@pépé le moko @Clematis
Je suis bien d'accord avec vous que les auto diags sont parfois une nécessité et une porte ouverte sur la réflexion de notre psychologie. Je suis passée par là quand après une TS et des années de dépression chronique et parfois des phases hypomane (j'étais capable de dépenser beaucoup d'argents alors que je savais que c'était pas bien mais incapable de me contrôler). Étant IDE psy j'ai bien senti que j'étais probablement bipolaire, ce qui c'est confirmé. Donc ça a une utilité. De même que pour mon lupus, avec mes analyses biologiques, mes douleurs et le masque de loup cutané, j'ai aidé les médecins à orienter le diagnostic.
Là où l'auto diag me fait peur, c'est que je vois des jeunes autours de moi qui sont fragiles, qui ont vécu du harcèlement, des choses difficiles, qui cherchent à se reconnaître dans un groupe et qui en sont à s'inventer des symptômes pour y être accepter. Qui se définissent ensuite que par leurs auto diagnostic, en refusant d'entendre le discours des professionnels de santé. Et qui refusent et militent en plus contre les traitements. Bien sûr que ces jeunes là vont pas bien et qu'ils ont besoin d'aide, qu'ils sont sûrement NA au vu de ce qu'ils vivent. Je sais que beaucoup de psychiatres sont pas top non plus et que c'est parfois normal de remettre en question leurs paroles. Mais quand c'est systématique, qu'ils en viennent à dénigrer les traitements psy et qu'ils entraînent des personnes à ne plus les prendre (et qui vont encore plus mal), ben ça m'inquiète. Pour eux car ils vont pas bien, pour les personnes qui arrêtent leurs traitements alors que pour beaucoup c'est parfois des années de relations de confiances et de changement de traitements pour en trouver un qui leurs convient. Et après on les récupère en crise à l'hôpital :/.
Je vois beaucoup aussi dans ces cercles qui dénigrent les électrochocs (appelé sismotherapie ou ECT) alors qu'ils ne savent pas ce que c'est, c'est pas comme dans les films. C'est déjà obligatoire d'avoir un consentement écrit du patient. C'est sous anesthésie générale légère de 10min max, ça provoque une mini crise d'épilepsie. Les patients sont informés des effets secondaires comme la perte de mémoire après la sismo mais ça revient (et c'est une perte légère). Et les bénéfices sont pas contre vraiment bien. Une amie psychiatre bipolaire en a fait. C'est prescrits que dans des cas précis : une mélancolie ou une dépression profonde qui ne cède pas au traitements pendant x années, quelques rares cas de psychoses hallucinatoires graves qui ne cèdent pas au traitement. Et en quelques séances, les patients n'ont plus d'envies suicidaires. Un vrai bénéfice malgré les effets secondaires.
Et j'ai beaucoup de mal avec la désinformation de personnes qui n'ont jamais travaillé dans un hôpital, qui n'ont pas la formation pour non plus. Et qui ne s'appuie pas sur les études scientifiques mais sur un avis perso. Oui l'hôpital psy est traumatique, parce qu'on manque grave de personnel qui ne permet pas une prise en charge optimale, parce qu'il y a des cons aussi partout. Encore que la psy moderne tent à palier le manque de place en multipliant les prises en charge hors structures et c'est pas mal.
Après quand tu fais face à un patient qui se mutile par exemple, oui c'est traumatique de l'enfermer dans une chambre d'isolement (surtout qu'avant ils étaient sous camisoles chimiques pour mieux le vivre mais ça se fait plus) mais en tant que soignant tu fais quoi face à un patient qui se fait du mal ? Tu le laisses faire ? Alors certes si on avait un soignant par patient on pourrait rester à côté sans iso (et encore que quand certains veulent se faire du mal, ils le font quand même, je me suis bien sacrifiée moi-même aux urgences psy).
Le truc c'est que je suis des deux côtés et je comprends les deux argumentaires. Mais du coup vu que j'ai connu les deux côtés, je sais aussi les dangers de certains discours. Et les personnes NA sont plus fragiles que d'autres et Sensibles à des discours, du coup c'est inquiétant pour certains :/.