Le culte de la minceur VS mes complexes, une histoire de paradoxes

[Jus d'orange au sel]

Je trouve ça fou que, même dans ma famille plutôt progressiste et féministe, mon physique ait été une affaire aussi importante

Alors là je te rejoins totalement, je sors d'une famille à donf sur le bio et le féminisme et les injonctions que j'ai reçues étant gamine ont été plutôt rudes. J'étais "connue" pour ne rien manger et ne rien aimer et ça m'a valu quelques humiliations très sympas que je ne vais pas détailler. Toujours est-il qu'à l'adolescence j'ai plongé dans les TCA et que j'ai barboté des années dedans.
Aujourd'hui j'ai un poids "normal" et honnêtement vous savez ce que j'envie? Je sais pas si j'idéalise stupidement ou pas, mais je me dis que les femmes dans les champs y a 50 ans étaient peut-être moins complexées que nous, et que si elles étaient charpentées c'était parce qu'elles avaient une activité physique intense et régulière. Pour moi c'est un peu ça, un poids de santé : un poids qui nous permette de faire du sport et d'être résistant ! De pas tomber malade au premier froid, de pouvoir porter ses courses, monter ses escaliers, bêcher un jardin et que sais-je encore. C'est même pas une question de poids en fait, plus une question de résistance. Quelqu'un en bonne santé va naturellement résister à l'effort, au froid, ça l'immunise un peu en quelque sorte, et pour moi c'est vraiment ça l'idéal. Et enfin je veux dire, quel mode de vie avons-nous aussi? Comment est-ce qu'on veut être en bonne santé quand nos villes ont plus d'espaces verts, que pour faire du sport il faut payer un abonnement ( nan mais quand on y pense c'est dingue non??) ou faire 2h de voiture pour sortir de la ville, que si on va marcher 1h on se prend toute la pollution dans la tête ? Jtrouve ça bien pratique de faire culpabiliser les nanas sur leur apparence alors que c'est tout un mode de vie qui est en train de devenir fou (la nature ranafout, l'environnement ranafout non plus).
Ah oui et je voulais dire aussi que pour me sortir des TCA j'ai fait une bonne thérapie, jeté la balance, et surtout j'ai arrêté de me regarder parce que mon propre regard était lapidaire. J'ai même balancé les miroirs, j'en veux plus chez moi. Genre ché pas comment dire, j'ai essayé de faire taire la voix qui dit "t'es moche, t'es grosse, redescends plutôt à 45kg", et à la place j'écoute tous les gens qui me disent que je suis belle. Du coup je dis à la voix "tais-toi, les gens me trouvent belle!", et je fais comme si la voix des gens devenait la mienne.
Bon pardon, c'était très long et très embrouillé tout ça ><
Mais merci pour l'article !

 

[Azélaïs]

@Azelais
Pardon, j'ai relu mon message, j'ai fait une faute en modifiant une phrase je n'ai pas changé la personne. Je voulais dire : "trop sainement, c'est pas comme ça que tu vas grossir.".
Je ne fais pas l'amalgame, les autres le font pour moi. Je mange équilibré c'est-à-dire de tout, normalement et sans me priver ou me dire que si je mange super gras un soir je vais devoir me priver le lendemain.
Je suis d'accord avec toi concernant la vision de la nourriture saine, qui est faussée par de une mauvaise communication et des banalités répétées à tout va. Pour moi manger sain revient à manger équilibrer et aussi en fonction de ce que notre corps à besoin (qui peut changer d'une personne à l'autre).

Oui oui, c'est bien comme ça que je l'avais compris, un amalgame fait par l'entourage, qui se permet du coup de donner des conseils non seulement inappropriés mais en plus pas forcément bons pour la santé. Un amalgame d'autant plus nocif que même pour ceux qui ne le font pas, l'expression "manger sain" devient synonyme de pression et de souffrance alors qu'il ne doit concerner que le fait de manger équilibré, pas le fait de se conformer aux injonctions de minceur.

 

[Ramatuelle]

@Azelais
C'est exactement ça. On s'est comprises
Il y a encore un gros travail à faire sur les mentalités qui ne vont pas de pair avec son apparence physique, contrairement à ce que l'on pourrait penser. Cette remarque me vient de ma demi-soeur qui a la même morphologie que moi.

 

[shanounette26]

@BiBee Pas de souci pour le quote

Oui c'est vrai que je m'en préoccupe pas mal ayant été moi même le "mouton noir" de ma famille à cause de mes quelques rondeurs adolescentes et ayant subit une mère et une grande soeur à fond dans le culte de la minceur justement.
Du coup j'ai l'impression (et ça n'est pas qu'une impression en plus ) de faire constamment le grand écart avec ma fille entre "tu es belle, peu importe la taille de tes jeans" et "ohhh tu ne devrais peut être pas te resservir tu sais"

Bref c'est hyper relou de se rendre compte qu'on reproduit un schéma familial, sachant que j'ai moi même lamentablement échoué à atteindre "l'idéal minceur".
En tout cas merci pour tes conseils, j'essaierais d'aller dans ce sens

 

[Suzy Q]

@Azelais
J'ai une grand-mère qui me faisait culpabiliser par rapport à ça mais avec le temps j'ai pris du recul. Les repas chez elle étaient toujours moteurs de stress, ce qui fait que je mangeais encore moins.

Pareil, ma grand mère était la plus culpabilisante, mais je peux pas lui en vouloir, elle pensait bien faire ! Heureusement que mon papa et ma maman lui répétaient de me faire de plus petites quantités si elle voulait que je mange toute mon assiette ^^

 

[Jenny150595]

Cette article est tout simple réaliste et il est facile de se mettre à la place de celle qui l'a écris. J'ai aussi eu des problèmes pour ce qui touche l'alimentation et le poids. De mes 12 à 17 ans, j'étais obnubilée par mon poids et mon apparence. Je me pesais trois fois par jour, donc après chaque repas, pour savoir si j'avais grossi. Je mangeais des quantités de moineaux. J'ai fais plus d'une fois des malaises à cause des régimes draconiens. Si je prenais 1kg, j'arrêtais complètement de manger. Tout ça car pour la société, je faisais un 40 donc j'étais grosse. Mais j'ai eu de la chance contrairement à la demoiselle de l'article, car mon médecin était une femme. Une femme qui n'en pouvait plus de voir des jeunes patientes (comme moi à l'époque) qui manger trois fois rien et mettaient leur vie en danger pour être fine. Et avec l'aide de ma mère, ils ont tentées de me sortir de cette vision, car j'étais proche d'avoir de l'anorexie mentale; (Mon médecin m'avait menacée de m'envoyer dans un hôpital si je me remettais pas à manger correctement, ma mère planquer la balance pour pas que je me pèse et avait enlever les miroirs de ma chambre). Je n'ai eu le déclic qu'à 17 ans, quand l'une de mes soeurs c'est mise à reproduire mon comportement. Elle avait 13 ans et j'ai paniquée sur ce moment. Je me suis dis "Merde, jenny ! Arrête tes conneries ! Elle fait la même chose que toi alors qu'elle a même pas attaquée la puberté. Elle est toute fine et veut maigrir. C'est de ta faute si elle pense comme ça.". Depuis, je mange bien (on dit même que je suis une "bonne vivante") et ne prête plus trop attention à la balance. Je me sens bien tel que je suis... euh... juste, j'ai pris un peu de bidou et ça m'ennuie beaucoup. Mais j'ai une excuse, c'est parce que j'avais une alimentation déplorable et j'en ai une repris saine il y a peu de temps Donc le problème va se résoudre seule. Tout ce que je souhaite, c'est que si un jour j'ai une fille... Qu'elle ne tombe pas dans ce cercle vicieux que j'ai eu durant 6 années de ma vie. On est malheureuse, on se sent mal. Parfois, on pense au pire... Et je ne souhaite pas que ma fille (ou même ma soeur cadette) le vive un jour. Pour conclure... AIMEZ VOUS COMME VOUS ÊTES LES MAMZELLES

 

[caligula]

quand j'était petite, feu ma grand mère m'avait un jour dit: "si tu continu a manger des bonbons, tu va finir comme une citrouille!" je m'en souviens encore! mais c'etait pas vraiment méchant, j'ai toujours été potelée, mais a l'adolescence le corps change, et meme si je ne serai jamais tres mince vu mon ossature, je ne suis pas ronde. Et quand bien meme, le truc c'est de s'accepter. Mon pere aussi comparais, ma soeur bien mince, etait le crayon de papier, et moi le stylo 4couleurs^^ Mais c'est pas pour autant que j'ai changé quoi que ce sois a mes habitudes. Maintenant, et depuis 3ans que je vis seule, je me base sur mes vetements, quand j'ai vraiment mangé comme un gros cochon pendant quelques temps, je m'en rend compte et je fait un peut plus attention, mais c'est tout. Je n'ai pas de balance et ça me vas tres bien!! Si je suis un peut serrée dans mon pantalon, jme dis, tiens je suis un peut serrée. ET C'EST TOUT !

 

[NoirCobalt]

Je me reconnais aussi complètement dans cet article !
Alors que je me sentais bien dans ma peau, on s'est beaucoup moqué de moi quand je suis entrée au collège ("la grosse", "boudin"...), j'ai évidemment commencé à complexer. J'ai fini consulter une diététicienne qui m'a dit que je n'avais certes pas l'IMC idéal, mais que ma masse grasse était tout à fait normale, et que j'avais juste une constitution plus épaisse que la moyenne.
Évidemment je me trouvais toujours trop grosse, et livrée à moi même, j'ai commencé à faire des régimes débiles, me faire vomir, jeûner pendant des jours, et alterner avec des phases de grosse boulimie, qui n'ont eu pour seul résultat que de me donner un surpoids réel et bien installé cette fois ci.

Je suis consciente de ce culte de la minceur omniprésent, il me révolte et j'aimerais qu'on nous lâche les baskets avec ça (surtout les enfants et les ados, ça fait vraiment des ravages). Il existe des tas de morphologies différentes, j'aimerais qu'elles soit représentées, et qu'on ait pas seulement droit à la brindille photoshopée aux fesses galbées.
J'encourage les autres à s'accepter et à s'aimer comme ils sont, à se mettre en valeur sans se dissimuler... mais j'ai l'impression d'être hypocrite parce que je suis incapable d'appliquer cette façon de penser à mon propre corps, je suis incapable de changer ce regard hyper sévère et jugeant que je me porte. J'aimerais oser des choses pour me sentir mieux dans mon corps, poser pour des photos, danser, mais je n'arrive pas du tout à sauter le pas (pour l'instant).

 

[Sophie Riche]

Ce que j'ai envie de vous faire en lisant vos commentaires :

 

[Boisdormant]

Eh ben... Je vais vous paraitre très radicale mais je suis contre toute forme de discours sur le sain. Attention, je ne dis pas que je refuse de faire des trucs "sains" mais que je refuse de les faire parce qu'ils sont sains. D'ailleurs je déteste l'adjectif "sain" et tout l'imaginaire de contrôle et de pureté qu'il y a derrière. Je préfère être crade et impure et l'assumer.
Je mange de façon erratique : j'ai très bon appétit, je mange beaucoup, mais principalement végane. Je suis fan des fruits et des légumes, j'en mange plein parce que j'adore ça (la variété inouïe des légumes leur fraîcheur ) mais pas parce que c'est sain. Je mange aussi pas mal de féculents car j'ai la dalle. Je ne culpabilise jamais sur un aliment que je mange. Ça me blase complètement la culpabilité. Je fume et je me dis que j'arrêterai quand je serai enceinte. Je bois pas mal de bière, de vin. Des fois j'ai des grosses envies de frites. Je ne fais pas de sport, je les déteste presque tous à 80% et des problèmes de santé m'en interdisent beaucoup. Quand j'en fais les gens se moquent de moi. J'aime la piscine par contre, mais j'ai autre chose à foutre ces dernières années et je suis frileuse. Je marche beaucoup par contre, j'aime marcher. J'ai une jambe relativement plus courte que l'autre, donc je boite, et je trouve ça cool. J'ai un ventre massif de future diabétique comme ma mère. J'ai des cicatrices de toutes sortes : accidents, mutilations, et je les aime. Je ne me suis pas pesée depuis 5 ans et j'ai refusé que le médecin me dise mon poids. J'évalue mon poids à la taille du pantalon que je peux mettre, et comme par hasard depuis que je ne me pèse plus ça change à peine. Je suis malade chronique : asthme fort, allergies violentes, dos de travers, problème de peau sur les bras, dent pas soignée que je dois faire enlever depuis 10 ans (héritage des TCA bonjour) mais j'ai trop peur des médecins (phobie des opérations bonjour). Un jour je le ferai. Mais je le ferai parce que je le veux, pas parce que c'est sain. Je conchie le sain et toute forme de norme sur la santé, voilà. Une fois j'ai léché mon aisselle devant une fille qui me disait qu'il y avait plein de bactéries sur la peau et qu'elle trouvait flippant juste pour lui montrer qu'on n'en mourrait pas. Ah ouais, et elle était pas épilée cette aisselle, sinon ce serait pas drôle.

Je ne peux pas m'empêcher de penser que cette obsession pour le sain, et le corps sain en particulier, est aussi une caractéristique de l'imaginaire fasciste ; je préfère ne rien partager avec ces gens-là, même un petit bout d'imaginaire.

 

[Luniiie]

Comme beaucoup, je me retrouve dans cet article. Je n'ai pas fait attention à mon poids pendant des années. J'étais assez ronde étant petite, comme toutes les petites filles, et en grandissant (pas beaucoup, je ne fais qu'un mètre cinquante-sept), j'ai perdu ces rondeurs, et je suis devenue assez fine, dans la limite du raisonnable. Je savais que je ne voulais absolument ps devenir comme ma mère, très ronde, mais d'un autre côté, mon organisme me permettait de manger tout et n'importe quoi sans grossir, alors j'en profitais quand même.

Quand je suis rentrée en classe préparatoire à 17 ans, je n'avais plus de temps pour me faire de bons repas, pour bien manger. J'ai perdu du poids, sans me dire que c'était grave. Je suis sortie de classe préparatoire avec 44kg tout mouillés sur la balance, on voyait mes côtes, sans être rachitique non plus. J'ai alors tenté, difficilement du fait de mon organisme, de prendre du poids. Je suis montée à 47, puis aujourd'hui 52. Mais après avoir passé des années à être mince, j'ai du mal à assumer le petit ventre, le petit bourrelet qui dépasse du jean. Pourtant, c'est trois fois rien, et la plupart du temps, j'arrive à me convaincre que ça n'est pas grave, mais comme dans l'article, même en étant presque dans la norme (sérieux, je fais du 36/38 quoi), ben j'arrive à être influencée aussi.
Et je ne vous raconte pas ma tête quand je rentre chez mes parents et que mon frère me dit aimablement "ben dis donc, t'as un petit ventre", ou encore "non mais avec le repas que fait maman, tu vas encore prendre trois kilos"... C'est assez déroutant de s'entendre jugée par son propre petit frère... Vive les diktats.

 

[FMR738]

Merci Sophie pour cet article que j'aurais pu écrire moi même !!!
Je me retrouve complétement dans tes deux phases : FUCK et comptage de calories (en ce moment c'est la période fuckjesuisentrainderédigermonmémoirej'aibesoindegras

En réalité je ne pense pas avoir trop de complexe, je me mets en maillot de bain deux pièces avec bouées apparentes, même devant les gamins (qui normalement ne sont pas tendres), je mets des jupes courtes et mon homme connais chaque recoin de mes bourlets, je ne lui cache pas. Mais je me pose la question avec les enfants, comment je me comporterai ? Les commentaires des Mad dont la mère les a complexées me fait me poser cette question. Surtout que ma propre mère et mon beau-père n'ont pas été tendres avec moi pendant l'adolescence ("quoi tu manges encore?" "fais gaffe!!" "mange pas ça"...). Cependant, avec ma chère petite soeur, avec qui j'ai tendance à me comporter comme une seconde mère, je n'ai pas l'impression d'avoir été comme ça. En même temps, ayant entendu les gentillesses de la famille a mon égard, elle fait attention à ce qu'elle mange "d'elle même".

J'ai bon espoir de ne pas faire la même chose avec la chair de mon sang

Encore merci, je me sentirai moins seule à l'avenir quand je compterai les plis de mon ventre (moi j'en ai deux!)