Bon ,et bien je vais apporter ma pierre à la discussion aussi, car le sujet me touche beaucoup, de plein fouet devrais-je dire.
Je suis née dans une famille d'adultes, j'étais la seule enfant, fille unique, pas de cousins.... j'ai donc grandi entourée d'adultes, d'où une adaptation précoce à leur monde mais une grande désadaptation à celui des enfants. A la maternelle, j'ai tout de suite souffert de la violence et de la méchanceté des autres enfants, moi qui avais été choyée et dorlotée jusqu'alors. Je me rappelle toutefois vaguement que j'ai eu un temps une "meilleure amie", laquelle m'a cependant assez rapidement tourné le dos, sans que je sache exactement pourquoi.
Au primaire, j'étais la gamine intello, précoce, qu'on allait voir quand on avait un problème pour faire ses devoirs mais qu'on délaissait un peu le reste du temps. Disons que je devais toujours faire des pas vers les autres, ils ne venaient jamais vers moi de leur plein gré. Aux sorties scolaires en bus ou tout autre activité impliquant de se mettre par deux, j'étais seule seule. Finalement , je m'aperçois que mes seuls vraiment bons souvenirs d'enfance sont en lien avec mes vacances chez ma grand-mère, au cours desquelles je passais mes journées à lire et me promener ou jouer à la campagne, seule ou avec, là encore, des adultes.
Au collège, les choses se sont aggravées, tout d'abord à l'arrivée en sixième, et surtout lorsque j'ai sauté la cinquième (je m'ennuyais profondément en cours, et je rendais ma famille tellement fière en sautant cette classe, avec une bonne dose de fierté personnelle aussi, il faut bien le dire). En quatrième, ça a été la catastrophe ; pas scolairement, puisque j'ai tout de suite pris la tête de classe, ce qui m'a d'entrée mis à dos les autres "têtes" de la classe, mais surtout socialement : mes anciens camarades me tournaient totalement le dos, par jalousie et parce qu'ils me voyaient comme une traître, les nouveaux ne m'acceptaient absolument pas et me rejetaient violemment. Donc, mouton noir lorsqu'il fallait se mettre en groupe, sifflements et toux systématiques lorsque je prenais la parole en classe, menaces, insultes, violence (un mec m'a plaquée contre un mur une fois, a fait mine de me violer avant de me pousser dans l'escalier), et évidemment ostracisme total. Mon état à l'époque était, je pense, clairement dépressif, je pleurais tous les soirs, j'ai même pensé au suicide. Mon père se désespérait, tout en se demandant si j'étais "normale" (ben ouais ,si j'avais pas de potes c'est forcément que j'avais un pb...), tandis que ma mère minimisait (ce qu'elle a toujours fait et fait encore), vu que mes résultats scolaires étaient excellents.
En troisième, un peu moins pire, car j'avais quelques amies, qui sont hélas parties en technique après. C'est cette année là que j'ai commencé à contrôler mon poids.
En seconde, descente aux enfers, anorexie mentale sévère (35kg au plus bas), toujours couplé au rejet de mes camarades, qui avait encore empiré vu mon apparence squelettique. Là encore je me raccrochais à mes notes, d'autant plus qu'une rivale venait d'arriver (une vraie peste populaire mais totalement perturbée qui me détestait mais avait elle aussi d'excellents résultats)
Là encore, désespoir de mon père, dénégation de ma mère qui pensait que je n'en faisais qu'à ma tête et ne voulait surtout pas perdre la face en m'emmenant chez le médecin. Au bout d'un an d'horreur, je m'en suis sortie seule, ce qui demeure l'une de mes plus grandes fiertés à ce jour.
Première et terminale, une longue souffrance solitaire, je n'aspirais plus qu'à quitter ma petite ville. A la fac j'ai revécu, un peu trop même puisque j'ai cherché à "rattraper" le temps perdu, d'où des excès monstrueux et de graves mises en danger de moi-même (sexe, alcool, drogues....). Avec une période de boulimie compulsive entre-temps. Et là, engueulades familiales violentes et quotidiennes , car mes résultats étaient catastrophiques (encore une chose que je ne pardonnerai jamais, comment ont-ils pu ne pas me soucier de mes pbs auparavant, du moment que j'étais première de la classe! Aujourd'hui encore, j'ai le sentiment de ne valoir que par ce que je réussis, ce que je suis compte peu...)
Enfin, j'ai maintenant un copain formidable et d'excellents amis, mes vieux démons s'apaisent peu à peu...je sais que j'ai toujours cette immense tristesse au fond de moi, mais j'espère qu'elle me quittera un jour. Je pense entamer une psychothérapie....peut-être. J'ai toujours une immense frayeur sociale, que je compense en étant toujours "too much". Du coup, ça se voit pas, je suis la fille super cool, fêtarde, sociable, culottée...je préfère qu'on pense cela, je ne veux surtout pas paraître faible.
Voilà les madz, c'était long je sais...juste pour dire que s'il y a une chose à ne surtout pas prendre à la légère, c'est le harcèlement. Il laisse des traces profondes, sinon indélébiles.