Je ne supporte pas lorsque mes tendances moqueuses resurgissent et que je me fous de la gueule de quelqu'un "parce que ça m'amuse". Sur le coup je m'éclate bien et j'ai pas l'impression d'être méchante parce que je sais que dans ma tête c'est de l'humour et que je crois faire une distinction claire « humour/jugement premier degré », mais dès que je prends un peu de recul je réalise que c'est assez odieux finalement. Prendre quelqu'un pour cible et l'embêter ou le faire tourner en bourrique, c'est le prendre pour un objet, c'est oublier que c'est une personne et que cette personne a des réactions que je ne peux pas contrôler. En fait quand je fais ça j'instrumentalise vachement les gens, j'ai l'impression de ne pas faire de mal parce que je sais que je ne suis pas sérieuse mais en fait j'oublie totalement que si, il y a des risques que j'en fasse parce que l'autre n'est pas dans ma tête, qu'il ne sait pas comment j'aborde les choses et qu'il ne peut pas accéder à mes intentions.
Punaise je déteste tellement quand j'agis comme ça. Ça me rappelle la moi du collège (à cette époque, je pense que mes tendances moqueuses étaient à leur apothéose parce que c'est grâce à ça que je m'intégrais parmi les « dominants de la classe »), ou alors ça me rappelle la moi qui est arrivée à la fac et qui adorait raconter tout et n'importe quoi avec ses amis, embobiner les gens. C'était pas pour le plaisir de les prendre pour des cons (enfin si finalement c'était un peu ça mais c'est pas du tout comme ça que je le théorisais dans ma tête), mais plutôt pour ma propre jouissance à moi, pour le plaisir de jouer un rôle, de voir jusqu'où je pouvais aller. Depuis quelques années je me suis beaucoup calmée mais parfois ça me reprend un peu, comme hier soir.
Ah je déteste tellement quand je prends du plaisir à agir d'une manière que je réprouve, c'est comme si je me mettais toute seule face à un conflit moral et j'arrive pas à me trouver d'excuses, c'est insupportable comme sentiment parce que je sais que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même
Je vais essayer d'être plus vigilante qu'avant là-dessus, j'ai pas envie d'agir comme une enflure et j'ai pas envie non plus de passer pour une enflure alors que je ne pense pas en être réellement une
Et puis c'est facile de se dire "au fond je ne suis pas méchante", c'est bien beau, mais si j'agis d'une manière qui contredit ça, c'est juste des belles paroles, or au bout d'un moment on n'est pas juste ce qu'on pense, on est aussi ce qu'on fait
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PS : Et du coup, j'imagine que ce conflit intérieur doit se poser parfois aux mecs qui font des caméras cachées un peu poussées. Je me demande comment ils gèrent la limite entre moquerie bon enfant et moquerie blessante, et s'ils se positionnent là-dessus, s'ils y réfléchissent et théorisent sur ce qu'ils s'autorisent ou pas dans leurs farces (et je ne dis pas ça pour me disculper quant à mon exemple, ça je sais qu'un mec en caméra cachée ne l'aurait pas fait).
Pas citer svp, j'éditerai, je sais que ce post pue un peu.