sword;4201074 a dit :
mariecharlotte-2;4200352 a dit :
Le fait est que dans l'éducation nationale, on gère les problèmes d'éducation et de respect de l'autorité autrement que par les punitions physiques.
Le fait est que, dans l'Education Nationale, plus personne ne veut y travailler. Chaque année au CAPES de maths (celui où il y a le plus de postes à pouvoir) on ne remplit pas les quotas.
Quand les profs sont absents, on ne trouve personne pour les remplacer et on recrute n'importe quoi.
Mon copain vient de faire sa première année en collège "difficile", il pense démissionner à la fin de l'année.
Un de ses collègues s'est suicidé dès le mois de novembre, après 3 mois d'enseignement.
Pour "tout va bien, tout est rose" à l'école, il faudra repasser quand même.
Je ne dis pas que c'est exclusivement lié aux punitions physiques, mais le fait est que non, on ne règle pas les problèmes à l'école : on les subit avec plus ou moins de brio selon sa force de caractère. Mais dans les collèges ZEP ou - pire - ECLAIR, personne ne va bosser en chantonnant.
Et si je me base sur ma propre scolarité (en ZEP), non, on ne règle pas les problèmes : j'ai vu des profs se prendre des claques, des insultes, des menaces, sans pouvoir répliquer. J'ai vu des gens usés, à bout de nerfs. J'ai eu des profs qui étaient en maladie 99% de l'année. Bref, que du bonheur.
(Après c'est sûr que dans les collèges du VIème arrondissement parisien ou du fin fond de la Creuse, on gère les problèmes de discipline sans trop de souci...)
Pour moi, le problème de l'Education Nationale n'a rien à voir avec la question des fessées, claques ou autres punitions en fait. Je comprends que ça soit évoqué dans le débat car les professeurs n'ont pas le droit de frapper les élèves (abus de pouvoir, violence, pas leur rôle, etc.), mais le problème dépasse largement la sphère du professorat.
De ce que j'ai vu du monde de l'enseignement avec une amie prof et quand j'étais élève, c'est avant tout que :
-les professeurs doivent gérer des enfants dont les parents sont démissionaires, dont la famille explose, des enfants aux profils très différents (surdoués, dyslexiques, enfants en situation de handicap, enfants battus, enfants dépressifs, etc.),
-ils ne sont pas soutenu par l'administration ou très peu (on minimise beaucoup les violences faites aux professeurs, "il y a pire ailleurs", on tolère trop d'écart, notamment pour la réputation de l'établissement),
-certains profs sont très mal formés, je ne sais pas ce qu'il se passe actuellement avec le master, mais mon amie a passé son CAPES et a été lachée directement dans son métier, pas une explication sur la pédagogie, une situation difficile pour trouver un mâitre de stage, etc.
-on blâme les professeurs en difficulté au lieu de les aider ou de les soutenir (si l'administration laisse passer des insultes répétées, faut pas s'étonner que ça devienne invivable),
-tous les professeurs ne sont pas capables de faire ce métier (oui, je sais, ça peut sembler méchant, mais parfois on n'est pas fait pour ça, on n'a pas l'autorité, etC.),
-certains professeurs ont recours au harcèlement vis à vis des élèves, ça devient un cercle vicieux.
Bref, l'Education Nationale a de gros soucis à gérer qui ne se trouvent pas du côté de l'absence de sanction physique ou non, mais plutôt du manque sérieux de cohésion au sein du personnel, de structures adaptées pour certains cas, de dépistage et de soutien des enfants à problèmes, de meilleure formation, etc.
Pour ce qui est de la question de la fessée et de la claque dans le cadre familial, jusqu'il y a peu, j'aurais fait partie des gens présents pour dire "parfois c'est nécessaire, j'en ai reçu et je ne suis pas morte".
Et effectivement, je ne suis pas morte. J'ai des réflexes de peur face à la violence car j'ai été battue par les autres enfants, mais je ne suis pas certaine que les fessées reçues par mes parents ne s'ajoute pas à la question. Je suis trop mal placée pour savoir si oui ou non ça a joué un rôle, parce que j'ai toujours appris que c'était normal que mes parents me donnent une claque quand j'abusais.
Oui, ça a été très rare et je n'en ai pas reçu passé 10ans. Oui, j'admets avoir eu des comportements excessifs dans l'enfance, surtout petite quand j'étais excessivement maladroite, tête en l'air et agitée. Sauf qu'à l'époque, on avait conseillé à mes parents de me faire suivre par un pédopsy pour faire un bilan, que j'ai toujours été une enfant angoissée et que la frustration que je ressens encore face à ma maladresse ("troubles de la coordination" m'a-t-on dit, vraisemblablement une dyspraxie) est très forte parce que ce défaut a parfois été une "raison valable" de me donner une fessée parce que "je faisais exprès".
Les parents ne sont pas plus dans la tête d'un enfant que les enfants ne sont dans la tête de leurs parents. Les miens, je le sais, étaient très laxistes et sûrement souvent dépassés. Je n'ai pas eu des comportements dérangeants pour autant et je suis une citoyenne très calme, mais je trouve qu'il y a un décalage entre leurs discours et l'éducation que j'ai eu sur beaucoup de points.
Pour la fessée, ça en fait partie. Parce que mine de rien, quand j'avais des rélfexes de peur en voyant des mains levées, ma mère me disait "Réagis pas comme ça, je t'ai pas battu, on t'a presque jamais mis de claque" et je répondais "C'est pas à cause de toi", mais au fond est-ce que ça n'en faisait pas partie ? Pourquoi aurai-je eu peur de mes parents juste parce que je vivais une violence extérieure ?
Et puis, quand j'avais 19ans, je me suis un peu rendue compte de la supercherie de cette "méthode", d'abord parce que ma grand-mère la cautionnait parce que "parfois ça calme aussi les parents" et que je trouve que c'est une notion assez choquante d'affirmer que la violence n'est jamais excusable sauf quand c'est un parent qui est à bout, mais surtout parce que ma mère et moi, on s'engueule souvent (grosses difficultés de communication parce qu'on considère qu'on a raison, mais souvent aussi, meme si mon ressenti est biaisé, parce qu'elle refuse de m'écouter sous prétexte qu'elle connait la vie) et un jour, elle m'a menacé de me redonner une fessée car, quand je m'oppose à elle, elle voit ça comme une attitude de gamin ou une crise d'ado. Quand c'est arrivé, j'ai ressenti un mélange de peur et de colère et je l'ai provoquée, je lui ai dit de le faire. C'était stupide et elle n'a rien fait, mais j'ai bien constaté un truc : la fessée et la menace de la fessée, ça n'a jamais fait qu'augmenté la colère et le désir de pousser à bout. Ca m'évoque aucun respect moi.
Je respecte pas mes parents parce qu'ils m'ont donné des fessées et j'ai pas appris mes limites en ayant des fessées ou des punitions, mais en réfléchissant à la question ou parce qu'on m'a appris que ce n'était pas bien. Oui, ça peut prendre du temps, mais c'est normal, un enfant ça n'apprend pas tout tout de suite.
Alors peut-être que tout le monde n'est pas pareil, mais moi je ne défendrai plus la fessée.