Qu’il y ait une pression sociale et un jugement, je n’en disconviens absolument pas. Un grand nombre de situations font l’objet d’un jugement et d’une pression sociale.
Mais déjà, penser qu’il faut avoir une sexualité active pour dire que le sexe n’est pas vital c’est faux tout aussi jugeant (la paille, la poutre, tout ça cf message n°283 de
@Nastja ).
@-Loreleï-
Je réagissais particulièrement à ton message qui employait le terme « paria », que je trouve un tout petit peu excessif. Ne pas avoir de vie sexuelle ne m’a jamais empêchée de faire des études, de trouver du travail, d’avoir des amis, des loisirs, de sortir… En revanche j'ai vu des gens ayant perdu leur travail perdre tout statut social, perdre leur domicile, leur famille, et effectivement devenir des paria.
Je réagissais également à des phrases comme :
quand on rencontre une personne de plus de 20 ans qui est encore vierge forcément on a une pensée
Quand je rencontre quelqu’un, quelque soit son âge, jusqu’à preuve du contraire, je ne sais rien de son statut sexuel, et c’est très bien comme ça, et ça doit le rester. Même si cette personne a besoin/envie de parler de sa vie sexuelle, je l’arrête : ça ne me regarde pas, ça ne m’intéresse pas. Et clairement, c’est pas ma pseudo déconstruction qui a fait ça chez moi, c’est mon éducation (catho tradi, il faut bien le dire) qui a au moins le mérite de respecter l’intimité des autres gens.
En aparté, si ça peut te rassurer
@Flopidou : tout le monde ne va pas juger les personnes vierges quelque soit leur âge. Beaucoup de gens n’en ont rien à carrer.
Après non, il ne suffit pas de s’en foutre (j’ai jamais écrit ça, au contraire, j’écris en toutes lettres que parfois la seule stratégie est de dissimuler son statut sexuel, ce qui est très dérangeant en soi = ça veut dire que certains statuts sexuels sont disciminés socialement, mais la virginité n'est pas le seul : l'homosexualité, la polygamie, certains fétichisme...).
@Nyarlathotep
je suis d’accord sur l’idée de pression sociale, mais elle existe pour tout : pour réussir ses études (ah, t’as pas été prises en prépa toi, pourtant avec tes notes je pensais… ), trouver sa voie (du coup tu fais quoi cette année, t’as abandonné LEA et psycho, faudrait te décider), passer son permis (ah bon, tu conduis pas, mais ça doit être super galère, et ça te dérange pas d’être dépendante des autres tout le temps?), trouver du travail (tu pourrais au moins faire un job alimentaire de serveuse là, au lieu de glander toute la journée), avoir une vie sociale dans la norme (mais tu viens à aucune soirée, c’est quoi ton problème ?), respecter les codes vestimentaires (c’est super moulant, on voit ses bourrelets, c’est gênant), respecter les normes de beauté physique (c’est quoi ces sourcils, faut débroussailler!).
Donc ok pour dire qu’il y a une pression sociale, pas ok pour lui trouver une spécificité par rapport aux autres normes sociales.
Très clairement pour moi l’idée de vie sexuelle est une norme sociale, qui génère de la pression sociale, à l'instar de n'importe quelle autre norme. Que des gens se basent sur cette pression pour dire « la seule solution qu’il me reste c’est de m’enfermer dans ma cave et poster des pavés de haine des femmes sous les vivas de mes potos, en attendant qu’un taré passe à l’acte pour l’acclamer ». Des tas de catégories subissent aussi une pression sociale constante (je pense aux personnes childfree, aux personnes en surpoids, aux personnes sans emploi…) : y’a-t-il un de ces autres groupes qui adopte le même raisonnement à base de « c’est de la faute à « tel groupe social », passons notre vie à les haïr et à souhaiter leur disparition » (alors pour devancer d'éventuelles objections : j'ai lu des trucs très hard sur des groupes de childfree, mais 1) c'est tout sauf représentatif de toutes les personnes childfree, 2) la haine des familles n'est pas la base du regroupement des personnes CF entres elles, 3)j'attends quand même qu'une personne childfree lance un camion dans un jardin d'enfant pour pouvoir affirmer qu'on est au même niveau que les incels).
L’utilisation de la notion de « misère sexuelle » (que je ne reconnais pas comme un concept valide), par les incels, c’est du flan total. Si le but c’est juste de baiser, il y a un moyen : la prostitution. Mais la prostitution, tu vois, c’est trop avilissant pour eux, faut dire qu’une femme qui a déjà couché avec d’autres hommes, c’est avilissant de toute façon pour eux. Leur idéal, on l’a déjà dit, c’est la femme jeune et esthétiquement conforme aux canons de beauté occidentaux, vierge mais pas trop farouche, mais pas trop facile non plus. Donc leur problème, ce n'est pas de ne pas avoir de vie sexuelle, c'est de ne pas avoir de vie sexuelle qui corresponde à leur vision fantasmée. Devinez quoi, les autres gens se contentent de la réalité.