@La femme de Frank oui en effet on en revient à cette culpabilisation car en effet, comme tu le dis, le fait de mettre sur un même plan un enfant battu et une gifle, ça peut choquer beaucoup de gens et ca participe à une certaine diabolisation, je trouve.
(au passage, je ne suis pas si sûre que les cas graves de maltraitance soient si rares que ça; les chiffres du 119 enfance maltraitée sont plutôt préoccupants, même, je trouve).
Du coup, comme tu le proposes, je trouve qu'il vaut mieux employer un autre mot, voire même "acte maltraitant" pourquoi pas, vu qu'on distinguerait l'acte du caractère de la personne.
"maltraitance" est je trouve trop rattaché à la nature de la personne qui maltraite; quand on dit "c'est de la maltraitance, quelque part on dit "vous êtes maltraitante/violente, vous êtes un/e monstre".
Que ça n'enlève pas la violence de l'acte, ok, mais c'est le fait de plus ou moins faire le rapprochement avec les violences graves qui pose problème, je trouve.
De même, je pense aussi qu'il faut faire une différence entre une situation exceptionnelle où le parent va réagir au quart de tour sous le coup de l'émotion, et une gifle sciemment donnée "de temps en temps". Là aussi je trouve qu'il y a une différence.
Je trouve que par exemple, dans le cas où un parent trouve son enfant en train d'agiter un cutter lame ouverte devant le visage de la petite soeur, certes le gifler n'est pas la meilleure des réponses, mais je trouve très sévère de ne voir aucune circonstance atténuante dans ce genre de situation exceptionnelle où le parent sera certainement sous le choc et aura réagi sous le choc.
De même qu'entre adultes, où on est censé se maîtriser, il y a également des situations où on peut réagir sous le choc, notamment quand il s'agit d'une réponse à une violence qui nous a été faite au préalable (comme pour moi qui ai giflé ma mère au quart de tour juste après qu'elle m'ait frappé avec un porte-bagage en fer - même si je l'ai regretté ensuite, ou encore l'affaire de la chemise déchirée du DRH d'Air France par des employés excédés (notamment ceux ayant des familles) par les licenciements dans une France ravagée par le chômage et la crise ).
Nous ne sommes pas des machines, et parfois, nous pouvons craquer. Refuser de l'envisager, je trouve que ca revient à refuser notre condition d'être humain. On ne peut pas éradiquer la violence. Pour ma part, je trouve plus sain d'essayer de la réduire au maximum tout en acceptant qu'elle existe et que ça fait partie de ce monde, plutôt que d'espérer vouloir l'éradiquer.
Je veux dire, pour moi, tout est violence en ce monde.
Refuser de reconnaître des formes de violence ou encore les minimiser, c'est de la violence (et dieu sait que beaucoup de gens font ça tous les jours). Parler mal, c'est de la violence. Restreindre des libertés, c'est de la violence. Dire que les goûts ou les opinions de quelqu'un sont mauvais c'est de la violence. Contredire quelqu'un, c'est une forme de violence. Signaler les défauts de quelqu'un, c'est de la violence (ne rien dire serait aussi une forme de violence, d'ailleurs, quand on y réfléchit).
Dans ce cas, je ne connais absolument personne qui n'a jamais été violent/e dans sa vie.
Donc vouloir éradiquer la violence, ça va être difficile; tout ce qu'on peut faire, c'est faire de son mieux pour la réduire au maximum, je trouve...
Et je trouve souvent cet argument dans plein de débats (le viol, la maltraitance, le racisme et autres), comme quoi si on n'a pas de mauvaises intentions, on n'est pas coupable. Mais je comprends pas. Des personnes, au XIX°, croyaient sincèrement que le martinet ou le fouet après chaque bêtise, c'était bien. Tu ne penses pas que c'est de la maltraitance ?
C'est bien gentil qu'on n'a pas l'intention de faire mal mais quand on utilise un geste violent,on sait qu'il va causer de la douleur.
Le fait d'avoir recours à ces "méthodes" et ne pas avoir la présence d'esprit de se dire que c'est violent, c'est sûr qu'on peut se poser des questions.
Mais ce qui nous a mis dans le crane que c'était "normal" et que ce n'était pas une violence, c'est la société.
Doit-on considérer comme coupable une personne qui agit selon une manière que la société trouve "normale"?
Ce que je voulais dire avec l'exemple de la vaccination auparavant, c'est qu'il y a tellement de choses qu'on pourrait trouver "normales" et qui pourtant peuvent être déclarées comme violentes.
Autre question qui fait des ravages : allaiter son gosse pendant plusieurs années (comme on le voit aux USA) : violence ou pas violence?
On peut prendre n'importe quelle question et redouter qu'un jour, on pense que ça sera de la violence.
La question derrière est : peut-on accuser quelqu'un de ne pas en avoir eu conscience d'une violence et de l''accuser de l'avoir perpétrée sans aucune considération quant au contexte sociétal?
Je comprends très bien qu'une violence doit être condamnée, mais est-ce parfaitement juste de condamner quelqu'un qui n'avait pas conscience de la violence qu'il/elle commettait (notamment parce que la société considérait que ce n'était pas de la violence)?
Personnellement, avant d'accuser la personne qui a agi, c'est la société pour moi, la première responsable des violences vu que c'est elle qui considère ce qui est normal ou pas, ce qui est violent ou pas.
Je n'ai jamais demandé à condamner sans appel. J'ai juste rappelé le fait qu'en aucun cas la violence physique/verbal me paraît constructive. Que ça peut arriver (malheureusement), un parent reste un être humain et pas un super-héro, personne n'est à l'abris de péter un cable un jour, mais qu'il faut que ça soit reconnu comme tel: avoir recours à la violence pour l'éducation de ses enfants, même en épisode isolé, est un dérapage, une perte de contrôle.
Là je suis d'accord.