@Cococinulle : ah mais merci ! Je venais justement parler de ce concept de fenêtre d'Overton !
Parce que l'article me laisse honnêtement sur ma faim. Il s'ouvre en posant des questions vraiment pertinentes comme :
"
Comment en 2019, une journaliste qui tient de tels propos peut-elle avoir autant de présence sur des chaînes de télévision ?
Comment cette femme a priori cultivée peut-elle accuser une citoyenne française d’être seule responsable de sa précarité, faisant comme si l’égalité des chances était de mise en France, et l’existence des classes sociales un fantasme ?"
Viktorovitch réponds parfaitement à ces questions : il ne s'agit pas d'un "dérapage", cette femme et son propos s'insèrent dans une stratégie plus vaste de diffusion d'idées extrêmes et radicales. Graziani sait très bien ce qu'elle fait, et les médias qui l'invitent savent aussi ce qu'ils font. Là, typiquement, on est dans un propos qui tient du néo-libéralisme radical qui a été promu ces dernières décennies aux US et en UK, autour de cette idée que si on est pauvre, c'est un peu qu'on l'a cherché aussi, et que ce n'est pas à la société de vous sortir de là, mais que vous devez faire preuve de "responsabilité personnelle", bref, vous n'aviez qu'à faire de meilleurs choix. Je vous assure que si vous allez faire un tour dans la section commentaires d'un débat sur les services sociaux et publics américains, tout tourne autour de cette idée.
"Mais vous avez pensez aux gens qui ont pas les moyens de se payer une visite chez le médecin ?"
"Ils avaient qu'à pas se foutre dans la merde en devenant pauvres, pour commencer ! C'est pas à moi de payer pour leurs mauvais choix de vie !"
Je trouve vraiment frappant (inquiétant?) de voir qu'on essaie d'importer ces idées en France. Et c'est vraiment dommage que l'article n'ai pas du tout exploré cet aspect.
Ensuite, j'entends bien le dégoût d'
@Oceane face à la colère qui se déchaîne sur le réseaux, mais là aussi il y a une réflexion plus large à faire : cette colère, elle ne sort pas de nulle part, elle est attisée par les réseaux sociaux comme Facebook, qui tirent parti depuis plusieurs années de ces "shitstorms" pour attirer toujours plus de monde et gagner ainsi de l'attention (du temps de cerveau disponible) pour nous exposer à toujours plus de publicité. ça a un intérêt pour eux, ça a un intérêt pour certaines puissances politiques aussi : pendant qu'on est en train de se déchirer sur les réseaux sur chaque "petit phrase" inflammatoire, ben... on est pas en train de s'organiser et de réfléchir à une société meilleure. C'est un piège dans lequel je suis moi-même tombée plusieurs fois et je commence à me rendre de plus en plus compte de l'effet délétère que ça peut avoir aussi bien sur moi, que sur ma capacité à lutter pour les causes qui me tiennent à cœur. Donc je rejoins
@Oceane sur le manque d'intérêt total d'alimenter toujours plus ces shitstorms, mais pour d'autres raisons qu'elle.
@skippy01 : Zemmour a carrément une section "Poursuites judiciaires" sur Wikipédia, et il a deux condamnations à son palmarès. La question n'est donc pas "Pourquoi ne sont-ils pas condamnés?" mais plutôt "Pourquoi quelqu'un qui a été condamné par deux fois pour incitation à la haine raciale a-t-il droit à une émission à une heure de grande écoute sur une chaîne de télévision ?"