Énormément de choses ont déjà été dites, que ce soit au niveau des témoignages, du continuum du sexisme dans la société et sur l'importance de réagir au harcèlement pour montrer que ce n'est pas normal.
Mais à mon sens, il manque un élément d'analyse pour comprendre ces comportements: la drague n'est qu'un vague prétexte pour les mecs qui harcèlent dans la rue. Le véritable enjeu, c'est le contrôle de l'espace public par les hommes: inconsciemment, ils estiment être les maîtres de l'espace public (la rue, la ville en général) et le harcèlement est une manière de faire comprendre aux femmes que l'extérieur n'est pas pour elles, qu'elles doivent se soumettre au contrôle masculin si elles osent s'aventurer sur leur domaine.
Et le contenu de leurs interventions est assez clair là-dessus: il s'agit toujours de rabaisser les femmes à leur physique voire à des objets sexuels, de leur faire ressentir leur fragilité et le risque qu'elles encourent à oser sortir. Et c'est pour cela qu'il ne s'agit aucunement de "gentils compliments". Le caractère répétitif et systématique de ces interventions et leur objectif d'intimidation correspondent complètement à la définition du harcèlement.
Le pire, c'est que toute la société nous renvoie cette même image: sous couvert de protection, on nous répète d'éviter les jupes, de ne pas rentrer seule, de ne pas parler aux inconnus... Inciter à la peur, c'est propager cette idée qu'on doit rester chez nous, qu'on y est plus en sécurité et finalement, c'est le même sexisme que de nous mater le cul. Dans ce contexte, sortir de chez soi et affronter tout ça, c'est déjà politique, c'est déjà une lutte en soi.