J'ai l'impression que le plus souvent les films qui nous ont marqué sont ceux qu'on a vus à l'adolescence ou du moins avant l'âge adulte. Je continue tous les ans à voir passer plusieurs films qui me touchent et que je trouve géniaux, mais ils ne me font pas le même effet que ceux que j'ai vu 30 fois quand j'avais 13 ou 14 ans. J'ai l'impression que j'étais plus investie émotionnellement à l'époque, comme si je les avais vus avec un regard d'enfant et que j'ai perdu ce regard entre temps. Je trouve ça triste parfois, parce que maintenant j'ai plus du tout l'envie de revoir plusieurs fois les films qui me plaisent, je fais du one shot alors qu'avant ils pouvaient accompagner ma vie pendant des années.
Il y a trois films que j'ai vu tellement de fois quand j'étais ado que c'est carrément devenu des morceaux de ma vie, même si je n'ai plus trop l'envie de les regarder maintenant parce que j'ai plus du tout le même regard. Si j'essaye de les revoir je vois du sexisme et plein de défauts que je ne percevais pas à l'époque, et puis je m'ennuie parce que je connais chaque phrase et chaque scène par cœur.
Mais les trois films que je conseille de voir à tout le monde c'est
Arizona Dream, parce que c'est l'histoire d'un mec qui voit les rêves des gens autour de lui et qui voit que tous les adultes sont toujours un peu des enfants dans le fond. Et je crois que depuis ce film c'est toujours comme ça que je vois les gens autour de moi : comme des enfants qui ont des rêves, des peurs etc. Je pense que tout le monde est un peu bloqué avec ses problèmes d'enfant et que finalement on reste les enfants qu'on était toute notre vie, et je trouve que le voir ça donne envie d'aimer tous les humains du monde et que ça aide à les comprendre. Et il y a aussi le fait que dans le film le héros n'a pas vraiment de rêve lui même, il a le don de voir ceux des autres mais c'est aussi un peu une malédiction, parce que lui il rêve d'eskimos et de son tonton la nuit, mais il n'a pas de rêve qui soit une passion personnelle ou un objectif de vie, du coup il vit coincé au milieu des rêves des autres et il est un peu tiraillé dans tous les sens. Et ce film a la meilleure bande son de tous les temps :
Le deuxième film que j'ai vu 1000 fois c'est
American Beauty, parce que j'avais 13 piges et que je m'identifiais à fond au personnage de l'ado joué par Thora Birch, parce que je rêvais que comme elle j'allais rencontrer une personne à gros sourcils qui me comprendrait et qui serait aussi décalée que moi, parce que j'aimais bien le cynisme, et parce que je pleurais d'émotion devant tant de beauté à chaque fois que je voyais le sac en plastique s'envoler (j'avais pas trop de conscience écologiste à l'époque).
Et je pense que le message du film est toujours juste, ça paraît un peu niais, mais voir la beauté de plein de petits trucs du quotidien auxquels parfois on ne prête pas attention ça aide quand même beaucoup à être heureux, que ce soit quand on passe du temps avec des gens qu'on aime même si c'est juste pour faire un tour de vélo, ou quand on voit un coucher de soleil avec des nuages roses pendant notre footing hivernal sur une route de campagne en écoutant Youth de Glass Animals, c'est la seule chose qu'il nous restera quand on sera morts. (lol j'adore ma fin de phrase), ENSUITE
Et le troisième film, c'est comme pas mal de monde
Fight Club. Les gros pamphlets contre tout même aujourd'hui je m'en lasse pas, c'est un peu comme un bol d'air frais ou comme taper dans un sac de frappe. Et j'étais amoureuse d'Edward Norton dans ce film parce que je l'ai trouvé beau et le fait qu'il soit un gros loser m'a vraiment accrochée, j'ai l'impression qu'on ne voyait pas souvent ce genre d'anti-héros à l'époque; moi en tout cas c'était la première fois que je voyais un héros masculin aussi humain, c'était pas comme maintenant où il y a des anti-héros dans énormément de fictions, ça m'avait vraiment marqué et j'aimais (et j'aime toujours) vraiment ce personnage. Je me dis que c'est fou comme ce film a marqué toute une génération.