fab;4914655 a dit :
Mais en fait, qui est-on pour juger si oui ou non, cette madmoiZelle est assez "grande" pour vivre comme elle le souhaite, tant que ses parents sont ok avec la situation ?
(je te cite car ta phrase m'a interpellée, je voulais exprimer mon point de vue et c'est une belle occasion, mais en vrai je ne te cite pas vraiment... en fait je mentionne-cite finalement... enfin je m'égare, pardon).
On est personne pour juger certes, mais à partir du moment que quelqu'un écrit un article sur sa petite personne en se ventant d'avoir pris une décision courageuse et inhabituelle, et bien elle veut être lue, et à partir de là elle s'expose à être jugée, applaudie, ou critiquée. Si on veut pas être jugée, on écrit pas d'article sur soi avec un je qui ne prête pour ainsi dire pas à confusion.
Alors toutes et tous autant qu'on est, on est personne pour juger, c'est un fait, mais j'en ai un peu ras-le-bol de ce genre d'articles qui donnent l'impression de dire: "
coucou, venez me lire, je suis différente, je refuse de vivre comme tout le monde, j'ai eu le courage de le décider, et venez voir comment je me porte!". C'est un comportement nombriliste que je déplore, du fond du coeur. J'ai l'impression que l'auteur de l'article veut que je l'admire, que je m'en veuille d'être un mouton comme les autres, que j'applaudisse, et ça m'agace d'avoir l'impression qu'on me dise comment penser.
C'est un peu comme la fille qu'avait écrit un article intitulé "j'ai décidé de ne pas travailler pour vivre" et qui venait se vanter de toucher le RSA et de vivre de sa passion etc... Enfin cet article m'avait bien saoulée aussi.
Alors la fille en question ne vit plus avec ses parents: est-ce là la définition de l'indépendance? ...
Ensuite quelques questions à l'auteur de l'article, car pour moi l'indépendance ne se résume pas à ça, l'indépendance c'est quand on vit par ses propres moyens. Qui lave ton linge? Qui remplit ton frigo? Car avoir un toit où papa-maman aident à payer le loyer c'est bien sympa, mais j'appelle pas ça de l'indépendance, l'indépendance c'est un tas de trucs que tu fais de façon autonome pour moi... pas juste un ou deux.
Alors en fait ton article aurait juste du avoir pour titre "j'ai 16 ans et j'ai quitté le domicile familial", point à la ligne.
J'ai 23 ans et je ne lave pas mon linge par contre je remplis la plupart du temps mon frigo, je travaille tous les été, je ne vis presque plus chez mes parents moi non plus, et pourtant je ne me considère pas comme indépendante, et je pense que je ne le suis pas.
Sinon Fab je suis désolée je te recite, en écrivant je repensais à un truc que tu as dit, et en fait j'ai quelque chose à te répondre à toi plus particulièrement, en temps que papa.
C'est pas vraiment une réponse en fait, c'est juste que tu as dit un truc très intéressant sur ton sentiment à toi en tant que papa, et moi j'ai un autre sentiment, un autre point de vue, en tant que fille qui a un papa et une maman (et qui a encore besoin d'eux pour pas mal de trucs comme je l'ai dit).
fab;4914590 a dit :
"Par caprice" ? C'est bizarre de l'interpréter comme ça, du moins c'est ton interprétation. Perso, si l'une de mes filles vient me dire "je suis pas heureuse dans cette situation" et qu'elle me propose une solution où elle se démerde du mieux qu'elle peut, je ne vais pas du tout prendre ça pour un "caprice", mais plutôt pour un truc sérieux, parce que le bonheur de mes enfants est ma priorité maximale. Peu importe qu'il faille sortir le portefeuille pour la rendre heureuse, je le ferai tout de suite sans réfléchir, que j'ai les moyens ou pas.
C'est un truc sans doute un peu compliqué à comprendre tant que t'en as pas — je le comprenais pas moi-même quand je n'étais pas papa, mais une fois que t'as des mômes, leur bien-être et leur épanouissement deviennent ta priorité n°1, même si toi de ton côté tu dois manger des pâtes pour finir le mois.
Et pour ce qui est de la culpabilité, je pense que ça vient vraiment de ton éducation. Perso, j'essaie d'élever mes enfants dans la non-culpabilité la plus grande vis-à-vis de leurs parents (et de la vie en général). Pour une raison simple : elles n'ont pas choisi de venir au monde, c'est notre responsabilité à nous, parents, de subvenir à ses besoins. Je pars du principe (simple) que nos fifilles ne nous doivent rien, du tout et qu'à aucun moment, on doit leur peser sur l'aorte pour quelque raison que ce soit.
En effet un enfant n'a pas choisi d'être de ce monde, mais l'enfance de chacun est très différente.
Je n'ai pas choisi de naître, quelques fois j'ai regretté d'être née et d'autres fois j'ai adoré vivre (comme tout le monde je pense) mais objectivement, je n'ai pas eu une enfance malheureuse, peut-être pas toujours juste dans le sens où on m'a interdit des trucs qu'on autorise aujourd'hui à la benjamine, mais je n'ai pas été malheureuse. Et je sais que moi aussi, j'ai eu envie de voler de mes propres ailes, d'avoir mon petit toit à moi au centre ville, de faire comme si j'étais indépendante, et je sais que mes parents ne pouvaient pas.
Peut-être qu'ils auraient pu se dire comme toi, "tant pis on mangera des pâtes (ou rien) et voilà terminé, du moment que tu es heureuse" mais je pense qu'au moment où j'aurais compris cela, j'aurais tout arrêter. Mes parents m'ont aimée et chérie toute ma vie, qui suis-je pour exiger un appartement pour pouvoir être encore plus heureuse? Enfin je suis reconnaissante à mes parents de tout ce qu'ils ont fait pour moi, et à 18 ans, je ne pense pas que j'aurais voulu qu'ils se "sacrifient" pour moi, je me serais trouvée injuste, et j'en aurais eu honte. (
sauf si j'avais vraiment eu une super opportunité de faire mes études à l'étranger parce que ma région ne le proposait pas, mais ce n'est pas le cas de l'auteur de cet article et ce n'est pas mon cas non plus, donc voilà).
Alors certes, un enfant ne demande pas à naître, mais si un parent l'a aimé de tout son être de tout son coeur jusqu'au jour J où il veut être plus heureux encore et avoir son appartement, je ne trouve pas qu'il a pour
devoir de lui accorder à son propre détriment. Il a le
droit, certes, mais il n'en a pas le devoir. Et on ne peut pas lui reprocher de ne pas l'avoir fait.
C'est mon point de vue en tant qu'enfant ayant grandi, et je pense que si un jour je suis mère, ça restera mon point de vue.
(ne pas citer par contre, tout ne restera pas)