@Tessy : oui, j'en ai entendu parler. On a eu ce genre de cas dans une branche éloignée de ma famille.
Une Madmoizelle : je pense que tes problèmes de mémoire de poisson rouge sont liés à un réflexe de survie. Nos cerveaux effacent volontairement les données les plus douloureuses. Je détaillerai mes exemples persos plus loin.
A quelqu'un qui demandait si l'indifférence en fait partie : je pense que oui, comme le disait "l'avis de la psy", c'est tout ce qui entrave le développement de l'enfant/ado, et donc l'indifférence en est, par opposition aux fonctions théoriques de tout parent.
Pour ma part, ce n'était pas mon père (c'est horrible de voir toute cette proportion d'hommes, déjà que ce qu'on a vécu ne donne pas forcément foi en la gent masculine...), mais mon beau-père.
Cinq années où le moindre de mes gestes (poser mes mains sur la table, monter un escalier, passer une porte) était critiqué. Quand nous recevions des amis (enfin eux car je n'étais pas vraiment partie prenante du foyer) je devais m'assoir par terre, à ses pieds.
J'étais la seule source de ses attaques, et lorsque ma mère rentrait tard du boulot j'en prenais plein les dents ; il organisait des pseudo-séances de ménage (j'avais 9 ans...) alors que la maison était propre, pour se moquer de moi et me hurler dessus, prétendait reprendre mon éducation (qui s'était très bien déroulée jusqu'à lui, j'avais presque trop d'assurance).Le moindre de mes propos était raillé, il s'amusait à me cacher mon doudou, ou à me lâcher des portes vitrées sur les doigts (j'ai toujours été dans la lune... donc un peu lente).
Ma mère a simplement obtenu qu'il ne me touche JAMAIS, en le menaçant (1m63 vs 1m90
).
On note ici que souvent ces hommes profitent également de leur stature...
Ma mère a commencé par se/le battre, mais cet homme tellement nocif a ce talent pour ôter l'énergie de ceux qui le côtoient (il a pour ainsi dire poussé son ex-femme au cancer des poumons).
Il a fallu que des amis de ma mère lui disent que si elle ne faisait rien ils refuseraient de la voir.
Elle n'avait plus la foi en rien (et déjà élevée par une mère extrêmement dure avec elle, sa confiance en elle n'a jamais été au top). Elle aurait mérité tellement mieux... et même lorsqu'elle l'avait quitté il l'a menacée de demander la garde de ma petite soeur (qu'ils avaient eue ensemble).
Mais il a eu le bon goût de confier à ma soeur de 5 ans que si la police n'existait pas, il m'aurait bien tuée.
En bref, un homme qui de l'extérieur semble charmant (ses amis ne croyaient pas à ce qu'ils me faisaient), mais a eu une enfance dure, et a décidé de tout reporter, bêtement, sur la première enfant étrangère à sa progéniture (pourtant, il traitait déjà ses fils durement), parce qu'elle avait du répondant.
J'ai encore du mal à me détacher de ce sentiment d'être en trop. J'ai longtemps cru que les gens me supportaient par politesse, mais parlaient dans mon dos dès que je m'éloignais. Que j'étais une espèce d'alien, différente du reste de l'espère humaine. Enfin, disons que j'ai pu prendre conscience de ces sentiments à 16 ans, soit 6 ans après que cela ait cessé.
A l'époque mon beau-père m'ayant officiellement taxée de folle on m'avait envoyée voir un psy qui avait déclaré que non, je n'étais pas folle, et que j'allais bien.
Il n'avait pas tort, de l'extérieur.
J'ai tout refoulé pendant plusieurs années, jusqu'à ce que la crise d'ado fasse tout sortir : quatre années d'anorexie-boulimie, des phases de quasi-haine vis à vis de ma mère, des crises de larmes au lycée...
Et un ex particulièrement détestable qui s'est bien joué de moi : retour par la case psy, et s'en sont suivis six mois de travail intensif pour tout évacuer et discuter.
Aujourd'hui j'ai pardonné à ma mère le fait qu'elle soit tombée dans le piège de cet homme, moins le fait qu'elle m'y ait laissée avec elle.
J'ai pris foi en l'espèce masculine.
Je pense avoir de bons amis, des gens sur qui compter, et qui ne doivent pas se permettre de parler dès que leur tourne le dos.
J'ai appris aussi à analyser tout le monde, pour mieux m'en protéger.
Heureusement, cet homme m'avait laissé un point inattaqué ; il n'a jamais réussi à me faire douter de mes capacités à réussir mes études, d'un point de vue intellectuel. Au contraire, c'est aussi une manière de me venger de cet homme au fond profondément bête, mauvais, avare et sexiste que de réussir et de montrer une volonté sans failles dans tout ce que j'entreprends. Mais aussi pour moi : qui ne le mérite pas ?
MERCI à la Madmoizelle qui s'est livrée ainsi, merci pour nous tous qui avons eu le droit à ce genre de maltraitances et harcèlements.
Et non, ça n'est pas réservé aux enfants de la part de leurs parents, ça n'est pas non plus forcément dans le domaine conjugal. Ca peut être ton voisin, ta caissière, le crétin qui monte avec toi dans le bus, ton patron, n'importe qui.
Ca touche simplement davantage l'enfant qui n'a pas eu le temps de se forger une carapace ni d'apprivoiser sa propre personnalité.