Comme j'ai lu les dizaines de commentaires de filles qui m'expliquent que le harcèlement de rue, c'est pas du harcèlement, c'est des compliments, faut pas mal le prendre. Ok la première fois ça les a surpris, et puis elles se sont habituées. Et parfois, elles répondent, ça se passe bien !
C'est quoi la différence ? Je demande sérieusement, je ne comprends pas.
Bon ben je vais me permettre de répondre, puisqu’on parle de moi. Je dois dire que j’ai été assez hérissée par ce commentaire. Elevée par une maman féministe qui me refusait les barbies car « femme-objet », adolescente féministe dans les années 90 quand on en parlait beaucoup moins, je suis vexée de voir ma réaction comparée à celles de personnes ayant tellement intégré le sexisme de la société qu’elles en considèrent le harcèlement de rue comme un compliment.
Comme je l’ai expliqué, face à ce client, ma première réaction a été le choc et la désapprobation. Mais ensuite, on considérant la dimension personnelle de notre interaction et en réfléchissant, j'ai choisi de ne pas lui en tenir rigueur. Certes je n'avais pas apprécié d'être renvoyée ainsi à mon statut de femme dans l'espace pro, mais c'est aussi en partie parce que je ne suis pas habituée à cette coutume que je l'ai vécue comme un choc. Quand mes collaborateurs serrent la main de mes collègues masculins et me font la bise, au pire je hausse mentalement les yeux au ciel.
Tout ça pour dire que contrairement à la majorité des personnes qui font l'équation "harcèlement de rue = compliments", je ne suis pas sous influence de la société, je n'ai été brainwashée par personne, et au contraire, il m'a fallut réfléchir et sortir de mes schémas de pensée habituels pour en venir à ma conclusion sur cet incident.
Sinon, pour parler d'autre chose que de moi () et pour revenir à la question "culturel vs personnel" : on m'a toujours appris qu'une des grandes règles en société est "ma liberté s'arrête où commencent celles des autres, et inversément".
Donc pour moi :
- Les harceleurs de rue m'empêche d'évoluer sereinement dans l'espace public. J'estime qu'ils empiètent sur ma liberté et je trouve normal de les sanctionner (loi + engueulades ou moqueries quand je me sens safe de le faire)
- Mon client ou tout autre, qui ne veut pas me serrer la main mais me traite de manière "classique" pour le reste : il ne m'a pas empêché de faire mon job correctement, donc ok
- Un client qui refuserait de me serrer la main de manière méprisante ou qui refuserait de me regarder dans les yeux : je ne vais pas l'obliger à le faire (sa liberté) mais je garde ma liberté de lui dire que je ne peux pas travailler correctement dans ses conditions et qu'il serait donc préférable que son entreprise dépêche quelqu'un d'autre pour cette mission (ma liberté) (et s'il est seul à bord, ma foi, à lui de choisir)
Enfin, je dois dire que j'ai été un peu mal à l'aise d'entendre Idriss Sihamedi faire l'équation "pas serrer la main = musulman normal" car je crains toujours que puisqu'il n'y a pas d'autorité comme le Papa chez les musulmans, ceux-ci vivent ce genre de déclaration comme des injonctions. Mais je ne suis pas musulmane, je n'ai pas de musulman dans mes amis donc bon, je suppose que c'est pas mon soucis.
Et je suis totalement d'accord avec @Eclise pour dire que l'interview, à ce moment-là, était très piégeuse pour lui (et sans doute volontairement).
Au passage @Eclise , je voudrais te remercier pour ton message à multi-spoilers (page 18 ou 19) : je ne sais pas encore is je suis d'accord avec tout, il faudra que j'y réfléchisse, mais il était passionnant et va clairement contribuer à alimenter ma réflexion.