@lourobert C'est sûr que ça manque de délicatesse dans la formulation... Pourtant c'est bien pour répondre à une réalité qu'il existe le terme "antisémitisme" qui se distingue du terme "racisme".
Juste pour rebondir là-dessus (cette introduction est flippante, on dirait que je vais t'attaquer ).
Comme @Lis, les phrases qui mettent côte à côte antisémitisme et racisme m'ont toujours intriguée (je me souviens de moi, collégienne totalement dépolitisée, en train de googler "différence entre antisémitisme et racisme" pour essayer de trouver réponse à cette question existentielle que je n'arrivais pas à résoudre ) (d'ailleurs je suis toujours dépolitisée Et j'ai encore un peu de mal à répondre à ma question ).
Je trouve ça violent symboliquement de séparer les deux, comme s'ils ne relevaient pas du même combat. J'ai bien compris qu'antisémitisme serait différent de racisme au sens où, justement, cela désigne la haine à l'encontre des pratiquants d'une religion et non pas à l'encontre d'une "race", ce qui rendrait cette haine encore plus pernicieuse. Mais déjà là, j'ai des réserves. En fait j'ai du mal à comprendre, il me semble connaître des personnes qui "sont juives" alors qu'elles ne sont pas pratiquantes ou religieuses, et pourtant elles ont déjà été confrontées à des discriminations dites antisémites, qu'est-ce qui fait de nous un juif si on ne se reconnaît pas de la religion ? Il y a donc bien une dimension "ethnique" aussi dans tout ça (Ce n'est pas du tout une question rhétorique) ? Et dans ce cas, l'antisémitisme est une forme de racisme dirigée contre ceux que l'on identifie comme des "juifs", par analogie à un racisme dirigé vers ceux que l'on identifie comme "arabes", "chinois", "noirs"... Bref, même si je pense plus ou moins comprendre les subtilités, pour moi au fond distinguer uniquement l'antisémitisme du racisme dans le cadre d'une action politique, c'est comme une manière de jouer avec les mots. Parce que justement s'il faut user de concepts pour désigner des discriminations qui dépassent le "simple" racisme, alors autant lutter également contre l'islamophobie, concept qui, pour le coup, renvoie à la haine d'une religion et non pas à la haine d'une race/d'un peuple...
Après, ce que je dis est à prendre avec des pincettes parce que je suis loin d'être spécialiste sur le sujet et que je n'ai pas d'avis arrêté sur toutes ces questions, j'ai juste toujours été très intriguée face à cette distinction binaire.
Mais ce que je voulais dire, surtout, c'est que je ne suis pas d'accord avec toi @Luchsi . Les mots ne sont pas là parce qu'ils répondent à des réalités arrêtées et absolues (c'est pas forcément ce que tu voulais dire d'ailleurs mais j'ai envie de développer quand même ). Les mots sont performatifs, ils façonnent la réalité, ils la construisent en fonction des époques, des cultures, des mœurs... Donc pour moi, c'est irrecevable d'entendre que, parce qu'un mot existe, alors ce qu'il désigne est forcément valable; cela reviendrait par analogie à dire que parce qu'un mot n'existe pas (ou plutôt, n'est pas couramment employé, vu que ces derniers temps on voit tout un tas de néologismes se développer pour désigner des concepts hyper spécifiques -ne serait-ce que sur Madmoizelle, au sujet du genre par exemple-), alors ce qu'il désigne est moins valable. Je ne veux pas dire que l'antisémitisme n'existe pas, mais qu'on ne peut pas justifier l'intérêt de ce terme par une tautologie, justement en faisant de l'existence-même du terme un indicateur suffisant. C'est trop réducteur pour toutes les réalités qui ne sont pas verbalisées...
Et donc bref, à la base je postais surtout pour dire qu'après avoir vaguement médité sur cette question de la distinction antisémitisme/racisme, j'ai émis une hypothèse. Peut-être que dans le langage commun, les deux termes sont fréquemment accolés, et donc différenciés, pour des raisons historiques. J'ai fait une recherche sur un site qui permet d'accéder à des dictionnaire d'autrefois, et j'ai tapé "antisémitisme". Si j'en crois ce site, le mot existe au moins depuis 1932; alors que le mot racisme, toujours selon ce même site, n'existait pas à l'époque. Ainsi, peut-être que cette tendance à toujours distinguer le particulier et le général dans une lutte qui, sur beaucoup de points, se recoupe (ou alors au contraire, mériterait plus de divisions que ces deux seules divisions), est en partie historique. Étant donné qu'a priori, on a nommé l'antisémitisme avant même de nommer son corolaire plus large -le racisme-, et donc qu'on a conscientisé et reconnu la discrimination anti-juive avant de conscientiser et reconnaitre les autres types de discrimination raciaux/ethniques/religieux; alors maintenir cette distinction qui floute tout un tas d'autres discriminations similaires serait une sorte d'habitude acquise au fil des années. Après, comme je l'ai dit, j'ai simplement essayé de trouver des réponses à mes questions ce matin, ce n'est donc qu'une hypothèse et je serais ravie d'entendre des gens qui ont réellement médité sur cette question langagière .
Pas citer svp
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