@Eylise : C'est dommage que tu n'aies pas lu les (nombreuses) réponses à ce sujet, qui parlaient notamment de relativisme culturel, et que tu sois passée à côté de l'essence des critiques concernant l'article de
@Clemence Bodoc . A savoir :
On peut considérer (c'est mon cas) qu'il s'agisse d'une instance de sexisme ordinaire (et en l'occurrence, plutôt de
sexisme bienveillant que celui, décidément malveillant, que tu prêtes à ce monsieur). Il est absolument nécessaire pour lutter contre le sexisme d'être vigilant-e-s face à ces instances de sexisme ordinaire et d'en parler. Mais qualifier ce type d'acte "d'infamie" "incompatible avec les valeurs de la République" me paraît un peu excessif. Disons que ça en fait un paquet des gens dont les valeurs sont incompatibles avec les valeurs de la République (je sais pas trop lesquelles, soit dit en passant), à ce stade-là y'a pas grand-monde qui peut former la République. Mais soit, je pourrais comprendre ce type d'emphase si l'auteure l'appliquait proportionnellement aux autres instances de sexisme. Cf notre ami Orelsan. Je comprends difficilement comment un mec dont la violence misogyne très mal dissimulée derrière l'excuse bien pratique du "personnage" peut recevoir plus de bienveillance qu'un mec dont les habitudes trahissent dans le pire des cas des habitudes sexistes mais pas directement nuisibles (comme... 99% des hommes que tu côtoie). Le comportement du second peut m'irriter, celui du premier me blesse directement et ne fait qu'encourager un problème bien trop présent (la violence misogyne et la culture du viol). Une différence de traitement assez peu compréhensible.
Mais oublions Orelsan (ouais, vraiment), pour se concentrer sur le contenu de l'article : on a un mec qui est invité sur un plateau télé pour discuter du travail de son asso et attirer l'attention sur la situation d'un de ses employés. Comme il est musulman et a une pratique orthodoxe, on l'interroge direct sur une pratique sexiste dont on connaît la réponse pour pouvoir "révéler" son extrêmisme (sérieux, combien de mecs présents sur le plateau font la bise aux femmes plutôt que de leur serrer la main ? Font des blagues sexistes ? Font parfois des commentaires sur la tenue ou l'attitude d'une femme qu'ils ne feraient jamais envers un homme ? Nan mais attends là, le mec il est musulman orthodoxe ET il serre pas la main aux femmes !!!! C'est du vrai sexisme pas comme nous !!!).
Puis on enchaîne sur l'éternelle question du "condamnez-vous Daesh ?" qu'on ne pose qu'aux musulmans comme s'ils avaient un devoir de se désolidariser publiquement. L'islamophobie de cette pratique est, je l'espère, évidente pour tout le monde. Et cet outrage constitue déjà en soi une excellente raison de ne pas répondre, la situation délicate de ses employés (qui peuvent subir très concrètement les conséquences d'une condamnation publique de Daesh, c'est-à-dire être enlevés/exécutés) en est une autre. (Et puis sérieux... le mec condamne "la violence du fait de groupes armés", cherchez pas midi à quatorze heures.)
On pourrait rétorquer que cette question survient "à cause de la réputation de l’ONG BarakaCity, surveillée et perquisitionnée dans le cadre de
l'état d'urgence" comme ne manque pas de nous rappeler
@Clemence Bodoc . Semons le doute mine de rien sur le fait que ce monsieur est peut-être bel et bien un vilain extrêmiste et pas du tout victime de la parano de l'Etat. Plusieurs ont déjà dénoncé dans les commentaires que l'état d'urgence était surtout une bonne occasion de mettre des bâtons dans les roues de personnes gênantes, quand son application n'était pas totalement random.
Une autre critique qui a été faite, c'est que
@Clemence Bodoc a complètement interprété ce "musulman normal" pour faire dire à Sihamedi qu'il considérait son comportement comme la norme pour les musulmans, alors qu'il essayait simplement de se défaire du piège dans lequel on l'enfermait, à savoir lui coller l'étiquette islamiste.
Bref, non seulement l'article fait complètement l'impasse sur le biais honteux et raciste de cette interview pour se consacrer uniquement à la réponse à une question-piège, donc une information que le mec n'avait visiblement pas particulièrement envie de partager (contrairement à mettons, un mec qui t'expose en long, en large et en travers les sévices qu'il aimerait faire subir à sa copine, alors que personne ne lui a rien demandé), mais en plus l'article finit même par aller dans le sens de ladite interview en tirant des concluions hâtives. Et le coup du "je commence mon article par des amalgames pour finir sur le danger du FN et le risque à faire des amalgames, regardez ces bons musulmans", ça commence à devenir fatigant.