Le truc,c'est que ce n'est plus valable aujourdhui. Pas après 10 ou 15 ans de remise en question de la violence dite éducative. C'est peut-être trop court pour changer effectivement les mentalités mais bien assez long pour que les gens puissent prétendre qu'ils n'ont pas conscience que l'usage de la claque/fessée était aujourd’hui contesté.
Je comprends ce que tu veux dire, mais je trouve qu' il y a un écart entre "contesté" et "inacceptable".
Pour beaucoup de gens, "une petite claque" est trop normal pour que ça change tout de suite, c'est intégré dans leur éducation et beaucoup trouvent que c'est normal "quand ça va trop loin" (et par "trop loin", souvent ce sont des broutilles et absolument pas des circonstances exceptionnelles).
Et l'éducation positive, j'en ai que très très rarement entendu parler. Les personnes X ou Y ont pu entendre parler de l'interdiction de la fessée, mais y a-t-il eu de vrais débats là-dessus? Ou sur la violence éducative? Ou sur les alternatives? (très important d'expliquer/d'illustrer même à l'aide d'exemples concrets des alternatives, et pas seulement de critiquer une chose existante).
Alors certes, il y a des émissions TV comme "super nanny" ou "le grand frère" (qui pour le coup illustrent plutôt bien le concept d'éducation bienveillante, du peu que j'en ai vu), mais j'ai pas le souvenir que les médias en ont parlé sérieusement. Je n'en ai pas vraiment le souvenir et j'ai l'impression qu' encore trop peu de choses sont réellement faites pour qu'on ait l'impression qu'il s'agit d'autre chose qu'une énième alerte noyée parmi d'autres. En tout cas, c'est l'impression que ça me donne. J'ai pas tellement l'impression que c'est réellement pris au sérieux, malgré les lois.
Dans de telles conditions, je pense qu'on ne peut pas aujourd'hui décemment tenter de faire prendre conscience aux gens qu'il y a un problème. Pas encore, en tout cas. Je pense que ca prendra du temps, même si comme tu le dis, il y a du mieux ces derniers temps...
Ce n'est pas le fait de ne pas se considérer soi même comme une victime qui me dérange,c'est de trouver que ce n'était "pas très grave" ou pire qu'ellesils le "méritaient". Ca me dérange parce que ce sont justement ces gens là qui reproduisent ce schéma en majorité. C'est leur problème effectivement de ne se pas se considérer comme victime...tant qu'ellesils ne reproduisent pas ce schéma.
Je comprends ce que tu veux dire.
Après, dans des circonstances extrêmes, je peux comprendre qu'une personne puisse dire que "elle le méritait" en reconnaissant qu'elle a fait quelque chose de très grave, genre mise en danger de la vie d'autrui ou agression d'autrui.
Je suis d'accord qu'on ne doit pas utiliser la violence, mais dans certaines circonstances très particulières, je peux comprendre que les émotions d'un parent peuvent prendre le dessus sous l'effet du choc d'avoir appris ce qu'a fait son enfant, quitte à s'excuser juste après et de s'expliquer.
De même d'ailleurs qu'entre adultes, en certaines circonstances très graves/spéciales, je peux comprendre qu'il soit difficile de se maîtriser à cause du choc émotionnel, quand il s'agit d'actes vraiment graves. (par exemple, pour l'affaire du drh air france à la chemise déchirée, la violence est condamnable mais je peux aussi comprendre le ras-le-bol des employés à cause des licenciements à répétition surtout en période de crise avec des gens qui ont des familles et où il est difficile de trouver un emploi), et que dans certains cas bien précis, la violence soit un ras-le-bol par rapport à une autre violence.
Des gestes ou des paroles qui peuvent nous dépasser, notamment en cas de choc émotionnel important, ça peut arriver à tout le monde, chaque personne a ses limites, et l'important est d'avoir conscience qu'on n'aurait pas du agir de la sorte, de sincèrement s'excuser (pas comme un pervers pour recommencer juste après) et de faire en sorte que ça ne se reproduise plus.
Tant que ça reste un acte isolé et exceptionnel, je pense qu' il y a peu de chances pour que ça transforme l'auteur/e de la gifle en bourreau...
Moi par exemple, un jour j'ai giflé ma mère la seconde d'après qu'elle m'avait frappée avec une barre de fer.
(et non, je n'ai pas giflé ma mère par légitime défense, mais parce que j'avais vu rouge de constater qu'à 20 ans passés, elle se permettait quand-même de me faire ça, et j'ai agi en l'espace d'une seconde, sans réfléchir, sous le choc).
Je m'en suis voulue, mais les gens autour de moi m'ont tous dit que je n'avais pas à me sentir coupable et qu'elle l'avait bien cherché.
Dans de telles circonstances, est-ce que ma mère avait "mérité" cette gifle que je lui ai faite? Une petite partie de moi a quand-même envie de dire "oui", même si j'ai honte après coup de m'être rabaissée à son niveau...
Est-ce que je pense être une personne violente car j'ai levé la main sur ma mère? Au vu des circonstances, non... Et ça me rendrait malade qu'on me force à penser que je le suis, car je sais bien que je ne le suis pas, et que ça serait une accusation injuste.
Après, pour forcer quelqu'un à se voir comme victime, ton exemple de victimisation de l'avortement est parlant et illustre ce que je veux dire.
Après, faire le forcing dans les cas où cette personne utilise elle-même de la violence, je pense que même dans ce cas, on ne peut quand-même pas forcer quelqu'un à se reconnaitre comme victime, même si on en est intimement convaincue. On peut lui en faire part, oui, mais je ne pense pas qu'on ait quand-même le droit d'insister.
Je pense que ce n'est pas à nous de le faire, mais à un/e psy.
Nous, tout ce qu'on peut faire, à mon avis, c'est indiquer en quoi la violence n'est pas une solution et par quoi on peut la remplacer... ou encore parler à l'entourage en cas de constatation de violence...