Et enfin, qu'est ce qui est incompréhensible ou confus dans l'idée suivante : face à des jeunes qui sont déjà radicalisés, tenir un discours de diabolisation ne fonctionne pas, il faut être dans une demi-mesure et plutôt que d'être sur une binarité BON/MECHANT, proposer des alternatives.
Vraiment, est-ce que c'est si révolutionnaire, si compliqué que ça ? Mais non, on va quand même lui demander sur le plateau de condamner Daesh. Alors qu'il a expliqué, patiemment, pourquoi dans son processus pédagogique c'était contre-productif. Et c'est bien là qu'on touche le noeud du problème :
les résultats, on s'en fiche ! Des milliers de perquisitions pour trouver rien du tout, c'est pas grave, l'important c'est qu'on donne l'impression qu'on bosse. Le mec là, avec son asso, prend du temps, sur le terrain, pour éviter que des jeunes n'aillent rejoindre les rangs de Daesh,
mais ça on s'en fout mon brave homme ! L'important c'est que tu dises si tu es plutôt
Pour ou Contre Daesh. Là ya du divertissement, là c'est facile pour te ranger dans notre système à deux cases : bons musulmans vs mauvais musulmans.
Et au final tout est oublié, #FreeMoussa, les actions humanitaires de BarakaCity, la persécution policière dont illes sont victimes, les actions qu'illes mènent sur le terrain
pour éviter, concrètement, de nouveaux attentats. Non, ce qu'on retient, c'est qu'il ne serre pas la main des femmes, et qu'il a répondu en dehors du système binaire qu'on lui proposait, à la question la plus nulle de 2015 (et 2016, si ça se trouve), à savoir "Est-ce que vous condamnez Daesh ?". Il a beau faire effectivement le taff, l'important c'est les apparences, et là côté apparences, le mec n'a pas répondu "Oui je condamne Daesh", donc
forcément on décide pour lui, il soutient le terrorisme. Osef les intentions, osef la demi-mesure et l'analyse. On a beau être 1 an après Charlie et l'Hyper Casher, 3 mois après le Bataclan et les attentats de Paris, on est toujours dans le même moule binaire, dans le même rapport émotionnel et superficiel : si tu n'es pas avec nous, si tu n'acceptes pas le débat tel que
NOUS on décide de le poser, tu es
CONTRE nous. L'avènement du débat à sens unique, c'est maintenant et ça fait peur.