Je suis choquée de ce que je lis ici, et je ne parle pas de toutes les situations affreuses de harcèlement évoquées ici (nah, ça, je connais moi-même, alors ça m'étonne même pas malheureusement) mais bien des réactions (ou de l'absence de celles-ci) des parents et des professeurs.
J'ai plus ou moins été harcelée de la primaire à la fin du collège (avec une intensité variable, j'avoue ne plus trop me souvenir... mémoire sélective ?), parce que j'étais timide voire renfermée, que j'avais des bonnes notes, toussa toussa... Je me souviens particulièrement de ce jeu, là, "contaminé", où la classe désignait une personne contaminée (bien sûr c'était toujours moi hein) qui ne devait être touchée sous peine d'être contaminé à son tour. Bref. Et dans tout ça, je me rappelle de ma mère qui a réagi du mieux qu'elle pouvait - c'était pas parfait, ça a pas définitivement réglé le problème, mais au moins elle a pris le problème au sérieux et elle a réagi, tout simplement parce que ça lui paraissait inconcevable qu'on puisse faire du mal, que ce soit moralement ou physiquement, à son "petit soleil". Et c'est là où la lecture de tous ces posts m'a "choquée" : je dis pas que les parents de toutes ces madz ne les aimaient pas, mais en tant que parent ça me semble ouf de ne pas se préoccuper de ce genre de problème. Genre personnellement je sais que si un jour j'ai un enfant, et que ce dernier se fait harceler, il va clairement falloir me retenir parce que sinon j'leur casserais la gueule moi-même aux merdeux qui embêtent mon gamin.
Ceci étant dit, voilà comment ma mère a "géré" le problème : déjà, elle n'a pas cessé de me répéter que, si on me dépréciait à l'école, c'est parce que j'étais différente, plus mature, plus intelligente, et qu'il fallait pas écouter leurs insultes ou quoi, parce qu'au final c'était juste une question de jalousie et d'incompréhension de leur part. D'ailleurs en soi, c'est souvent ça le harcèlement : la personne harcelée ne se conforme pas aux codes normatifs (Dieu sait à quel point la norme est sacrée aux yeux de l'enfant, et surtout de l'adolescent) du groupe, donc on la "punit" pour ça. Et au début du collège elle m'a emmené chez le psy, parce qu'elle a bien vu que je vivais pas très bien la chose malgré tout (bon y'avait aussi d'autres trucs qui jouaient).
Et, une fois (j'étais au CM2, et je me faisais particulièrement emmerder par un garçon en particulier), ma mère est tout simplement allée voir mon professeur (qui était aussi le directeur de l'école, ce qui est plutôt arrangeant il faut le dire) pour lui parler de ce problème et, de ce que j'ai compris (parce que je n'ai assisté à rien de tout ça, moi), lui a convoqué l'élève en présence de ma mère et l'a salement engueulé (mais genre vraiment salement, ma mère m'a rapporté qu'il avait failli pleurer et tout), en plus d'en parler ensuite aux parents du concerné. Bah après ça j'ai été tranquille.
Tout ça pour dire... chaque situation de harcèlement est différente, d'où la difficulté d'agir en conséquence, mais je pense vraiment qu'une action coordonnée mettant en scène l'équipe enseignante, les enfants concernés et leurs parents est la meilleure manière de faire les choses. Et quand c'est une classe toute entière qui se ligue contre une personne, bah pareil. On convoque tous les parents, ou alors on les appelle tous (bah oui, ça fait du boulot, mais l'équipe enseignante est aussi là pour ça) ; aussi on surveille, on sanctionne si besoin (en expliquant que le harcèlement n'est tout simplement pas un comportement acceptable, dans l'école/collège/lycée et en dehors), et surtout on lâche rien. A force d'en prendre plein la tronche, si les harceleurs comprennent pas que ce qu'ils font est mal, au moins ils devraient finir par se lasser des punitions à la pelle. Je sais que les madz ont soulevé le problème des représailles, mais ça me paraît toujours plus efficace d'en parler aux parents (et à la classe, mais on sait qu'il arrive aux élèves de ne pas être réceptifs... j'ai vu une mad suggérer un genre de jeu de rôle pour faire vivre une situation de harcèlement aux harceleurs, c'est une super bonne idée je trouve) et de sanctionner, que de ne rien faire et de donner l'impression aux harceleurs que ce qu'ils font n'est pas répréhensible, et que de toute façon, "le harcèlement, c'est pas grave, c'est la vie" ...
(Désolée pour ce pavé aux idées brouillonnes, j'ai eu du mal à organiser ma pensée.)