En même temps toute généralité n'est pas forcement abusive ou illusoire. Le problème c'est pas d'en faire, c'est plutôt de se contenter du constat sans réfléchir au pourquoi, parce que du coup là ça semble arbitraire, gratuit, et donc discriminant. Mais ça on peut simplement le faire remarquer à son interlocuteur, on n'est pas obligés de tout de suite l'accuser de discrimination et de le censurer. Par exemple si je dis que les femmes s'intéressent plus à la mode que les hommes, certes c'est un peu grossier, mais ça n'est pas faux, après comme il s'agit justement de montrer en quoi cela relève du culturel, c'est évidemment mieux d'étayer en expliquant ce qui a pu conduire à cette réalité là. Et concernant le harcèlement de rue je pense que les mécanismes se situent sur deux niveaux : l'un très général où l'on peut voir que le sexisme et ses conséquences sont partagées globalement par l'humanité entière ; et l'autre plus détaillé où l'on peut constater qu'il varie quantitativement et qualitativement selon différents facteurs. Et la classe sociale ou la religion peut en faire partie, je ne vais pas relancer le débat, on en avait déjà parlé avec Eclise, je pense qu'il y a effectivement une forte concentration de sexisme dans les couches populaires, et les couches populaires sont en plus grande proportion que dans les autres classes arabes et/ou musulmanes, mais bien sûr ce n'est pas un problème d'ordre biologique, il y a des facteurs sociologiques notamment qui peuvent l' "expliquer". Et des facteurs différents expliqueront que le sexisme soit aussi pregnant d'une autre manière dans les hautes sphères du pouvoir et de l'argent. Je comprends que ça puisse paraître suspect quand on ne cantonne le sexisme qu'à une part de la population, mais cela n'est pas forcement le résultat d'un racisme sous-jacent. Cela peut s'expliquer par l'expérience qu'a eue la personne, le fait que le harcèlement, particulièrement dans la rue, est souvent le fait d'une certaine partie de la population. Donc il est bon de rappeler que ceux-ci n'ont pas l'apanage du sexisme, et que cela concerne aussi des gens blancs, très éduqués, etc, de rétablir cette objectivité-là, mais il est inutile de se contenter de crier au racisme, et il est faux de nier radicalement que certains facteurs culturels et sociaux précis ont des influences sur les comportements.
En somme, le premier post qui a scandalisé était plus indigent que haineux, mais il est clair que comme la bêtise peut engendrer la violence il est parfois bon de réagir. Seulement cette réaction pourrait être davantage de l'ordre de questions rétorquées à son interlocuteur pour l'obliger à réfléchir, le reste me semble largement dispensable. D'autant qu'en terme d'efficacité, il est clair qu'il est impossible d'ôter des pensées de l'esprit de quiconque, même en invoquant la morale et des idéaux humanistes, parce que l'autonomie de l'esprit est inébranlable. Cela ne peut qu'enfermer encore plus la personne dans ses opinions, et dans les rares cas où cela fonctionne cela ne sera que par peur du regard des autres ; de toute façon aucune réflexion n'a lieue, que des réactions épidermiques, ce qui à mon sens n'est pas bon. C'est le seul outil à notre disposition pour nous élever, faisons-en sorte que les autres, même nos "adversaires", l'emploient le plus possible.
Et j'avais déjà posté ces deux articles sur le forum il y a longtemps, mais il me semble bon de les partager à nouveau.
http://www.liberation.fr/debats/2014/07/16/le-racisme-est-une-opinion-et-un-delit_1064868
https://francoisdesmet.blog/2014/01/15/non-le-racisme-nest-pas-un-delit/
Non, le racisme n'est pas illégal, c'est l'appel à la haine qui l'est.
Alors certes, la différence est parfois ténue. Mais une opinion quelconque, même la plus abominable, n'est pas un délit... Et je ne comprends pas que des posts ici soient supprimés, c'est peut-être un choix éditorial, mais en tout cas cela ne tombe généralement pas sous le coup de la loi, et encore une fois il n'y a pas plus contreproductif que de censurer des opinions problématiques quand on veut les combattre. Et si ça peut être fatiguant, voire blessant à lire, surtout pour les concernés, il y a des endroits privés faits pour ne pas y avoir affaire. Mais dans un lieu relativement publique, qui se veut riche d'information et de réflexion, ça me semble personnellement essentiel de ne pas se couper de cette réalité-là.
PS : Et pour les personnes qui estiment que ce que je prône c'est faire de la "pédagogie" (diantre, que je hais ce terme), et qu'elles n'ont pas envie de s'y contraindre, en l'occurence on est sur un forum, c'est encore plus facile de ne pas réagir et passer à autre chose que dans un face-à-face avec quelqu'un. C'est le lieu le plus adéquat pour se tempérer, être dans un mouvement réflexif, laissons-lui cet intérêt-là, que l'on n'a pas souvent l'occasion d'avoir. Etre très en colère, très instinctif, et très émotionnel sur internet c'est trop facile, je vois une complaisance (ou un sursaut d'ego) à s'y laisser-aller.