Merci pour cet article et tes commentaires, j'ai lu tout ça avec attention et beaucoup de compassion.
Tu viens de traverser une épreuve terrible dans ta vie de femme, en fait vous avez vécu ça, en tant que couple. Tu parles assez peu de ton compagnon dans tes écrits, j'espère que tu peux trouver en lui un soutien et que vous allez rapidement pouvoir mettre cette période derrière vous et vous concentrer sur des choses positives.
Je comprends tout à fait ce que tu dis quand tu parles de la douleur d'avoir perdu cet enfant, aussi abstrait était-il, aussi précoce cette grossesse était, ça n'enlève rien à l'intensité de ce que tu as vécu, et personne ne devrait avoir le droit de minimiser ce que toi, tu as vécu physiquement et psychologiquement. Je te souhaite de tout coeur de réussir à tourner la page et de te remettre, que vous puissiez avancer dans vos projets.
J'ai fait une fausse couche aussi, il y a presque deux mois. Dans un contexte complètement différent, puisque cette fausse couche a débuté quelques heures avant mon RDV avec ma gynéco pour une IVG médicamenteuse, et est arrivée 5 jours après le retrait de mon stérilet (c'est ce qui a provoqué des contractions et donc la fausse couche). On ne voulait pas de ce bébé, c'était un accident (stérilet qui s'est décroché), mais on était relativement en paix avec notre décision (autant qu'on peut l'être quand on sait quelles épreuves nous attendent).
Contrairement à beaucoup de témoignages ici, je n'ai pas "subi" cette fausse couche. J'ai commencé à avoir comme des douleurs de règles et un début de saignement. Quelques heures plus tard, en accord avec ma gynéco, on a décidé de prendre les médicaments pour l'IVG quand même, plutôt qu'attendre quelques jours pour voir ce qu'il se passait, refaire des examens, prise de sang, etc. J'ai donc pris le premier comprimé, qui arrête la grossesse, puis je suis sortie au resto avec mon amoureux et des amis, on a passé une excellente soirée, une parenthèse après une semaine à se torturer l'esprit avec cette grossesse. J'avais encore des douleurs, mais vraiment pas pire que des règles, pas trop de saignements non plus. Et c'est en rentrant à la maison que je l'ai vu. Je ne m'y attendais pas, pas aussi vite, pas après cette soirée, j'ai pas compris de suite pourquoi je regardais, et ce que je regardais. C'était un petit haricot, c'est le seul truc qui m'est venu en tête. Bon, la surprise m'a rendue hystérique (je ne m'étais jamais dit que si je regardais, j'allais voir...), j'ai tiré la chasse dans un état second. Pendant 24h, me dire que j'avais vu ce qui-aurait-pu-être-un-bébé sortir, que j'avais tiré la chasse, ça m'a rendu malade. Et en fait, je me suis demandée comment j'aurais pu faire autrement, et j'ai réalisé que j'étais contente d'avoir vu quelque chose de concret pour me rappeler de cet événement.
J'ai pris la deuxième partie des médicaments (qui doivent provoquer des contractions) 36h plus tard, et je n'ai
rien senti. J'étais enceinte de 5 semaines quand j'ai fait cette fausse couche/IVG, et les douleurs que j'ai ressenties ont été vraiment minimes (rien d'insurmontable avec des anti-douleurs), j'ai perdu du sang les premiers jours, sans que ça soit hémorragique (je mettais des tampons d'habitude, du coup avec les serviettes difficile de se rendre compte de la différence), mais 6 jours après je n'avais plus rien, et c'était comme si de rien n'était.
Je ne veux pas minimiser ton expérience, juste apporter la mienne, qui n'a pas été aussi insupportable physiquement que ce que tu as pu vivre. Et oui, les fausses couches arrivent, le fait de parler de ce que j'avais vécu autour de moi a délié les langues, et on se rend compte que c'est plus commun que ça. On devrait pouvoir en parler sans honte, sans gêne, ça éviterait aux femmes de se sentir seules et isolées dans leur tristesse et leur souffrance.
J'ai eu de la chance de tomber sur un personnel médical compréhensif et attentif dans la mesure du possible, même si je me rappellerai toujours les 2h d'attente, seule, aux urgences gynéco entourée de ventre rond pendant que j'attendais qu'on me confirme ma grossesse et qu'on élimine les risques de grossesse extra-utérine, le refus de l'hôpital de me fournir les clichés de l'échographie, ce qui m'a obligée à en refaire une deux jours plus tard, dans une salle d'écho tapissée de clichés 3D de foetus, les bras explosés par les prises de sang, le fait de devoir expliquer à tout le monde pourquoi on est là, sans aucune intimité, entre deux portes...
Heureusement j'ai été accompagnée tout le long par mes proches et mon compagnon, et c'est grâce à eux que je peux aller de l'avant maintenant.
Prends soin de toi, prenez soin de vous, et je vous souhaite plein de belles choses à l'avenir