J'interviens parce que là y a des raisonnements qui me font tiquer. Par exemple :
[La vérité c'est que ça dépend de comment t'es éduqué en individuel. Comment ton entourage, ton étayage culturel et social t'as appris à traiter ton prochain.
Donc... Comment la société a eu une influence sur ton éducation ? Ca existe pas l'éducation "individuelle", puisque c'est justement influencé par tout un tas de facteurs extérieurs ; on est en grande partie le produit de la société dans laquelle on vit. En fait tes deux phrases sont contradictoires
Arrêtez de chercher quel pays harcèle le plus ou le moins, ça ne sert à rien et c'est jugeant pour ledit pays et les gens qui en sont originaires.
Ben... Si, ça sert, puisque justement ça permet de se demander pourquoi il y a telle ou telle situation dans un pays, et donc de mieux comprendre et étudier les mécanismes de la société. Le but c'est pas de stigmatiser mais de 1) reconnaître le problème, 2) l'étudier, 3) lutter contre. Par exemple si on remarque qu'il y a moins de harcèlement dans les pays nordiques, on peut légitimement se demander pourquoi et chercher ce qui a produit cet effet (spoiler : l'éducation, la sensibilisation à l'égalité hommes-femmes, la place des femmes dans la société, la façon d'aborder la sexualité, la religion...)
Alors bien sûr je répète, le but n'est pas d'en arriver à des dérives racistes qui n'ont pas lieu d'être. Mais c'est pas en ignorant un problème qu'on va faire quoi que ce soit pour arranger les choses et avancer dans la réflexion.
Et honnêtement le fait que ce soit jugeant... Bah on s'en fout. On pourrait dire aussi que c'est jugeant de dire que les hommes cis sont responsables de 90% des viols, mais c'est une réalité qu'on ne peut pas nier, pas un jugement. On ne pas se mettre la tête dans le sable sous prétexte de respecter les sensibilités de chacun (= refuser de réfléchir à un problème global). Sinon les hommes pourraient légitimement venir nous balancer que c'est sexiste de parler de ça et qu'on est des grosses misandres, mais en fait refuser d'entendre des faits et des arguments et balancer des gros mots (genre "raciste", "sexiste", etc) c'est juste une technique paresseuse que certains emploient pour éviter de réfléchir, et cette paresse intellectuelle me soûle légèrement. Je pense que tout le monde a le droit d'exprimer son opinion à partir du moment où ça reste respectueux et où on n'insulte personne (j'ai pas forcément lu en détail les posts incriminés donc je ne sais pas si c'est le cas).
Perso ça me fait penser par exemple au film "Les Femmes du bus 678" : bien sûr qu'il y a du harcèlement de rue en France, mais on ne peut pas dire que c'est pareil que la situation en Egypte. De là ce qui est intéressant c'est de se demander pourquoi, pas de juger ou de partir dans des délires racistes. Bien sûr qu'on peut et qu'on doit s'interroger sur la place de la religion dans la société, que ce soit l'islam ou le christianisme. Et bien sûr aussi qu'il y a d'autres facteurs, mais il ne faut pas oublier que celui-ci n'est pas négligeable. Mince, c'est quand même évident que les religions, quelles qu'elles soient, n'ont jamais été les alliées des femmes historiquement parlant. De là ça me paraît quand même logique que sur un forum féministe des personnes aient la plus grande méfiance envers les religions et plus particulièrement envers les pays très religieux (sans parler de ceux qui ont un gouvernement religieux au pouvoir).
EDIT : Après pour en revenir à l'article on peut être d'accord ou pas avec les conclusions qui semblent en être tirées (il y aurait moins de harcèlement en Espagne ? Ou ce n'est qu'un témoignage parmi d'autres ?) mais au moins il permet de poser des questions intéressantes : la culture, ça joue, et le harcèlement peut varier d'un pays à l'autre. Curieux qu'il paraisse acceptable de présenter la France comme un "mauvais" pays dans ce domaine, mais que des personnes se fassent immédiatement taxer de racisme si elles osent évoquer d'autres pays et certains facteurs comme la religion...Quelle qu'elle soit d'ailleurs, personne n'a dit que c'était UNE religion le problème (il n'y a qu'à voir la situation des femmes en Hongrie en ce moment, pays ultra catho). Ni que c'était le seul facteur.
Je ne dis pas que je suis tout à fait d'accord avec ces propos, mais je trouve qu'ils ont été évacués manu militari alors que c'était le sujet même de l'article en fait, alors faudrait savoir ce qu'on veut ! Genre on fait le postulat (discutable, on peut en débattre) qu'il y a des différences de culture entre la France et l'Espagne, on peut en parler OKLM, mais attention faut surtout pas parler d'autres pays parce que là on a pas le droit
(au nom de quoi ce serait plus problématique ? Qui a décidé ça ?)
J'en ai un peu assez de cette langue de bois et de cette hypocrisie, ça mène à rien. Faudrait franchement arrêter de voir les gens en noir et blanc (genre d'un côté les méchants et de l'autre les super Madz "déconstruites") et peut-être accepter les questionnements pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire : des questionnements. Je comprends que le sujet soit sensible mais franchement il faut arrêter de diaboliser les gens et de se tirer dans les pattes au moindre prétexte... C'est ça qui fait le plus de mal au féminisme : présumer des mauvaises intentions des gens, les traiter de "trolls" et refuser le dialogue. Tout ça dans la méfiance générale. Soi-disant qu'il y aurait des trolls infiltrés pour diviser les féministes de l'intérieur maintenant
vous la sentez l'ambiance
1984 ?
Honnêtement on n'a pas besoin de trolls pour se déchirer les un.es les autres, on le fait déjà très bien. Et de toute façon c'est
normal que tout le monde ne soit pas d'accord au sein d'un courant, c'est pas la pensée unique, il y a et il y aura toujours des sujets qui soulèvent des questions. C'est plutôt un signe de santé et de vitalité, parce qu'une idéologie figée avec une armée de clones qui pensent tous/toutes pareil c'est pas ma vision du féminisme mais plutôt d'un cauchemar. Encore une fois, le tout c'est de se poser des questions dans un but constructif, de façon constructive, et en restant respectueux (bien sûr que les insultes c'est niet, il y a quand même des limites).
Bref... Est-ce qu'on peut au moins se mettre d'accord sur le fait qu'ici la grande majorité des gens, si ce n'est tout le monde, souhaiterait vivre dans un monde moins sexiste / moins raciste / moins homophobe etc ? Si oui, ben... Pas la peine d'être aussi dur.es les un.es envers les autres. Même si les chemins sont parfois différents, on poursuit le même but à terme, il ne faut pas l'oublier.