Comme déjà dit, si le fait qu'il pourrait y avoir une souffrance potentielle de l'enfant est un facteur pour ne pas en faire,
Je pense que l'idée est plutôt de donner à l'enfant le plus d'armes possibles pour affronter la vie. Si on a le choix entre plusieurs options, moi en tout cas, je choisirai sans aucune hésitation l'option qui sera susceptible de donner le moins de difficultés à l'enfant.
Après, voilà, ça reste mon point de vue mais je trouve l'argument "tout est souffrance donc on arrête tout" un peu facile. Il y a des graduations dans ce genre de considérations qui font qu'on va faire des choix.
Parce que dans ce cas, on peut prendre cet argument dans l'autre sens et décider de légaliser toutes les saletés vu qu'il y aura toujours de la souffrance... je trouve qu'il n'y a pas que ces deux positions, et qu'en dehors de ces dernières, il y a d'autres positions également...
Parce que tu pars du principe, encore une fois, qu'il y a une seule façon de s'épanouir et que c'est la façon neurotypique/valide.
C'est celle qui semble donner le plus de possibilités à un être humain pour s'épanouir, oui...
Et pourtant je suis considérée comme handicapée par l'administration française à double titre (dépression + maladie rare congénitale, donc conséquence = santé pourrie et toute la fatigue chronique qu'elle implique sans compter les passages réguliers à l'hôpital (que j'appelle "ma deuxième maison"). Et j'en ai bavé depuis toujours en partie à cause de ça.
Quand je vois ma mère adoptive avec sa main estropillée et les difficultés qu'elle a eue, je suis désolée mais j'ai du mal à voir en quoi elle avait les mêmes chances et les mêmes opportunités qu'une personne sans ce handicap.
Après, qu'une personne handicapée puisse se dépasser à cause de son handicap, oui, sans aucune contestation. Qu'on puisse avoir une vie professionnelle et sentimentale, oui aussi. Mais il faut se battre 10x plus. Et je doute que toutes les personnes handicapées aient eu la même chance dans la vie.
Et si j'avais pu choisir, j'aurais aimé avoir certaines capacités que ma santé ne me permet pas d'avoir... comme par exemple pouvoir travailler à plein temps alors que ma santé pourrie me permet de travailler quelques heures par semaines au max, et que j'ai eu énormément de chance d'avoir trouvé un poste qui m'accepte en l'état.
Donc si on n'a pas le choix par rapport à la naissance de l'enfant, oui on fait avec. Mais si on peut avoir le moyen d'éviter à l'enfant de parcours du combattant, alors je signe de suite. Justement parce que j'ai moi-même connu ça et que je souhaite cet enfer à personne.
Et pour le coup, je pense qu'elles savent mieux que vous et moi ce que vivre avec une surdité implique.
Au point de décider à la place d'un enfant d'avoir un sens en moins....
Tant mieux si on a pu surmonter notre handicap. Mais de mon point de vue, ça ne nous donne pas le droit de "transmettre" cela à notre enfant qui n'aura rien demandé au départ.
Et y a des handicapés épanouis professionnellement, sentimentalement... Y en a même qui ont des enfants alors qu'ils ont des handicaps assez lourds et que la société est naze de chez naze pour les aider dans tout ça.
C'est quand-même le parcours du combattant. Etant moi-même handicapée (même si ça se voit pas visuellement), je peux affirmer que les difficultés à surmonter sont quand-même gigantesques. Aller jusqu'à souhaiter mettre notre enfant dans cette position dès le départ.... ça sera sans moi. C'est justement parce que j'ai été en première ligne pour constater divers handicaps que c'est une raison supplémentaire pour ne pas souhaiter qu'un enfant traverse tout cet enfer.