Parfois la gêne sociale marche très bien aussi, genre ils comptent clairement sur le fait que la personne n'osera pas dire non. C'est comme ça que je me suis retrouvée à payer six balles pour un bidule en plastique rose en forme de coeur avec des paillettes dedans, limite j'avais envie de dire que je voulais bien donner les sous mais qu'ils gardaient leur babiole
Perso je donne jamais dans ce contexte mais ça ne m'empêche pas d'être généreuse dans d'autres domaines : je fais des dons sur internet, je donne régulièrement un ou deux euros aux sans-abris dans la rue, je participe aux cagnottes en ligne dans le but de soutenir des personnes en difficultés financières, etc. Donc je ne me sens plus coupable maintenant de ne pas répondre aux sollicitations des démarcheurs dans la rue. Avant je me sentais obligée d'écouter quand même ce qu'ils avaient à dire, par politesse, mais j'ai fini par me rendre compte que ce n'était qu'une perte de temps pour eux et pour moi : leur but c'est de m'amener à donner donc ça n'a aucun intérêt d'écouter leur petit laïus en sachant pertinemment que je ne compte pas le faire
Du coup maintenant je ne ralentis pas quand ils essayent de me "choper" et je secoue la tête avec un sourire en leur disant que je suis pressée. Et franchement c'est assez remarquable que je me sente à l'aise de faire ça sachant que j'ai du mal à dire non en règle générale et que je me sens toujours coupable de refuser un service à quelqu'un. Mais pour moi, ce n'est pas parce qu'ils représentent une noble cause qu'on leur doit forcément quelque chose (a fortiori si on donne par d'autres moyens), on a le droit de refuser d'être abordé.e, tant que c'est fait poliment, bien sûr.
Là où je verse un peu dans le "je m'en veux de penser ça" par contre, c'est que je peux pas m'empêcher d'être irritée parfois quand je marche dans la rue ou que je sors d'une gare fréquentée et que je vois qu'il y a plein de démarcheurs : parce que je suis pressée, parce que j'ai pas envie de parler, d'être aimable, de sourire, etc. En plus les associations recrutent des personnes au comportement le plus exubérant possible, justement pour attirer et garder l'attention des passants, donc c'est normal qu'ils se comportent de manière à ce qu'on les remarque, mais quand je les vois s'avancer vers moi avec un grand sourire (ou pire, se mettre dans mon chemin en agitant les bras
là j'ai vraiment du mal à être polie), je dois lutter parfois pour ne pas être désagréable
Et là pour le coup je m'en veux un peu parce que c'est pas un job facile et que ça doit être dur de se faire rembarrer toute la journée.
Une fois j'ai craqué et j'ai envoyé paître la personne, mais c'était parce que les dirigeants de l'association avaient eu l'excellente idée de poster leurs représentants à la sortie des caisses de Franprix un vendredi soir
Oui, ce moment stressant où tu dois jongler avec tes courses et ta carte bleue en essayant de pas mettre trop de temps pour pas bloquer la personne derrière, qui n'aurait pas envie d'être abordé à ce moment-là ?
Je crois que la personne avait même essayé de m'aider à ranger mes courses
Je n'ai plus jamais revu ce type d'approche par la suite (c'était il y a cinq ans), à croire qu'ils se sont rendus compte que c'était un plan de merde