quand on veut progresser sur des questions sociales à mon avis il faut être idéaliste et ambitieux, le relativisme ou le fatalisme (comme de dire que tout est violence) revient juste à faire du sur place ou le minimum syndical.
J'ai une vision différente. Pour moi, considérer que tout est violence, ça permet de garder à l'esprit que son éradication est impossible et que l'on peut même faire des choses que l'on ne voit pas comme violentes alors que d'autres peuvent y voir de la violence. Que la même personne qui veut éradiquer la violence n'est pas à l'abri d'en perpétrer elle-même. Ca n'empêche pas pour autant d'essayer d'améliorer les choses.
Je pense que la violence est inévitable, et tout ce que l'on peut faire c'est de la réduire au maximum, et que si on en a fait une, de la reconnaître, de s'excuser, et de faire en sorte que ça ne se reproduise plus.
Du coup, pourquoi est-ce que cette loi n'est pas unanimement saluée sur ce topic ?
Ce n'est pas la loi qui pose problème dans ce topic, mais le discours de certaines personnes qui diabolisent les parents et vont jusqu'à mettre sur un même plan enfant battu et gifle exceptionnelle en considérant qu'on a affaire à des parents monstrueux dans les deux cas.
Non, un parent qui met une gifle dans une circonstance exceptionnelle et qui s'excuse, n'a aucune raison d'être mis/e sur le même plan qu'un parent qui est régulièrement violent/e (voire pire) comme si c'était normal.
Il ne faut pas s'étonner que ça choque ou que certains enfants qui ont reçu ces gifles exceptionnelles défendent leurs parents qu'on diabolise.
A moins qu'on considère que les auteurs de violence faites aux femmes ne sont pas coupables parce que c'est la faute de "la société" sexiste. Il y a évidemment des choses à déconstruire dans ce qui est socialement admis, parce que bien sûr ça favorise certains passages à l'acte. Mais ça ne peut pas dédouaner une personne de la responsabilité des actes dont elle est l'auteur.
On a beau être dans une société sexiste, il y a quand-même des lois pour empêcher ce genre de chose, même si beaucoup ne sont pas ou peu appliquées. Donc évidemment que ces personnes sont coupables.
Moi, je parle de choses qui ne sont absolument pas considérées comme violentes, et qui vont être considérées comme violentes dans un futur plus ou moins proche.
Diaboliser directement une personne sans aucune considération pour l'aspect social dans lequel elle vit, ça me gêne beaucoup.
Si quelqu'un venait et disait que telle chose que quelqu'un trouve parfaitement normale et non-violente est en fait violente, et commencerait à la/le diaboliser, je ne suis pas sûre que la personne visée le prendrait bien.
Comment peut-on être "éclairé" à partir du moment où tout et n'importe quoi peut être vu comme violent dans un avenir plus ou moins proche? On ne peut pas deviner tout ce qui sera vu ou pas comme violent dans le futur. C'est ça que je trouve injuste.
Après, comme le dit Maud, si une personne a quand-même conscience de la violence de l'acte en lui-même, alors là oui, c'est autre chose.
Même s'il faut aussi considérer le manque d'alternative : si des parents sont conscients d'utiliser la violence mais qu'en effet ils ne voient pas comment faire d'autre, c'est aussi de la responsabilité du gouvernement d'enseigner aux parents et futurs parents ces alternatives.
Mais dans les cas où on n'a pas conscience de cette violence?
Condamner quelqu'un qui sait que faire une chose est mal, ok, pas de problème.
Condamner quelqu'un qui vit dans une société où certaines choses ne sont absolument pas vues comme violentes, et qui du coup, font que la personne elle-même va penser la même chose, je trouve que ce n'est pas un jugement équitable.
Dans ce cas, chaque personne ici peut être un monstre en puissance sans même le savoir et selon certaines personnes, d'après de tels critères.
Je trouve ça un peu ridicule j'avoue d'allaiter quelqu'un qui n'est plus un bébé mais en quoi ça pourait être considéré comme violence?
Pour cette question, je ne souhaite pas m'avancer car je ne maîtrise pas bien cette question, mais c'est pourtant vu par certaines personnes comme de la maltraitance (il y a même eu des condamnations aux US pour ça), tout comme le refus d'allaitement est vu comme de la maltraitance par d'autres personnes (c'est très très mal vu de ne pas le faire dans la France d'aujourd'hui, par exemple).
Maintenant, imaginons qu'on diabolise ces femmes en disant qu'elles maltraitent leurs enfants soit parce qu'elles allaitent trop, soit parce qu'elle refusent d'allaiter, est-ce que ça sera juste, comme jugement? Je ne trouve pas. Comment pouvaient-elles savoir que telle ou telle autre position allait être considérée comme de la maltraitance?
Tu vois où je veux en venir?
Pareil pour la circoncision qui est pratiquée en Israel et qui est vue comme une chose tout à fait normale là-bas.
Que l'on puisse trouver la pratique violente, je comprends. Mais de l'autre côté, je me dis : en quoi aurait-on le droit, en tant que personnes occidentales, de dire que c'est forcément de la maltraitance si là-bas c'est vu comme une chose tout à fait normale? A fortiori si ça se fait chirurgicalement? (si ça se fait en arrachant au couteau, là oui on peut clairement y voir un problème, par contre).
Autre exemple : certains rituels de passage à l'âge adulte, comme se faire piquer par ces fourmis d’Amazonie qui donnent l'impression de prendre des balles de révolver, on pourrait aussi trouver ça extrêmement violent, mais a-t-on le droit de juger depuis notre point de vue occidental? Je ne suis pas sûre... surtout pour ces peuples qui voient les traces de violence (genre cicatrices) comme des marques de fierté car elles seront parvenues à bout de ces épreuves violentes...
Est-ce qu'il n'y aurait pas une forme de conflit des cultures aussi, qui fait que certaines choses vont être vues comme insupportables chez certaines populations et pas dans d'autres?
Je ne nie pas du tout la gravité de mettre en danger la vie d'autrui ou l'agresser mais à mon sens,non seulement ça ne justifie pas l'usage de la violence physique
Personnellement, je ne faisais que dire que je comprenais que pour certains actes, certaines personnes pouvaient penser qu'une punition était méritée. Mais je suis d'accord, ça ne justifie pas la violence.
Après, s'il s'agit du Pakistan ou de l'Inde, il faut voir aussi les choses dans son ensemble (par exemple, une police corrompue jusqu'à la moelle qui ne fait strictement rien, ce qui amène à ce que la population règle certains problèmes à leur manière).
C'est comme quand on s'indigne que Nike emploie des gosses en Inde ou au Pakistan et que les occidentaux s'indignent : certains de ces enfants ont été interviewés après que ces entreprises aient été fermées , et certains enfants employés disaient qu'ils regrettaient cette décision car pour eux, c'était le seul moyen de vivre, qu'ils étaient relativement bien payé et relativement bien traités en comparaison avec leur nouvel employeur local qui les traitaient comme de la m*** (car non, ils ne vont toujours pas à l'école car ils sont les seuls parfois à nourrir leur famille).
C'est là-bas que ça se passe, pas ici; du coup, même si certaines choses nous semblent horribles, on n'a pas forcément toutes les données pour juger; ça n'empêche pas en effet de trouver que certaines choses sont violentes, je suis d'accord.