La PMA pour toutes en 2018, l'annonce qui réveille les passions

16 Novembre 2016
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@Growing Entish Ok je comprends mieux. En fait ce qui te dérange c'est qu'il y ait une sorte de statut spécial de l'avortement pour les personnes atteintes de handicap ?
Alors je sais pas si ça sous-entend que l'enfant est moins humain, moi je le vois plus d'un point de vue pratique que symbolique, dans le sens où pour moi on fait cette exception non pas parce que ces enfants ne valent rien mais parce que c'est beaucoup plus compliqué concrètement de les élèver et que tout le monde n'en a pas la possibilité. Je pense aussi que ça évite de se retrouver avec des enfants handicapés abandonnés à la naissance (ce qui est encore plus moche).
En fait je crois que c'est ça le souci, on voit pas les choses de la même façon. Pour vous ce qui compte c'est le symbole (accepter les handicapés comme les autres, bref ne pas être validiste), pour moi ce qui compte c'est le pratique (être en mesure d'élever correctement les enfants). Et je ne pense pas que les enfants handicapés ne valent rien ou ne sont pas humains, seulement ils sont beaucoup plus difficiles à élever et peuvent être en situation de souffrance, de même que la situation peut être très difficile pour les parents.

Je suis d'accord qu'on s'engage pour la vie quand on fait un enfant sinon. Mais justement, quand on avorte on est bien d'accord qu'on ne parle pas encore d'un enfant, mais bel et bien d'un foetus (sinon on rejoint les arguments anti-avortement). Après j'avoue que le fait d'avorter plus ou moins tard ne me choque pas dans le sens où je considère qu'un foetus, qu'il ait 3 ou 6 mois, qu'il soit valide ou handicapé, n'a de toute façon pas le même statut juridique (et biologique) qu'un enfant pleinement formé. Pour tout dire, en cas d'accouchement difficile par exemple (et dangereux pour la mère) ça me paraît normal de sauver la vie de la mère en priorité, quitte à ce que le bébé meure (qu'il soit valide ou handicapé).
Après une fois que le bébé est né et viable je suis tout à fait d'accord qu'il faut s'occuper de lui, à partir de là on n'a plus trop le choix. Mais les structures d'aides aux handicapés, ok ce serait pas mal mais faut être réalise, ce serait loin de tout résoudre. Et même comme ça on peut ne pas vouloir un enfant handicapé pour plein d'autres raisons, de même qu'on peut ne pas vouloir un enfant valide pour plein de raisons.

Edit : après j'avoue que je n'ai pas trop compris la nuance dans ton autre message. Moi ce qui me choque dans cette histoire c'est que les parents aient choisi un donneur parce qu'il était sourd et qu'ils voulaient un enfant sourd. Encore une fois, je dis pas que c'est impossible de bien vivre la surdité, mais ça reste un handicap (qui va potentiellement le faire souffrir, c'est juste malhonnête de prétendre le contraire) et qui est là parce que les parents l'ont voulu, ce contre l'intérêt de leur enfant. Parce que moi j'ai beau y réfléchir je vois pas du tout comment on pourrait dire qu'il est dans l'intérêt d'un enfant d'être sourd. Et je me demande comment ils pourront un jour se regarder dans un miroir si leur enfant souffre et souhaite guérir de sa surdité.
Par contre j'irais pas non plus pourrir les gens handicapés qui ont un enfant handicapé s'ils n'ont pas pu faire autrement. Mais là... c'est très malsain je trouve. C'est une négation complète de l'intérêt de l'enfant, au profit de l'avis des parents.
 
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@just_in_case : non, ce qui m'importe ce n'est pas le "symbole" : je suis conscient.e que c'est difficile d'élever un.e enfant trisomique, si j'ai un futur enfant trisomique je ne le garderai pas "pour le symbole" mais parce que, justement, je fais un enfant, je ne contrôle pas comment iel sera à la naissance, que j'ai décidé d'avoir un enfant en sachant (on le sait tous.tes, même si on n'y réfléchit pas forcément) qu'iel sera peut-être handicappé.e et que je l'accepte comme iel est, tout simplement. Tout comme je sais qu'il y a des chances qu'iel soit trans, qu'iel soit gay, qu'iel soit autiste, qu'iel ait un accident plus tard dans sa vie (ou à la naissance) qui lea rendra handicappé.e... C'est mon enfant, j'ai décidé de le faire (dans mon cas, avoir un enfant est une envie forte, je n'aurais aucune raison d'avorter à part si le foetus n'était pas viable ou me mettait en danger physique), je l'accepte tel qu'iel est.

Je trouve ça assez dégueulasse que la réponse de la société à "les gens trisomiques existent" soit non pas "mettons des aides à disposition des personnes trisomiques et de leur famille" mais "faisons-les avorter". C'est là qu'on tombe dans l'eugénisme : au lieu d'accompagner ces personnes dans leur vie, on dit "elles n'avaient qu'à pas exister". Je ne sais pas si tu perçois la violence de la chose? C'est un serpent qui se mord la queue : on n'a pas de moyens pour aider les familles ou les personnes trisomiques elles-mêmes -> du coup la solution la plus simple est de les avorter -> du coup pas besoin de mettre plus de moyens pour aider les familles et les personnes trisomiques. Il y a deux "problèmes" qui peuvent se poser à avoir un enfant trisomique : avoir un enfant qui sera coûteux en terme de temps et d'argent (plus qu'avec un enfant neurotypique), ce qui est "facilement" réglable si le gouvernement met des sous là-dedans (ce n'est plus si difficile d'élever un enfant trisomique si tu as un dédomagement mensuel suffisamment élevé pour t'en occuper à la maison, si il existent suffisamment de structures adaptées (et gratuites) pour éduquer ces enfants/les amener à être indépendants ou même si il est possible de faire appel à des aides à domicile gratuires pour soulager les parents), et avoir un enfant qui sera "différent" et n'aura pas le même parcours de vie qu'une personne neurotypique (et là, on tombe à fond dans le validisme, et c'est une déconstruction à faire pour chacun.e).

Pour ce qui est de la question à propos de l'enfant sourd, je te répète ce que j'ai dit plus haut : les parents en question n'ont pas "imposé un handicap" à un enfant qui aurait été valide sinon, elles ont mis au monde un enfant, qui s'avère être sourd, c'est tout. Elles ont, en plus, mis au monde un enfant qui aurait, en commun avec elles, un trait qui leur permettra de mieux s'en occuper : étant sourdes elles-mêmes, elles auront moins de mal à s'occuper d'un enfant sourd et à lui apprendre à faire attention dans la rue, par exemple, que si elles avaient été obligées de s'adapter à une autre façon de faire, qui ne leur est pas naturelle, juste pour l'apprendre à leur enfant. En fait... comme un couple entendant aurait galéré plus avec un enfant sourd qu'avec un enfant entendant. Je ne sais pas si c'est exactement ça qui leur est passé par la tête, et je ne suis pas sourd.e, mais ça me paraît logique comme raisonnement.

Aussi, elles n'ont pas "choisi" de faire un enfant sourd : elles n'ont pas fait, à ma connaissance, d'analyse génétique sur les embryons implantés (si elles sont passées par une FIV d'ailleurs), elles ont juste demandé le sperme d'un adulte sourd : si j'ai bien compris, elles sont toutes les deux sourdes, donc si elles avaient pu faire un enfant entre elles, l'enfant aurait de toutes façons eu autant de chances d'être sourd.
 
16 Novembre 2016
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@Growing Entish En fait pour moi ce n'est pas une question de ne pas accepter un enfant tel qu'iel est (ce qui sous-entend une espèce de haine ou de ressentiment qui n'a pas lieu d'être) mais plutôt de côté pratique. Le fait qu'il soit gay/trans ou autre, ça ne me pose aucun problème, ça n'a rien d'insurmontable ou de problématique tout court en fait. Le fait qu'il soit handicapé... ben si, forcément, il y aura beaucoup d'efforts à faire et des aménagements à prévoir en termes d'argent, de garde... et aussi sur le plan émotionnel. Ca dépend des handicaps, c'est sûr, mais moi je ne veux pas avoir un enfant trisomique en partie parce que ça me rendrait super triste de le voir galérer comme ça et parce que je pense qu'il n'aurait pas une vie très heureuse. Et quelque part... C'est une raison parfaitement valable pour ne pas avoir un enfant, non ? En tout cas je vois plein de personnes childfree ou ayant décidé d'avorter qui ont exactement ce genre de raisonnement, mais personne ne leur reproche (du style : je n'ai pas les moyens d'élever un enfant, je n'aurais pas la patience, il serait malheureux avec moi, le monde est surpeuplé et ce ne sont pas de bonnes conditions de vie...). Pour moi c'est évident que le handicap (lourd) complique grandement la vie de tout le monde, et c'est une raison suffisante pour que je ne veuille pas vivre ça ni le faire vivre à mon enfant. On peut ne pas être d'accord, mais c'est mon avis et c'est mon droit. Le souci, c'est à partir du moment où on essaye d'imposer son avis aux autres, ou de restreindre le droit à l'avortement. Parce qu'après il y a aussi des gens pour décider à ta place que si tu es en couple, hétéro et riche, tu n'as aucune raison d'avorter et que donc tu devrais garder le foetus. Ben là c'est pareil : s'il y a des gens pour qui le handicap ne pose aucun problème tant mieux pour eux, mais ce n'est pas mon cas et on ne devrait pas culpabiliser les gens sur une question aussi complexe (je ne dis pas que tu le fais mais ça me semble problématique).

Alors après je pense qu'on devrait avoir les deux : d'une part la possibilité d'avoir ou non l'enfant trisomique, et d'autre part le fait d'avoir droit à des aides et un meilleur accompagnement si on fait le choix de le garder. L'un n'exclut pas l'autre, là c'est juste l'Etat qui n'a pas la volonté de sortir les sous (comme d'habitude quoi). Mais personne ne dit qu'on devrait obligatoirement avorter des foetus handicapés :hesite: par contre tout le monde a le droit d'être pleinement informé des risques histoire de faire un choix en toute connaissance de cause. J'ai déjà entendu une histoire d'une femme à qui le médecin avait caché que son foetus était trisomique parce qu'il ne voulait pas qu'elle l'avorte ; ben c'est aussi irrespectueux des droits des femmes que de cacher à une femme qu'elle est enceinte (même si ça paraît difficile) ou de lui faire peur avec des risques de stérilité, mort etc pour la forcer à garder un enfant. On a le droit de savoir et de choisir. D'autant plus que la femme dans l'histoire en question a carrément subi la situation du coup, à cause de l'idéologie du médecin qui estimait que son opinion prévalait sur le droit de la femme. Et de ce que j'en ai vu c'était catastrophique parce que du coup l'enfant n'était pas du tout désiré, était clairement un poids, et qu'au niveau des contraintes il avait fallu qu'elle quitte son emploi et qu'elle fasse déménager toute la famille pour être à proximité d'une structure d'aide pour enfants handicapés. Je dis pas que c'est la faute du gosse hein, il a rien demandé. Mais c'est clairement pas tolérable des situations comme ça.

Pour l'enfant sourd : on ne peut pas dire qu'il s'avère être sourd, comme ça, par hasard. Ca résulte d'une volonté. Après je ne sais pas si elles auraient pu l'éviter, mais pour moi choisir de faire appel à un donneur sourd c'est justement pour arriver à ce résultat :hesite:
Tu as mis le doigt sur le problème, je me permets de te citer : "Elles ont, en plus, mis au monde un enfant qui aurait, en commun avec elles, un trait qui leur permettra de mieux s'en occuper : étant sourdes elles-mêmes, elles auront moins de mal à s'occuper d'un enfant sourd..."
--> elles, elles, elles. Tout tourne autour d'elles et de leur confort. Rien n'est dit sur la situation de l'enfant. Franchement, je veux bien qu'il soit plus facile pour elles de s'occuper d'un enfant sourd, mais vaut-il mieux pour lui qu'il soit sourd pour autant ? :dunno:
pour moi c'est clairement pas une raison valable
 
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Réactions : Petite-fleur
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@Petite-fleur Je ne l'aurais pas mieux dit :worthy: c'est peut-être difficile à comprendre mais pour moi c'est plutôt un acte d'amour de ne pas vouloir mener à terme un enfant handicapé... Amour de l'enfant (ne pas vouloir une vie difficile pour lui/elle) et aussi amour de soi (ne pas vouloir se détruire en s'imposant un enfant non désiré qui en souffrira de toute façon, ou subir des problèmes financiers ou autres, surtout si on a déjà d'autres enfants dont s'occuper)
Après c'est ma vision des choses, je ne l'impose à personne
 
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Réactions : Petite-fleur
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Il y a un gros problème dans ce que vous dites : selon vous, l'enfant handicapé sera 1) forcément malheureux et 2) forcément un poids. Et ça, ça me gène. Juste parce qu'iel n'a pas les mêmes jeux, les mêmes expériences, les mêmes façons de grandir qu'un enfant neurotypique/valide ne veut pas dire qu'iel sera malheureux. Et puis on en dit quoi de moi, qui me suis battu.e avec ma maladie mentale (je suis psychotique, apparemment c'est aussi héréditaire d'ailleurs) pendant 5 ans, qui n'aurai jamais une vie complètement "normale" de personne neurotypique... J'aurais du être avorté.e, ou en tous cas on aurait du demander à ma mère si elle n'était pas sûre de ne pas le vouloir, parce que je n'ai pas toujours été heureux.se, loin de là? On peut pas savoir si notre gosse sera heureux.se ou pas, qu'iel ait l'air "normal.e" ou non en tant que foetus ou à la naissance.

C'est la société qui nous dit qu'il faut à tout prix être comme les autres pour être heureux.se, qu'une vie sans indépendance complète est forcément malheureuse. C'est pas forcément l'expérience de toute personne handicappée. Tout comme il y a une bonne partie de personnes neurotypiques, valides et profondément malheureuses.

Et l'idée que l'enfant handicappé est forcément un poids : un enfant, c'est un poids. Tous les enfants le sont. Quand t'as un gosse, tu peux plus te mettre des murges tous les week-ends jusqu'à trois heures du mat et te lever à midi le lendemain pour récupérer, c'est relou. Quand ton gosse de 25 ans se sépare de sa copine et a nulle part où crécher, tu lea récupères chez toi même si t'es ric-rac niveau sous, c'est relou. Quand ton gosse de 32 ans a un accident de voiture et devient tétraplégique, tu t'occupes d'iel même s'il y a 0 chances qu'iel s'en remette. C'est relou, mais tu le fais quand même, parce que c'est ton gosse. Est-ce qu'à ce moment là tu te dis "ah bah merde, j'aurais du avorter, c'est quand même relou les gosses"? Encore une fois, si l'état faisait son taf, il y aurait mille fois moins de problèmes pratiques à avoir un enfant handicappé, et si de façon pratique il n'y a effectivement plus de problèmes, oui, je trouve ça salement validiste d'avorter un gosse rien que parce qu'iel n'aura pas la vie typique d'un.e gosse (neuro)typique. Même si encore une fois, si tous les foetus pouvaient être avortés au même terme, je trouverais ça validiste mais je ne vous en disputerais pas le choix.
 

Lumioptéryx

il + masculin
27 Juin 2014
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Alors... j'avais fait une réponse mais elle ne me convient pas vraiment. Je n'ai pas envie de traiter le message de just_in_case parce qu'il est douloureux à lire et que je ne devrais pas avoir à justifier ça.

Du coup je vais partir sur un autre axe qui ne m'obligera pas à relire des phrases cruelles (et oppressives, parce que oui c'est très oppressif tout ça). Donc mon message ne fait pas suite à un en particulier (d'autant que vous avez répondu entre temps), c'est plus lié au thème général.

Encore une fois je n'aime pas parler pour quelqu'un d'autre donc je vais utiliser mon propre exemple. On peut être tenté.e de se dire que l'autisme c'est pas pareil parce qu'il y a des points positifs. Bon autant le dire carrément, c'est un peu du fantasme ça. Oui on a accès à un statut un peu à part puisqu'on n'est pas vraiment dans le champ du handicap et qu'on parle plutôt de neuroatypie, pas de souci, loin de moi l'idée de comparer mon vécu à celui d'une personne ayant une maladie par exemple. De toute façon on a tous.tes des problématiques spécifiques.

Mais si on parle concrètement de mon quotidien, je suis handicapé.e. Parce les points positifs ne sont pas positifs pour la société et que de toute façon même tous réunis ils ne compensent pas du tout ce que je perds à être autiste dans ce monde. Est-ce que j'aimerais ne plus me flinguer les yeux à la moindre saute de lumière ? Oui. Est-ce que j'aimerais ne plus devoir apprendre des scripts sociaux pour survivre en société ? Certainement.

Alors est-ce que j'aimerais ne plus être autiste ? Non. Pas. Du. Tout. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas une somme de compétences et de déficiences. C'est hyper simple à dire et c'est pourtant LE truc que les typiques et les valides ont le plus de mal à cerner. Si je n'étais pas handicapé.e, si la socialisation ne me prenait pas à la gorge tous les jours, je ne serais pas qui je suis. Je serais quelqu'un d'autre, quelqu'un que je ne connais pas et qui n'aurait rien à voir avec moi. Si vous dîtes que ce serait mieux pour moi que je ne sois pas autiste, vous dîtes que cet.te inconnu.e dont on ne sait rien vaut plus que moi. Vous dîtes que tout ce que je suis devenu et tout ce que j'ai construit est aisément échangeable contre le confort de ne pas avoir de handicap. (Et vous dîtes à ma mère qu'elle aurait dû avoir cet enfant là et que si elle m'avait choisi elle aurait eu tort.)

Je ne suis pas un tableau avec des plus et des moins. C'est pas parce qu'il y a des plus que je veux rester autiste et c'est pas juste parce que je n'ai pas d'autre choix. C'est pas un calcul, c'est ma vie, c'est ma personnalité.

Je sais qu'arrivé.e là, plein de gens auront envie de me répondre "oui mais toi tu le vois comme ça, tant mieux, mais c'est pas vrai pour tout le monde". Oui mais d'une part, j'ai quand même le droit d'avoir ma propre voix. C'est un peu facile de ne retenir que celles qui vont dans le sens qu'on veut voir. D'autre part, il ne faut pas croire que vous savez ce que pensent ce "tout le monde". [Archivé] Il y a des personnes qui ont une mobilité acceptable et qui dépriment très vite comme il y en a qui ont une très grande paralysie et qui sont enthousiastes tout le temps. Les façons de vivre un même handicap sont très hétérogènes et dépendent d'une multitude de facteurs, c'est beaucoup plus subtil que "je ne peux pas faire ça ma vie est nulle".

Et si vous en êtes encore à "oui mais iel peut pas faire telle chose, iel a telle dépendance", vous ne voyez pas la personne mais seulement son handicap (ou l'idée que vous vous en faîtes). [Archivé]
 
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Juste pour info,la cousine de mon père est sourde tout comme l'est son mari et aucun de leurs 3 enfants n'est sourd ni n'a de problème d'audition. Alors,je ne sais pas à quel point c'est commun mais chercher un donneur sourd pour avoir un-e enfant sourd-e n'est pas forcément couronné de succès.
Je suis AVS,j'ai travaillé avec plusieurs enfants et ados avec des handicaps différents et si je peux voir les difficultés qu'ilselles rencontrent,je peux aussi voir qu'ilselles sont heureuxses. L'élève dont je me suis occupée le plus longtemps a connu certes des moments très difficiles mais c'est causé par une multitude de facteurs et pour bien la connaitre,je dirais que son fauteuil est loin d'être son plus gros problème.
D'un côté,ça me dérange un peu l'idée de vouloir faire naitre un-e enfant avec un handicap qu'ilelle devrait assumer mais de l'autre,tou-te-s les enfants et ados avec qui j'ai travaillé sont des personnes formidables. Je suis donc mitigée et comprends les deux raisonnements.
 
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Alors je n'ai pas dit que tous les enfants handicapés seront malheureux. Mais clairement ils ont de fortes chances d'avoir de gros problèmes qu'une personne valide n'aura pas. Je veux juste diminuer ces risques, c'est pas compliqué... Si c'est possible de faire en sorte que son enfant évite tout un tas de problèmes (comme ceux qu'a mentionnés @Petite-fleur) c'est déjà mieux comme départ dans la vie je trouve. Après il y a des problèmes surmontables, et d'autres moins (pour moi la trisomie est un lourd handicap par exemple).
Sinon oui on ne peut pas garantir que son enfant soit heureux, même s'il/elle est valide, mais perso je préfère quand même donner naissance à un enfant qui ne souffrira pas de handicap, qui ne sera pas pauvre et qui sera pleinement désiré. C'est plutôt normal :dunno:
Mais je ne trouve pas que le fait de vivre difficilement un handicap soit uniquement une question sociale. Pour moi quelle que soit la société si on est trisomique par exemple ben faut dire la vérité, on a une vie pas forcément top, on meurt jeune et on garde l'âge mental d'un enfant... Ce n'est pas ce que je veux pour mon enfant. Je veux qu'il puisse grandir, voyager, être indépendant et avoir une vie riche (sur le plan culturel, sentimental, du travail, de l'épanouissement de soi)... Je peux comprendre que mes messages fassent mal, mais pour moi ce n'est que la réalité de la vie (qui n'est pas toujours rose).
Et oui les enfants sont un poids, mais on peut pas comparer le poids d'un enfant valide à celui d'un enfant handicapé. Ca n'a rien à voir, moi il me suffit de me rappeler de l'histoire de la femme qui raconte sa vie avec un enfant lourdement handicapé pour savoir que c'est du pipeau. Et c'est aussi très dur psychologiquement, faut le prendre en compte. Pour l'enfant comme pour les parents.

Par contre encore une fois l'autisme n'a pas grand-chose à voir avec le type d'handicaps dont je parle. Si on est capable de s'exprimer, d'avoir une pensée construite et une vie indépendante, ça n'a juste rien à voir avec un handicap lourd comme la trisomie... Ca n'a pas les mêmes conséquences sur une vie. Je suis désolée @Lumiciole si tu t'es sentie blessée :fleur: mais ta situation n'a rien à voir avec celles dont je parle...
 
22 Mai 2015
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@Petite-fleur : Je suis pas non plus super jouasse de me bouffer des anti-psychotiques tous les jours, d'avoir été hospitalisé.e plusieurs fois, de vivre toujours avec des crises de dissociation pas loin et des crises de panique tous les quatre matins. Je suis quand même content.e d'exister et content.e de ma vie. Si ma mère avait su que je serais psychotique, m'aurait-elle avorté.e pour m'épargner de vivre? Son enfant suivant n'aurait pas été "moi mais sans psychose". C'aurait été quelqu'un d'autre, quelqu'un qui n'a pas été construit en partie par ma maladie comme je l'ai été, quelqu'un qui n'est pas moi. Quand tu dis que c'est un fardeau de vivre avec un.e enfant pas neurotypique/handicappé, tu dis que je suis un fardeau (et toutes les personnes handicappées/neurodivergentes qui passent sur le forum aussi). Tu dis que si tu avais été notre mère, tu aurais préféré qu'on n'existe pas, pas parce que c'était pas le moment dans ta vie, parce que t'avais juste pas envie d'un gosse à ce moment-là (c'est ton droit à l'avortement, je ne t'en priverais certainement pas), mais que parce que nous ne te convenions pas. Est-ce que comme ça tu te rends compte de la violence de ce que tu dis?

(je fais la comparaison avec ma psychose tout en sachant que ce n'est pas vraiment comparable avec la trisomie, ou l'autisme, ce sont des "handicaps" très différents et j'en suis conscient.e, j'espère n'avoir blessé aucune personne concernée - si c'est le cas, j'éditerai)
 
6 Octobre 2012
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C'est ce qu'elles peuvent dire mais encore une fois, on apporte cette justification comme si sur et certain que ça soit suffisant. ça c'est parce que vous êtes convaincu que ça ne pose aucun problème sauf qu'on sait que ça peut être un problème. On dirait que vous avez du mal à le concevoir.

Non mais tout peut être un problème dans la vie. TOUT.

Je suis issue de grossesse gémellaire et je l'ai suffisamment mal vécu pour avoir encore des séquelles à l'âge adulte, est-ce que mes parents auraient du faire avorter certains embryons parce que les risques de dépressions sont plus élevés dans le cadre de fratrie gémellaire ? (nan parce que le "je ressent un vide" et autres questions identitaires type "j'ai l'impression d'être une partie d'un ensemble et pas un vrai individu", c'est monnaie courante aussi et c'est connu).
Mes parents sont séparés depuis que j'ai trois ans et ça m'a causé de la souffrance. Là encore, le divorce/la séparation des parents, même quand iels restent en bon terme, est un facteur de dépression pour l'enfant. Mes parents auraient du rester ensemble pour pas risquer que je le vive mal ?
Sachant qu'à côté de ça, il y a aussi des personnes qui vivent bien ces évènements ou qui s'en moquent royalement, que ça soit la PMA, avoir des jumeaux/jumelles, que les parents soient séparés... Comme déjà dit, si le fait qu'il pourrait y avoir une souffrance potentielle de l'enfant est un facteur pour ne pas en faire, on arrête la procréation et on laisse la race humaine s'éteindre, parce tout dans la vie peut être facteur de souffrance et qu'on ne peut pas prévoir ce qui fera du mal à personne ou pas.

Et je persiste sur le fait que plus on présentera à un enfant sa situation (ici ne pas connaitre une de ses origines biologiques, mais ça peut être des tas de choses) comme anormale, plus il en souffrira. Parce que la souffrance elle est acquise aussi. Le sentiment d'anormalité, il vient en se comparant aux autres ou par leur discours qui stigmatise, il est pas intrinsèque à la personne (perso je suis sûre que si on avait pas passé mon enfance à me matraquer des "c'est laquelle la plus gentille ? C'est laquelle la plus intelligente ?", à me demander "ce que ça fait", à comparer mes notes et résultats, à m'appeler "la soeur Nomdefamille" et à me dire que "c'est pas grave c'est pareil" quand on m'appelait par le nom d'une de mes soeurs, j'aurais eu vachement moins de problèmes psy).
C'est le même problème que quand les anti-adoptions pour tous expliquaient que "on se moquera des enfants des familles homoparentales donc il faut pas que les homosexuels aient d'enfants", le problème est pris à l'envers.
Je reste persuadée que si demain tout le monde décrète qu'on se fout d'où viennent les gènes d'une personnes et que tout ce qui compte c'est d'avoir été élevée dans une famille qui donne de l'amour, les enfants qui naitront d'une PMA avec don de gamète à partir de ce moment se poseront beaucoup moins la question de leur origine biologique.
Si le traumatisme est social, ce type de discours visant à "défendre" ne fera que plus de mal car il permettra de propager l'idée qu'il doit y avoir souffrance et qu'il y a anormalité. C'est un cercle vicieux. Faudrait peut-être voir à le casser.
 
16 Novembre 2016
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Désolée pour le double post mais là y a un truc qui m'interpelle : donc en fait, puisque certaines personnes pourraient se sentir blessées par nos propos sur le handicap, on n'a pas le droit d'exprimer notre opinion ? On devrait dire que ça ne nous pose aucun problème, qu'on devrait accepter (et avec le sourire s'il vous plaît) d'avoir un enfant handicapé ? Désolée mais c'est juste pas vrai et vous le savez :dunno: l'avortement thérapeutique existe et est un droit pour les femmes, ce serait bizarre que ça devienne un sujet tabou sur un forum féministe, non ? Attendez si même entre féministes on se culpabilise sur nos raisons d'avorter on a pas fini de galérer là.
Voilà, désolée si ça blesse des gens mais ça reste un choix libre et un droit. Je pense qu'on devrait faire un article dessus parce que là je trouve que le sujet est chaud chaud chaud et qu'on retrouve presque des remarques anti-avortement et anti-choix dans certains commentaires... Après faut voir ce qui selon vous est le plus important, éviter le validisme ou respecter les droits des femmes, mais j'avoue que je ne comprends pas le souci quand on dit qu'on préfère et qu'on trouve mieux pour tout le monde de pouvoir au moins choisir si on veut un enfant handicapé ou pas... On n'impose rien à personne
 
22 Mai 2015
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je ne dis pas que l'enfant handicapé est un fardeau qu'il faut avorter et ne pas le laisser vivre.
Je dis juste que vouloir intentionnellement en tout état de cause faire vivre tout ca à son enfants et sa famille, parceque oui il peut aussi avoir une sœur et/ou un frère valide et là les choses sont d'autant plus compliqués, me semble juste improbable.

Explique moi la différence, parce que moi je ne la vois pas.

"faire vivre tout ça à son enfant et sa famille" = "imposer ce fardeau à son enfant et sa famille", pour moi, tu dis exactement la même chose. Tu dis qu'avoir un enfant handicappé, c'est donner une vie de merde à un enfant (alors que non, tu lui donnes pas son handicap, tu lui donnes la vie : son handicap fait partie de lui et c'est ton boulot de parent et le boulot de la société qu'iel vive le mieux possible avec), et que sa simple existence est mauvaise pour la famille/ses frères et soeurs valides.
 

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