : "sois forte, tu vaux mieux qu'eux, ils s'en prennent à toi parce qu'ils sont jaloux, ne t'abaisse pas à rendre les coups"...
Je pense que ce n'était pas la bonne réponse, mais si j'étais parente et confrontée au même problème, je serais incapable d'en imaginer une meilleure (je ne vais tout de même pas dire à mes enfants : "la vie est une jungle, rends les coups, sois plus méchant que les méchants").
Qu'en pensez-vous ? Le fait d'être incapable de se défendre face au harcèlement est-il un résultat de la culture de la non-violence, et si oui, peut-on dire que ce soit un mal ?
 

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